La frappe ayant ciblé un immeuble résidentiel à Sayyeda Zeinab, dans le sud de Damas, visait Ali Moussa Daqdouq, l'un des principaux commandants du Hezbollah en Syrie, selon plusieurs médias arabes et israéliens ainsi qu'une source sécuritaire contactée par l'AFP.
Dimanche, l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) avait affirmé que ce raid avait tué neuf personnes au total, dont un « commandant du Hezbollah » dont l'identité n'avait pas été précisée. Ce lundi, le directeur de cette ONG, Rami Abdel Rahmane, ainsi qu'une source sécuritaire ont indiqué à l'AFP qu'Ali Daqdouq avait bien été blessé des suites de cette frappe israélienne sur Sayyeda Zeinab, sans que sa mort ne soit confirmée. Contacté par L'OLJ, le Hezbollah n'a pas souhaité commenter cette information.
Originaire de Aïta el-Chaab, Ali Daqdouq était le responsable de « front du Golan » et était à la tête de troupes du parti chiite opérant principalement sur le territoire syrien. Selon le Centre arabe pour les études sur l’extrémisme, ce dernier a rejoint le Hezbollah dès 1983 et a rapidement été nommé à la tête de l'unité 2800, une unité d'opérations spéciales au Liban, avant de coordonner la sécurité personnelle de Hassan Nasrallah.
Arrêté par les Américains, puis relâché en Irak
Après avoir formé des combattants aux côtés de la Force Al-Qods, la branche extérieure du Corps des gardiens de la révolution islamique d'Iran, il a été chargé par la République islamique et le Hezbollah de superviser la création de milices pro-iraniennes en Irak, dont Asaïb Ahl al-Haq, au cours de la création de « l'axe de la résistance » sur le modèle du parti libanais, pour mener des attaques contre des troupes américaines.
Cela l'a conduit à être placé sur la liste des « terroristes mondiaux » par les États-Unis, qui le considéraient comme le responsable d'attaques contre des troupes américaines en Irak, notamment celle du 20 janvier 2007 à Kerbala, qui avait causé la mort de cinq militaires américains.
Un an plus tard, il était capturé par des soldats américains pour son rôle dans cette attaque. Après des négociations entre l'administration de Barack Obama et le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, il fut transféré en Irak pour y être emprisonné au lieu d'être extradé vers les États-Unis, où il aurait été détenu dans le centre de Guantanamo à Cuba. Cela lui permettra d'être libéré en novembre 2012 après avoir été acquitté, faute de preuves, des accusations de « terrorisme » dont il faisait l'objet.
Après sa libération, Ali Daqdouq est rapidement retourné au Liban pour s'occuper de la formation des forces spéciales du Hezbollah, dont l'unité d'élite « al-Radwan » avant d'être chargé de mettre en place, à partir de 2018, un réseau secret pour le Hezbollah en Syrie le long de la frontière israélienne, d'après les services de renseignements américains et israéliens.
Fils tué en Syrie
En décembre 2023, son fils, Hassan Ali Daqdouq, avait également été tué dans une frappe de drone israélien en Syrie dans la région de Qouneitra, dans le Golan syrien, occupé par Israël depuis 1967, avec deux autres combattants du Hezbollah, d'après les communiqués publiés à l'époque par le parti chiite.
La mort de Ali Daqdouq vient s'ajouter à la longue liste de commandants de haut rang du Hezbollah à avoir été éliminés depuis le début de la guerre le 8 octobre 2023, en particulier depuis le 17 septembre dernier et le déclenchement de l'attaque des bipeurs, dont le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a pour la première fois reconnu la responsabilité du gouvernement israélien dimanche.
Un autre membre de longue date du Hezbollah, Salim Ayache, accusé d'être l'un des assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, aurait également été tué en Syrie, près de Qousseir ces derniers jours dans une frappe israélienne.
Dans la foulée de l'élargissement de la guerre au Liban le 23 septembre dernier, le Hezbollah ne communique plus sur la mort de ses membres via ses canaux officiels. Avant cette date, 513 militants du parti chiite avaient été tués au Liban et en Syrie, selon notre décompte.
De son côté, l'armée israélienne a plus tard indiqué avoir éliminé 440 combattants de la milice pro-iranienne depuis le début de son offensive terrestre au Liban. Des estimations non vérifiées font état de plus 1400 morts dans les rangs du Hezbollah. D'après les derniers chiffres communiqués par le ministère de la Santé, le bilan total des attaques israéliennes sur le Liban s'élève à 3 189 morts, dont 621 femmes et 194 enfants, et 14 078 blessés.