Le nouveau livre de Marianne Saradar Barakat est plus un recueil de confidences féminines qu’un roman à proprement parler. L’auteure y traite une fois de plus du sujet favori de ces dames : l’amour et ses exaltations de cœur et de corps. Entretien express.
« Confidences douces/amères ; Des femmes se prêtent au jeu » (Ed. Antoine, 209 pages) est le troisième ouvrage que vous publiez*. Vous avez dit que le premier « Le Bonheur à la sueur de mon front » était le livre de votre vie. Le second était un pamphlet sur la bourgeoisie libanaise à laquelle vous appartenez d’ailleurs. Comment définiriez-vous celui-ci ?
C’est tout simplement un livre sur les femmes et pour les femmes.
Comme le titre l’indique clairement il ne s’agit pas véritablement d’un roman mais de confidences amoureuses, relatées sur le mode de la conversation entre deux femmes. Avec des digressions psychologiques et des citations d’auteurs. Mais on ne peut s’empêcher d’y percevoir des accents d’autofiction. A quel point avez-vous mis de votre vécu dans cet opus ?
Ce livre est né de mes retrouvailles plusieurs décennies plus tard avec une amie d’enfance perdue de vue. Nous avions fait chacune notre vie et nous nous la sommes racontée au fil de nos rencontres. Nos conversations, émaillées de confidences intimes, m’en ont donné l’idée de départ. A savoir, cette trame de deux amies qui, s'étant retrouvées des années plus tard, se livrent à cœur ouvert sur leurs expériences amoureuses et conjugales. Donc, forcément, il y a une partie de moi dans ce récit où l’une des deux principales protagonistes me ressemble. Comme elle, je suis une grande romantique et une incurable rêveuse. Après, je ne raconte pas ma vie dans ce livre, mais des bribes de vécu. Celles notamment d’individus ou de couples qui n’ont rien à voir avec moi, tout simplement basées sur des histoires entendues ou qu’on m’a rapportées. Et autour desquelles j’ai brodé en y mettant de la fiction pour que les personnes évoquées ne se reconnaissent pas.
Vous y est mettez à nu le désir féminin, avec parfois une crudité peu commune chez une auteure libanaise de votre génération, vous y parlez de fantasmes extra-conjugaux, de libido chez les personnes d’âge mûr. Vous auscultez les choix de vie conjugale, vous évoquez les doubles vies des couples aux orientations sexuelles divergentes… Bref, vous n’y allez pas par quatre chemins pour parler de sexualité. A qui vous adressez-vous en particulier ?
Aux femmes libanaises, de tout âge. Celles de ma génération. Parce que j’ai constaté que je suis beaucoup moins inhibée qu’elles, qui sont très nombreuses à n’avoir pas connu la jouissance. Mais je m’adresse, aussi et surtout, à celles qui ont quelques décennies de moins que moi. Celles qui ont l’âge de ma fille et dont on me rapporte des histoires de vie sexuelle très pauvre, après juste 4 ou 5 ans de mariage, une fois les enfants mis au monde. C’est quand même frustrant ! Surtout si on a une libido. Vous savez, même à mon âge, je ressens toujours du désir… Alors, si j’ai éprouvé le besoin d’en parler librement dans un livre, c’est pour démystifier certains sujets tabous. Et je le fais, sans me soucier de choquer ou pas. Cela vient probablement de mes années de journaliste au sein du périodique libanais Femme magazine où j'étais chargée, entre autres sujets, de la rubrique sexualité. Je traitais ces thématiques sur un ton humoristique mais cru. Et ça plaisait aux lectrices.
En revanche, dans Confidences douces/amères j’apporte surtout des témoignages sur l’amour, le désir, les fantasmes qui sont des sujets qui me tiennent à cœur, comme pour toutes les femmes. Mais attention, j’y fais parler des hommes aussi…
Marianne Saradar Barakat signera « Confidences douces/amères ; Des femmes se prêtent au jeu », le vendredi 6 décembre à la librairie Antoine de l'ABC à Dbayeh, entre 17h et 19h.
On veut des noms
08 h 33, le 02 décembre 2024