
Quand la peluche est détournée en expression artistique. Photo tirée du compte Instagram de Bachir Mohamad
On a vu, au cours des précédents conflits, avec quel cynisme l’armée israélienne s’amusait à détourner des jouets pour en faire des armes létales visant à atteindre les enfants. C’est dans une démarche absolument opposée que procède l’artiste, designer et architecte d’intérieur libanais Bachir Mohamad, puisqu'il a choisi de convertir l’universel « teddy-bear » en une œuvre artistique émouvante et engagée en faveur de la sauvegarde de l’enfance en guerre.
Baptisée « L'écho de l'innocence perdue », son installation composée de 15 000 ours en peluche, fixés chacun dans un bloc de béton, a envahi depuis le 22 septembre la cour du Msheireb Downtown de Doha, à Qatar, où elle est placée à même le sol.
Une œuvre d’art pas comme les autres qui attire inévitablement l’attention des visiteurs.
Une armée d'ours en peluche engagée en faveur de la sauvegarde de l’enfance en guerre. Photo tirée du compte Instagram de Bachir Mohamad
Sauf que, derrière l’amusement qu’elle provoque de prime abord, elle ne manque pas de soulever l’émotion, ainsi que des questionnements sur la vertigineuse inhumanité de notre monde, chez la plupart des contemplateurs qui s'y attardent un tant soit peu.
On peut d’ailleurs affirmer sans trop se tromper que c’est justement ce que recherche l’artiste. Lequel confiait à l’agence de presse Reuters avoir utilisé l’ours en peluche, « pour sa représentation universellement symbolique de l'innocence de l'enfance. Signalant que « c’est un tendre jouet accepté par toutes les sociétés quels que soient leur culture, religion ou environnement social. Et si je l’ai coulé dans du ciment, c’est parce que ce matériau de construction est devenu, au cours de ces derniers mois, celui qui symbolise par excellence la destruction de Gaza ».
D'ailleurs, en regardant de plus près cette armée de peluches, on peut lire le message que chaque ours affiche sur son tee-shirt aux couleurs de la Palestine. A l'instar de : « Je ne suis pas juste un nombre », Je suis un être humain avec une identité » ou encore « Je suis un enfant qui crie »...
« A travers ces 15 000 peluches-sculptures formant l’installation, c’est l'écho des voix des enfants palestiniens massacrés que j’ai voulu faire entendre et témoigner qu'ils ne sont pas juste des nombres », assure leur concepteur.
Bientôt une œuvre pour le Liban ?
Si Bachir Mohamad dit avoir conçu « L'écho de l'innocence perdue » d’abord pour rendre hommage à la mémoire des milliers d’enfants de Gaza ensevelis sous les décombres des bombardements israéliens contre le Hamas qui font rage depuis bientôt un an, son œuvre fait aussi partie d'une initiative qatarie caritative baptisée « I am not just a number » (menée par l’ONG Qcharity) visant à sensibiliser au sort des enfants aux vies bloquées dans l’enclave palestinienne. Et, dont la vente fragmentée, par sculptures individuelles, servira à collecter des fonds pour leur venir en aide.
Ironie du sort, cette installation artistique et solidaire est présentée au moment même où la guerre s’étend au Liban. L'artiste libanais devra-t-il envisager de lancer un projet similaire pour les enfants de son propre pays ? « Des organisations humanitaires m'ont déjà contactées à cet effet », révèle-t-il à L'Orient-Le Jour. « J'y réfléchit déjà, mais il me faudra un peu de temps pour produire une œuvre différente et spéciale »
Cela nous change des jouets explosifs offerts par Israël à nos enfants ! Bravo!
11 h 28, le 29 septembre 2024