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Culture - Action caritative

« Agir pour le Liban » : les artistes et intellectuels de la diaspora s’organisent

Samedi 12 octobre, se tient à Pantin, près de Paris, un événement culturel de soutien au peuple libanais. L’objectif est de sensibiliser au sort des populations civiles et de récolter des fonds. Les billets vendus en ligne ainsi que la collecte seront reversés à des associations intervenant directement auprès des déplacés au Liban.

« Agir pour le Liban » : les artistes et intellectuels de la diaspora s’organisent

« Agir pour le Liban » : pour sensibiliser l’opinion publique et collecter des fonds en soutien aux réfugiés victimes des bombardements de l’armée israélienne. Photo « Agir pour le Liban »

Il y a tout juste deux semaines, alors que les bombardements israéliens au Sud, à l’Ouest et dans la banlieue sud de Beyrouth s’intensifiaient, déplaçant plus d’un million trois cent mille femmes, hommes et enfants, un collectif d’artistes, chercheurs et acteurs du monde de l’art libanais a commencé à se former à Paris. À l’origine de celui-ci, un groupe WhatsApp de personnes connectées ensemble par le travail ou les affinités intellectuelles, désemparées face à la situation, cherchant des moyens d’agir concrètement pour sensibiliser l’opinion publique et collecter des fonds en soutien aux réfugiés victimes des bombardements de l’armée israélienne. De cette urgence est né « Agir pour le Liban », sans affiliation politique, mais avec un objectif commun : mobiliser le plus vite possible des ressources pour apporter un soutien direct aux associations intervenant sur le terrain.

À l’initiative, l’ingénieure Nour Madi et l’artiste contemporaine Sirine Fattouh, qui avait mené des actions semblables pendant la guerre de 2006, aux côtés d’Amal Saadé également mobilisée sur cet événement ainsi que Samah Karaki, Nadine Naous, Aya el-Dika, Nancy Siam, Sandra Dagher de l'association Correspondaences, Sarah Srage et nouvellement a rejoint le collectif Mayan Antoun sur la gestion du projet.

« Tout est parti du silence qui nous étouffe face à ce qui se passe en Palestine depuis un an et ce que l’on voyait venir au Liban », explique Sirine Fattouh dans une interview avec L’Orient-Le Jour. Pour elle, qui enseigne depuis plus de 20 ans, l’art ne peut pas changer les choses, mais il a le pouvoir de sensibiliser. « Je pense l’art comme quelque chose de critique, qui pousse à réfléchir et interroge sans donner toutes les clés. Il s’agit de transmettre quelque chose, comme quand on enseigne. » Comment transmettre face à une telle complexité ? La réponse se trouve dans la multiplicité des voix qui ponctuent ce premier événement prévu le 12 octobre, au Relais Pantin.

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Tout au long de la journée organisée « au nom de l’égalité des peuples et en soutien aux Libanais » comme le souligne le directeur du lieu associatif, Nabil el-Dirani, sont prévus ateliers - cours de dabké par Souraya Baghdadi ou de yoga par Nancy Siam-, projections et concerts, avec vente de nourriture, mais aussi de totebag et de posters conçus par Nour Hifaoui, Karen Kayrouz, Joseph Kai, Lena Merhej, Johanna Saadé, Lara Tabet ou encore Lamia Ziadé.

« Il y a les bons et les méchants »

« Qu’ils soient du Liban ou de la région, le point commun entre les artistes invités tient dans leur vécu et leur engagement », souligne Aya el-Dika, la responsable des concerts qui a dû trouver en quelques jours des musiciens disponibles sur Paris. Au programme : Abo Gabi, Rasha Rizk et Omar Harb, Zeid Hamdan et Lynn Adib, Osloob et Issa Murad.

