
Un incendie dans un immeuble de Hamra, en plein Beyrouth, après une frappe israélienne, le 26 novembre 2024. Photo Mohammad Yassine / L'Orient-Le Jour
Les attaques israéliennes contre le territoire libanais se sont multipliées au cours de la journée de mardi et se poursuivaient en soirée, notamment dans le cœur de la capitale Beyrouth, alors que le Premier ministre israélien a annoncé vers 20h que le cabinet de sécurité allait adopter un cessez-le-feu au Liban « ce soir ». La date et l'heure de l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu n'est jusqu'ici pas encore officiellement précisée.
Des raids extrêmement violents ont été menés sur la banlieue sud de Beyrouth et dans la capitale même, n’épargnant ni le Liban-Sud ni la Békaa. Une journée violente qui s’est poursuivie en apothéose peu avant 16h avec un avertissement « aux habitants du Liban » de manière générale, publié par le porte-parole arabophone de l’armée israélienne Avichay Adraee dans une vidéo sur le réseau X. Il a prévenu que l’armée israélienne « poursuit avec force son travail de démantèlement des structures du Hezbollah » et annoncé des frappes contre les filiales de Qard el-Hassan, l’institution financière du parti chiite.
Plus tard, l’armée israélienne a lancé un ordre d’évacuation inédit aux habitants de quatre bâtiments dans les quartiers de Ras Beyrouth, Mazraa, Mousseitbé et Zokak el-Blatt, en plein cœur de la capitale libanaise, une première depuis le début des affrontements. Des frappes ciblées ont effectivement eu lieu dans ces quartiers. Deux d'entre elles ont touché pour la première fois le quartier bondé de Hamra.
Ces ordres d’évacuation à Beyrouth, mais aussi à Baalbeck et à Saïda, ont provoqué un mouvement de masse des populations accompagné d’embouteillages monstres au niveau de toutes les sorties de la capitale et dans la Békaa.
Sur le terrain au Liban-Sud, l’armée israélienne a affirmé à la mi-journée avoir atteint pour la première fois le fleuve Litani, dans une zone située à un peu plus de trois kilomètres de la Ligne bleue, au niveau de Metoula, dans le secteur-est de la zone frontalière.
Une autre première depuis le début de cette guerre, la frappe israélienne en soirée sur le centre du camp palestinien de Rachidiyé (au sud de Tyr), qui a tué au moins trois personnes. Suite aux développements dramatiques de la journée, le ministre de l’Éducation nationale Abbas Halabi a décrété la fermeture de toutes les universités et écoles mercredi.
Le cœur de la capitale ciblé
Les frappes israéliennes dans la capitale ont donc commencé tôt le matin et se sont nettement intensifiées l’après-midi, notamment avec un raid sans avertissement sur un bâtiment dans un quartier entre Noueiri et Basta el-Faouka près de la mosquée Khatem el-Anbiya’ à Beyrouth, qui a fait plusieurs morts et blessés. Les attaques se multipliaient toujours en soirée dans divers quartiers de la capitale.
La journée a été ponctuée par les avertissements, plus nombreux que d’habitude, lancés par Avichay Adraee sur X, notamment une série de mises en garde vers 15h concernant 20 bâtiments dans les quartiers de Hadath, Bourj el-Brajné et Haret Hreik. Des raids particulièrement puissants ont suivi et se poursuivaient encore en soirée. Les frappes simultanées avaient aussi commencé tôt dans la journée dans la banlieue sud, où des colonnes de fumée étaient visibles pratiquement sans interruption sur toute la zone.
Plusieurs autres bâtiments de la banlieue sud ont été détruits par l’armée israélienne, notamment dans les quartiers de Bourj el-Brajné et Tahouitat el-Ghadir, tout proches de l’Aéroport international de Beyrouth. Certains bombardements se poursuivaient en soirée sur la banlieue sud, sans avertissements.
Le Liban-Sud n’a pas échappé non plus à cette folie meurtrière. Les raids se sont multipliés dès le matin dans les cazas de Bint Jbeil, Nabatiyé et Tyr, mais aussi dans certaines parties de Saïda.
