«Et un cessez-le-feu de plus, un ! » Depuis les temps immémoriaux que cette république de peu entasse les accords de cessez-le-feu, et au rythme où ils sont conclus, l’ensemble devrait être édité et relié en peau de fesse plein cuir. Pour sûr, ce tas de papier destiné à ce pays de tas ferait s’écrouler les étagères de la Bibliothèque nationale.
Mais on ne se refait pas. À peine la bombinothérapie calmée, le collectif des barbus résiduels a agité comme prévu le vé de la victoire, caressant sans doute l’espoir de continuer à faire son marché aux missiles.
Et puis coucou : voici revenus nos croûtons politiques, toujours prompts à jouer les utilités, alors qu’ils n’ont été ni consultés au début de la bérézina ni même calculés avant sa fin. Mais déjà la truffe aux vents et les nasaux palpitants, ils s’excitent à vouloir tout reconstruire… avec l’argent des autres, bien entendu. Aussi, à la faveur de cet accord bancal arraché à la force des rotules branlantes de l’aïeul Biden, ils ont vite fait de ressusciter la langue de bois mousseline, qui fait les délices des Libanais d’en bas.
La langue de bois, nous dit le dico, est une figure de rhétorique consistant à détourner la réalité par le verbiage. Une façon de dire les choses dans le but de lisser les concepts ou de rallonger une phrase avec des saillies déjà connues qui n’apportent rien, et où l’information attendue est absente. En bref, et sans langue de bois justement, c’est bavasser quand on n’a rien à dire et occuper pour le plaisir un espace de logorrhée.
Premier cliché : « On a gagné, parce que l’ennemi n’a pas réalisé tous ses objectifs stratégiques. » Certes, même si toute la chaîne de commandement du Parti des mille et une barbes a été décimée, il lui reste encore Papi Naïm qui surnage et affûte déjà son index entre deux quintes de toux. Lui constitue incontestablement l’objectif stratégique ultime et on ne le sortira du placard où il est terré, tel l’amant caché, que le moment stratégique venu.
Deuxième stéréotype : « Le gouvernement demande aux habitants du Sud de ne pas rentrer chez eux avant le retrait complet de l’ennemi. » Sacré Mikou, ce n’est que maintenant qu’il reprend du poil de la bête alors que jusque-là il regardait passer les drones au-dessus de son balcon. Sauf qu’il ne précise pas que la décision de retrait reste aux mains de Bibi Exterminator, pour l’instant repus et en train de cuver les kilolitres de raisin versé.
Troisième poncif : « Le Liban a le droit de se défendre s’il est attaqué. » Le problème, c’est que par deux fois, en 2006 puis en 2023, les barbus se sont « défendus » avant d’être attaqués, ont pris une torgnole dans les grandes largeurs et ont fini bêlant au cessez-le-feu tout en s’essuyant les pieds sur le « front de soutien » à Gaza.
Fin de la promenade de santé, les caisses sont vides, la destruction d’Israël est reportée… Feu le Sayyed Barbu avait promis à ses ouailles de prier à Jérusalem, ses orphelins devront pour l’heure se contenter de la rive nord du Litani…
gabynasr@lorientlejour.com
Merciiiiiii!,
18 h 45, le 03 décembre 2024