L'aviation israélienne a mené mercredi vers 10h une quinzaine de frappes sur la ville de Nabatiyé, au Liban-Sud, et ses environs, selon les sources de notre correspondant Mountasser Abdallah. Ces frappes ont notamment visé le Sérail de la ville en pleine réunion, tuant au moins 16 personnes et en blessant 52, selon un bilan définitif du ministère libanais de la Santé publié en début de soirée. Ces raids israéliens multiples avaient, entre autres, atteint le siège de la municipalité de la ville.
Selon les informations de notre correspondant, les frappes consécutives sur Nabatiyé et les collines environnantes ont visé Zebdine, Nabatiyé el-Tahta, Nabatiyé el-Faouqa, Kfar Tebnit et Kfar Joz, formant une « ceinture de feu » dans et autour de la ville. Elles ont été menées avec des missiles de gros calibre et leurs détonations ont été entendues jusqu'à Saïda.
Parmi ces tirs, un bombardement a visé le Sérail, siège des autorités municipales, de Nabatiyé, où avait lieu une réunion de la « cellule de crise » locale, présidée par le président du Conseil municipal, Ahmad Kahil. Celui-ci a été tué, et avec lui Sadek Issa, un membre du Conseil municipal, un responsable média au sein de la municipalité, Mohammad Bitar, Kassem Hijazi et Mohammad Zahri.
Dans l'après-midi, la coordinatrice de l'ONU au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a condamné mercredi les frappes sur Nabatiyé, au Liban-Sud, et appelé à protéger « les civils et infrastructures civiles » dans le pays.
De son côté, la Défense civile a annoncé la mort d'un de ses membres, Nagi Fahd, qui se « se trouvait avec ses collègues, pour accomplir son devoir national et humanitaire » dans le bâtiment visé.
« Au service des gens jusqu'à leurs derniers instants »
La mohafez de Nabatiyé, Hwaida Turk, a de son côté confirmé à notre correspondant Mountasser Abdallah que les personnes qui ont été tuées avec le président de la municipalité faisaient partie de la « cellule de crise » municipale, et que certains corps se trouvaient toujours sous les décombres du bâtiment. « Le président de la municipalité et d'autres membres du conseil ont refusé de quitter la ville pour aider les habitants restés sur place. Ils ont été au service des gens jusqu'à leurs derniers instants », a-t-elle ajouté. Selon Mme Turk, des civils se trouvaient également dans la municipalité lors du bombardement. « Ce qui s'est passé, un tel bombardement sur un bâtiment officiel, est inacceptable ».
La frappe a également été dénoncée par le Premier ministre sortant, Nagib Mikati. Il a condamné des tirs ayant « délibérément visé une réunion du conseil municipal » et dénoncé la communauté internationale, « sous les yeux de laquelle » a lieu l'offensive menée par Israël au Liban, qui « reste délibérément silencieuse », ce qui « encourage » l'Etat hébreu à poursuivre ses « crimes ». « Si tous les pays du monde sont incapables de dissuader » les frappes israéliennes sur le Liban, « est-il utile de recourir au Conseil de sécurité pour exiger un cessez-le-feu ? », s'est interrogé le Premier ministre sortant.
Secours et aides aux habitants
De son côté, le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a condamné « fermement » cette attaque « qui a tué le président de la municipalité, des membres du Conseil municipal et des fonctionnaires, ainsi qu'un membre de la Défense civile, et blessé des citoyens innocents ». Il a indiqué que la cellule de crise était réunie pour « coordonner des opérations de secours et préparer de l'aide à distribuer aux habitants » de la région.
Peu après les frappes, l'armée israélienne avait indiqué, via un message publié sur X par son porte-parole arabophone Avichay Adraee, qu'elle avait visé « des dizaines de cibles du Hezbollah », notamment « des bâtiments militaires, quartiers généraux et dépôts d'armes » du parti chiite « à proximité de bâtiments civils ».
Dans la nuit de samedi à dimanche, des frappes israéliennes avaient déjà visé le centre de Nabatiyé et détruit des souks pluricentenaires.
Les Israeliens ont justifie leur sauvagerie en pretendant attaquer les dirigeants, les cadres militaires et les caches d'armes du Hezb. Soit. C'est la guerre. Mais, quelles justifications pour le ciblage des journalistes ? Des secouristes ? Des municipalites ?
21 h 07, le 16 octobre 2024