La journée a également connu son cortège de tués et de drames. La Croix-Rouge libanaise a retrouvé le corps du civil Youssef Abdallah, âgé de 84 ans, sous les décombres de sa maison à Jdeidet Marjeyoun, qui a été touchée par une lourde frappe israélienne la nuit dernière. Une autre attaque israélienne sur Kaakaïyet el-Snoubar (caza de Saïda) a fait plusieurs blessés.
Pour sa part, le mouvement Amal a déploré la mort de deux de ses miliciens : Bassel Dbouk, né à Khirbet Selm (Bint Jbeil) en 1996, et Ali Kdouh, tué à Nabatiyé. L'armée israélienne a parallèlement affirmé avoir tué dans une frappe à Tyr Ahmed Sobhi Hazima, un commandant du Hezbollah responsable des opérations sur la côte, selon un message publié sur X par le porte-parole israélien.
Réagissant à cette flambée de violences contre le Liban, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a dénoncé « l'agression israélienne hystérique de ce soir contre Beyrouth et diverses régions du Liban » qui « vise particulièrement des civils » et « qui confirme une fois de plus que l'ennemi israélien ne respecte aucune loi ».
Les attaques du Hezbollah
De son côté, le Hezbollah a poursuivi toute la journée ses attaques contre le territoire israélien et contre ses soldats en territoire libanais. En soirée après 19h, des drones étaient lancés depuis le Liban-Sud vers la Galilée occidentale en Israël. Peu après 17h, l'armée israélienne a annoncé que 10 missiles ont été tirés sur la Galilée et la baie de Haïfa, selon le quotidien Haaretz. Une attaque attribuée au Hezbollah sur la ville côtière de Nahariya, a en outre fait deux blessés dont un grave, selon le journal.
Le Hezbollah a également revendiqué plusieurs opérations. dont trois frappes mardi à l’aube contre des soldats israéliens à l’aide de drones kamikazes : l’une à la périphérie sud-est de Deir Mimas, la seconde et la troisième au sud de Khiam et au sud d’Ibl el-Saqi, tous dans le caza de Marjeyoun.
A midi, un projectile a touché un bâtiment dans la ville de Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, en face de Houla (Marjeyoun), et l'a endommagé, selon l'Autorité israélienne de secours et d'incendie. Aucune victime n'a été signalée.
Un peu plus tard, le Hezbollah a annoncé avoir ciblé la ville israélienne de Kiryat Shmona et lancé un missile guidé vers l’intérieur du village de Khiam (Marjeyoun), détruisant un char Merkava et blessant son équipage, selon le communiqué. Le parti pro-iranien a indiqué avoir atteint à deux reprises des forces israéliennes à Manara, face à Markaba (Marjeyoun), à Avivim face à Marouahine (Tyr), et dans la caserne Ma'ale Golani, en face de Chebaa. Peu après, il a précisé avoir mené des attaques de drones contre une entreprise dans le Golan syrien occupé, ainsi que contre un camp d’entraînement à Shafit Ziyon, au sud de Nahariya, avec une volée de roquettes.
En attendant le cessez-le-feu
Alors que les frappes israéliennes s’intensifiaient sur les différentes régions libanaises, les indications concernant un cessez-le feu se précisaient. Les Israéliens ont tenu à souffler le chaud et le froid tout le long de la journée. Le ministre de la Défense Israël Katz a approuvé à 16h « la poursuite des offensives de l'armée israélienne sur le front nord », après avoir affirmé que son pays agirait « avec force » en cas de violation d'un cessez-le-feu au Liban.
Vers 19h30, Anthony Blinken a affirmé que les États-Unis sont « dans les dernières étapes de la conclusion d'un accord de cessez-le-feu » entre Israël et le Liban. Il s’exprimait au cours d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du G7.
Et puis vers 20h, dans une allocution, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a annoncé que le cabinet de sécurité allait adopter un cessez-le-feu au Liban « ce soir ». « La guerre ne se termina pas avant la réalisation de tous les objectifs, y compris le retour des habitants du nord chez eux », a-t-il néanmoins prévenu. Il a également assuré qu’Israël garde « une pleine liberté d’action militaire totale au Liban ». « Si le Hezbollah rompt l’accord, nous attaquerons », a-t-il martelé. Le Hezbollah dont il estime qu’il a été ramené « une dizaine d’années en arrière ».