D’autres manifestations sont prévues, avec l’envie d’ouvrir le débat à des intellectuels français, dès lors que la situation va manifestement durer. « Nous réfléchissons à des projections régulières, car le narratif dominant dans les médias français est très schématique : il y a les bons et les méchants », explique la réalisatrice Nadine Naous, responsable cinéma. « La guerre n’a pas seulement lieu au niveau des corps mais aussi des récits. Il est important de faire entendre d’autres voix, affirme-t-elle. Face au flot d’images et d’informations, le documentaire et la création artistique permettent de saisir plus en profondeur les événements, en les remettant en perspective avec l’histoire libanaise et régionale. » Pour la coscénariste de Bye bye Tibériade (2024), ce qui se passe actuellement au Liban est lié au conflit israélo-palestinien. « On ne donne pas au public français les outils pour analyser les choses sous le prisme de la colonisation. Le discours dominant en France, c’est celui des Israéliens. Il faut le déconstruire et proposer d’autres récits », analyse-t-elle.

« La déshumanisation est un projet de colonisation »

Samah Karaki, essayiste et responsable des débats, note également la nécessité de porter une voie factuelle sur ce conflit afin qu’il ne renvoie pas juste à un flux d’affects, d’images et de destructions. « Le refus d’historiciser, de contextualiser, je le vois comme une entreprise délibérée de justifier la mort, le déplacement et peut-être l’invasion et l’occupation du pays, remarque-t-elle. Le Liban a longtemps été considéré comme une affaire compliquée et là, d’un seul coup, c’est devenu binaire… Les personnes s’expriment avec beaucoup de certitude sur une population qui n’est pas homogène, ni dans ses aspirations, ni dans son histoire, ni dans les souffrances vécues. »

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Le travail de cette chercheuse en neurosciences est centré sur le phénomène de compassion sélective. Alors que la proximité est souvent évoquée pour justifier l’empathie, elle tente de mettre en avant la hiérarchisation de la valeur des vies. « Chez les médias mainstream occidentaux, la vie arabe n’a jamais eu de valeur. Pour éliminer une personne, il est tout à fait légitime de passer sur les cadavres de centaines d’autres. Il y a une essentialisation de certains groupes humains qui sont vécus comme une menace, la menace iranienne en l’occurrence. »

Cela passe par la déshumanisation des personnes. Ce ne sont plus des enfants, des femmes, des mères, c’est le projet iranien qui a pour seule intention de terroriser l’Europe. Samah Karaki invite ainsi à mettre de côté l’affect et à revenir au droit international, c’est-à-dire au respect des principes de proportionnalité et de distinction. « Renvoyer les autochtones à une menace perpétuelle justifie les génocides. Tout projet de colonisation passe par l’essentialisation d’un peuple pour justifier un camp de lumière qui viendrait civiliser un camp d’obscurité, ou sauver le Liban de lui-même ! J’espère que les Libanais pourront mettre de côté les conflits idéologiques et d’appartenance le temps de rendre dignes les conditions de déplacement, de deuil, de souffrance. »

Billets et dons ici.

Il y a tout juste deux semaines, alors que les bombardements israéliens au Sud, à l’Ouest et dans la banlieue sud de Beyrouth s’intensifiaient, déplaçant plus d’un million trois cent mille femmes, hommes et enfants, un collectif d’artistes, chercheurs et acteurs du monde de l’art libanais a commencé à se former à Paris. À l’origine de celui-ci, un groupe WhatsApp de personnes connectées ensemble par le travail ou les affinités intellectuelles, désemparées face à la situation, cherchant des moyens d’agir concrètement pour sensibiliser l’opinion publique et collecter des fonds en soutien aux réfugiés victimes des bombardements de l’armée israélienne. De cette urgence est né « Agir pour le Liban », sans affiliation politique, mais avec un objectif commun : mobiliser le plus vite possible des ressources...
commentaires (1)

Dans l absolu ils ont raison à 100% Mais il est quasiment impossible de s éloigner trop du réel et l on est rattrapés par le meutre de selon slim hariri, Gemayel et les dizaines d autres En d autres termes si ceux qui ont semé le vent se retrouvent pris dans une tempête, quel degré de compassion devrait on leu en témoigner?

Zampano

12 h 52, le 10 octobre 2024

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Commentaires (1)

  • Dans l absolu ils ont raison à 100% Mais il est quasiment impossible de s éloigner trop du réel et l on est rattrapés par le meutre de selon slim hariri, Gemayel et les dizaines d autres En d autres termes si ceux qui ont semé le vent se retrouvent pris dans une tempête, quel degré de compassion devrait on leu en témoigner?

    Zampano

    12 h 52, le 10 octobre 2024

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