Des résidents de localités du Liban-Sud continuent de rentrer chez eux au compte-goutte, tandis que l'armée israélienne déclare avoir mené une frappe aérienne contre « des lanceurs de missiles chargés et prêts à tirer sur Israël », alors que le cessez-le-feu au Liban entrait samedi dans son 17ᵉ jour.
Des habitants du village de Chebaa (caza de Hasbaya) ont pu célébrer leur retour après un exil forcé par la guerre entre le Hezbollah et Israël. Quelques dizaines d'habitants de cette localité frontalière du plateau du Golan occupé par Israël se sont ainsi rassemblés devant la municipalité, où a été dressé un portrait du commandant en chef de l'armée libanaise, le général Joseph Aoun.
Chebaa faisait encore partie de la liste comprenant près d'une centaine de villages publiée mercredi par le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, et concernée par une zone d'exclusion imposée par l'État hébreu tout au long de la zone frontalière au Liban-Sud. « Jusqu'à nouvel ordre, il vous est interdit de vous déplacer vers le sud à ce stade et donc de rentrer chez vous depuis cette ligne », partant de Chebaa à l'est à Mansouri à l'ouest près du littoral, en passant notamment par Marjeyoun, Arnoun, Yohmor, Qantara, Chaqra, Baraachit et Yater.
Jeudi, l'armée israélienne a annoncé toutefois son retrait du village de Khiam (Marjeyoun), pourtant situé au sud de cette ligne rouge. De son côté, l'armée libanaise, en coopération avec la Finul, la Force intérimaire des Nations unies au Liban, officialisait son retour sur les lieux : « Les unités de l'armée se déploient à l'intérieur de la ville en coordination avec le comité de surveillance de la mise en place de l'accord de cessez-le-feu », a indiqué l'armée dans un communiqué.
La troupe a également publié des images des travaux entamés par les pelleteuses et les engins de construction visant à « ouvrir la route principale entre Khiam et Marjeyoun [...] en débarrassant les décombres et les munitions non explosées des restes de l'agression israélienne ». Par ailleurs, elle a annoncé , dans un autre communiqué, qu'une unité de l'armée fera détoner samedi entre 12h et 16h (locales) des munitions non explosées dans le jurd de Ras Baalbeck, dans le nord de la Békaa.
« Lanceurs prêts à tirer sur Israël »
Toutefois, des incidents continuent d'être recensés régulièrement chaque jour depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 novembre dernier. Les frappes aériennes et les tirs des troupes israéliennes restées au Liban-Sud ont déjà causé la mort de 31 personnes depuis cette date, selon notre décompte. Ces victimes viennent s'ajouter aux 4.047 tués et 16.638 blessés au Liban après 14 mois de guerre entre Israël et le Hezbollah.
Ce samedi matin, une personne a ainsi été tuée dans une frappe de drone israélienne ayant visé une voiture sur la route de Khardali entre Nabatiyé et Marjeyoun, selon notre correspondant dans la région, Mountasser Abdallah. La personne tuée a été identifiée comme étant Mohsen Ali Sharaf al-Din du village de Kfar Tebnit (caza de Tyr), selon des résidents. Le ministère de la Santé a confirmé le décès plus tard dans l'après-midi.
Quelques heures plus tôt, l'armée israélienne a affirmé via son porte-parole avoir mené une frappe aérienne contre «des plates-formes de missiles chargées et prêtes à être lancées et dirigées vers le territoire israélien, ce qui constitue une violation de l'accord de cessez-le-feu entre le Liban et Israël».
Un autre raid aérien israélien avait été signalé la veille sur Khiam juste après l'entrée des troupes libanaises dans de nouveaux quartiers de cette localité presque totalement détruite par les frappes aériennes et les explosions incessantes de maisons entreprises par les soldats israéliens ces dernières semaines.
Toujours au Liban-Sud, le contact a été perdu avec le berger Abdo Abd al-Aal dans la région d'Al-Majidieh (district de Hasbaya) alors qu'il faisait paître son troupeau, selon notre correspondant. Il est possible que des soldats israéliens l'aient enlevé, ajoute-t-il.
L'artillerie israélienne a également bombardé les environs de Majdal Zoun (caza de Tyr), parallèlement au début des cérémonies funéraires dans le village pour des personnes tuées lors de précédentes attaques israéliennes, toujours selon Mountasser Abdallah. Dix obus ont été décomptés.
Par ailleurs, des bruits de détonations, de balayages et des tirs de mitrailleuses légères et moyennes ont été entendus dans les localités encore occupées par l'armée israélienne, notamment à Meis el-Jabal où ces bruits résonnent dans les villages voisins, selon notre correspondant. Des survols de l'aviation israélienne à basse altitude ont été constatés dans plusieurs régions du Liban-Sud et de la Békaa, tandis que le bourdonnement des drones est également audible au-dessus de Beyrouth.
Dans la Békaa, des miliciens palestiniens du « Commandement général » ont évacué le site militaire situé à la frontière libano-syrienne, dans les environs de la localité de Halwa (Rachaya), d'après les informations de notre correspondante Sarah Abdallah.
Vendredi, le ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, a réitéré ses condamnations des violations du cessez-le-feu par Israël, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). « La poursuite des violations par l'ennemi israélien et ses agressions des villages du Sud sont une violation criante de la souveraineté libanaise et de la résolution 1701 », a-t-il déclaré en marge de sa rencontre avec le commandant en chef de l'armée.
L'armée israélienne dispose d'un délai de 60 jours, soit jusqu'au 27 janvier prochain, pour se retirer entièrement du Liban-Sud, en vertu de l'accord de cessez-le-feu supervisé par le comité de surveillance, censé se réunir pour la deuxième fois en milieu de semaine prochaine.