À Enfé, parmi les plages les plus propres du Liban. Photo S.B.
Le maire par intérim de la municipalité d'al-Heri, le gouverneur du Liban-Nord Ramzi Nohra, a émis une décision lundi demandant aux Forces de sécurité intérieure (FSI) de faire « stopper immédiatement les travaux d'extraction de sable aux abords du complexe Florida Beach » en raison d’une « violation des principes juridiques, sans avoir obtenu l'approbation de la municipalité concernée ni du ministère de l'Environnement, et sans avoir réalisé une évaluation de l'impact environnemental ». Ramzi Nohra y souligne qu'al-Heri est un village touristique caractérisé par une belle plage de sable, considérée comme une destination pour les touristes, et que l'extraction de sable de cette plage déforme le paysage et affecte l'environnement et la sécurité publique.
Cette décision intervient après que des travaux d’extraction du sable ont suscité des préoccupations durant le week-end. Dimanche, Paul Abi Rached, directeur de l'organisation environnementale Terre Liban, s'était indigné sur les réseaux sociaux, dénonçant ces travaux autorisés par le ministère des Travaux publics et appelant la commission parlementaire des Travaux publics à « tenir le ministre (Ali Hamiyé, NDLR) responsable », « à annuler la licence » et « à sauver la plage ».
Contacté, Paul Abi Rached a affirmé que le contrat signé par le ministère des Travaux avait été accordé « pour trois mois pour 3 000 tonnes » de sable, ce qui constitue « une catastrophe écologique », ajoutant que pour ouvrir l'entrée d'un port, il est nécessaire d'extraire une quantité de sable beaucoup plus faible. Dans un communiqué publié lundi, Terre Liban a remercié Ramzi Nohra d’avoir stoppé l'extraction de sable. Cependant, mardi, Paul Abi Rached nous a informés que ces travaux se poursuivaient malgré la décision du maire et qu’il avait dès lors appelé le ministère de l’Environnement afin de suspendre les travaux. Ramzi Nohra, lui, n'a pu confirmer à notre publication mardi si les travaux avaient repris ou non, insistant pour le respect de sa décision et une intervention des FSI.
« Rien à voir »
Une source au sein du complexe touristique a pour sa part déclaré à L'Orient Today que Florida Beach n'a « rien à voir » avec les travaux d'extraction et que le ministère des Travaux publics est impliqué dans ce projet. De fait, dimanche, une source au sein de ce ministère a ainsi affirmé que « le ministère n'a délivré aucune licence pour retirer du sable de la plage d'al-Heri », mais que « la licence accordée se limite uniquement à dégager l'entrée du port de yachts du complexe Florida Beach conformément aux lois et règlements en vigueur afin que les yachts et les bateaux touristiques puissent entrer et sortir du port sans heurter le fond marin ».
Lundi, la même source a ajouté que la quantité de sable qui serait extraite du complexe était encore indéterminée, car elle dépend de la quantité nécessaire pour ouvrir l'entrée de Florida Beach et de son port, soulignant que cette question « est ainsi réglée pour tous les ports de pêcheurs ». Et d'ajouter : « Toute quantité qui sera extraite bénéficiera à l'armée libanaise à des fins de défense nationale pour construire des fortifications et des défenses », dans un contexte de guerre entre le Hezbollah et Israël.
Les ressources naturelles, comme le sable, doivent être préservées ; les espaces naturels publics respectés : l'avenir de l'humanité est en jeu, celui des habitants du Liban en particuliers.
16 h 24, le 08 décembre 2024