Le Hezbollah a confirmé mercredi des « combats » avec l’armée israélienne au cours des dernières heures, notamment au niveau des localités frontalières de Maroun el-Ras et Adaïssé, tandis que l’armée libanaise a signalé que des patrouilles israéliennes avaient « franchi brièvement » la ligne bleue.
Ces combats ont fait suite à d’importants échanges de tirs dans la matinée entre le Hezbollah et l’armée israélienne. Ils sont les premiers confirmés par le parti-milice depuis l’annonce par Israël, lundi soir, du lancement « d’opérations ciblées et limitées » en territoire libanais.
Il était difficile en fin de journée de savoir comment avait évolué le rapport de force sur le terrain. L’armée israélienne, qui semble avoir verrouillé les informations issues du champ de bataille, avait tout de même confirmé avant 18h la mort d’au moins huit de ses soldats. En dehors de cette information distillée en deux temps, aucune communication officielle ni aucun article de presse n’avait été immédiatement publié en Israël sur ces affrontements en début de soirée.
Selon certains médias israéliens, comme le quotidien Yediot Aharonot, qui récupèrent des informations du front, au moins 30 combattants du Hezbollah avaient été tués dans un raid aérien sur une mosquée, sans plus de détails sur le lieu. Dans sa version en hébreu, le quotidien semblait toutefois moins réjoui par le déroulement de l’offensive israélienne, n’hésitant pas à parler de « catastrophe ». Dans la journée, une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a montré les troupes israéliennes évacuer plusieurs blessés transportés sur des brancards vers un hélicoptère militaire.
Du côté du Hezbollah, la communication a été diamétralement opposée, avec pas moins de 25 communiqués publiés pendant la journée pour décrire les opérations à la frontière. Une importante partie d’entre elles se sont concentrées sur Maroun el-Ras et Adaïssé, dans le caza de Bint Jbeil. C’est en face de la première de ces localités libanaises que le parti chiite, qui a récemment perdu son secrétaire général Hassan Nasrallah dans une frappe israélienne massive dans la banlieue sud de Beyrouth, a revendiqué la destruction de cinq chars israéliens de type Merkava. C’est également aux abords de Maroun el-Ras que le parti affirme avoir, un peu plus tard, tiré à la mitrailleuse et lancé des roquettes sur une unité israélienne, assurant avoir fait mouche. Le parti a également déclaré dans les médias avoir tué plus de 80 officiers et soldats israéliens.
Au cours de la journée, un porte-parole du parti, Mohammad Afif, a confirmé ces combats lors d’une tournée organisée pour les médias dans les quartiers détruits de la banlieue sud de Beyrouth par les récents bombardements israéliens, indiquant que « l’ennemi commence à reconnaître ses pertes, ce qui est très rare dans son cas ». «Nous avons assez de combattants courageux et bien entraînés, et nous avons assez d’armes, pour tenir sur le front du Sud», a ajouté M. Afif.
Cependant, cette communication confiante cache peut-être quelque chose. Depuis le 27 septembre, le Hezbollah, qui annonçait auparavant chaque perte dans ses rangs par un communiqué, n’a plus annoncé de mort. Il a uniquement pleuré, depuis cette date, des hauts gradés de son commandement militaire et des responsables tués dans des frappes ciblées dans la banlieue sud de Beyrouth.
Distance de 400 mètres
De son côté, l’armée libanaise a annoncé que des patrouilles israéliennes avaient effectivement franchi la ligne bleue et étaient entrées en territoire libanais « sur une distance d’environ 400 mètres », en deux endroits de la ligne frontalière, à Kherbet Yaroun – voisin de Maroun el-Ras – et au niveau de la porte de Adaïssé. Ces patrouilles se sont repliées « après peu de temps », selon la troupe.
Dans la matinée, des tirs d’artillerie soutenus avaient été signalés le long de la ligne bleue, notamment au niveau du caza de Marjeyoun (à l’est de la frontière), selon les communiqués successifs publiés par le parti chiite et les sources locales de notre correspondant Mountasser Abdallah. L’artillerie israélienne avait notamment pilonné les collines entourant Adaïssé, Kfar Kila, Deir Mimas, Aaziyé, Tel Nahas, Bourj el-Moulouk et Khiam. Les frappes israéliennes, qui s’étaient principalement concentrées sur la banlieue sud de Beyrouth dans la nuit de mardi à mercredi, ont largement ciblé le Liban-Sud et la Békaa durant la journée. Le caza de Baalbeck a été particulièrement visé. Le personnel paramédical de Taraya (Baalbeck) a découvert le corps d’un enfant sous les décombres d’un bâtiment détruit lors du raid de la semaine dernière sur la localité.
Pour sa part, le Hezbollah a revendiqué tout au long de la journée des frappes sur des positions israéliennes tout le long de la frontière, notamment au niveau de Misgav Am, face à Adaïssé, et de Kyriat Shmona, dans la même zone. Shtula, Beit Hilleil et Yaroun font partie des zones où le parti chiite a revendiqué des opérations. Selon The Times of Israel, en fin de journée, au moins 240 roquettes ont été tirées du Liban vers Israël.
L’armée israélienne a en outre annoncé que des blindés d’infanterie régulière et des unités blindées se joignaient à son « opération terrestre » au Liban. Selon le site de l’armée, les combattants de la 36e division, y compris ceux de la brigade Golani, de la 188e brigade blindée et de la brigade Etzioni (des réservistes des forces d’infanterie) ont rejoint la mobilisation le long de la frontière. Ces troupes sont « soutenues par l’aviation et l’artillerie », selon le communiqué.
Le Conseil des ministres, qui s’est réuni au Grand Sérail dans l’après-midi, a décidé que toute l’aide fournie en réponse à l’escalade de la guerre entre Israël et le Hezbollah serait acheminée de manière transparente par l’intermédiaire des Nations unies, en coordination avec les départements ministériels libanais. Il a également souligné la nécessité d’allouer 427 millions de dollars aux efforts d’hébergement et de secours au cours des trois prochains mois, avec la possibilité d’approuver immédiatement 200 millions de dollars.
L’exécutif a aussi annoncé qu’il envisageait en priorité de transformer la Cité sportive Camille Chamoun, un grand complexe sportif situé à Tarik Jdidé, à Beyrouth, en centre d’hébergement pour accueillir un grand nombre de personnes déplacées.
Et voilà que notre pays brûle, pour qui et pourquoi?
10 h 58, le 02 octobre 2024