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Politique - Repère

Bipeurs et talkies-walkies piégés du Hezbollah : ce que l'on sait

Le 19 septembre, le New York Times rapportait qu'une société-écran israélienne se cache derrière les bipeurs explosifs du Hezbollah.

Bipeurs et talkies-walkies piégés du Hezbollah : ce que l'on sait

Les restes de bipeurs ayant explosé, le 17 septembre 2024, dans le cadre d’une opération attribuée par le Hezbollah à Israël. Photo AFP

Deux vagues d'explosions meurtrières ont touché, mardi 17 et mercredi 18 septembre, les membres du Hezbollah, à travers le Liban. La première concernait les bipeurs, la seconde les talkies-walkies dont ils sont largement équipés en lieu et place des smartphones, considérés par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, comme des « dispositifs d'espionnage facilement contrôlables ». Le Hezbollah a attribué la responsabilité de ces opérations d'une ampleur inédite à Israël, qui ne les a pas commentées. Elles ont fait 37 morts et plus de 2900 blessés, selon le dernier bilan officiel avancé jeudi midi, semant, à chaque fois, la panique et le chaos.

La question, aujourd'hui, est de savoir comment ces appareils de communication ont pu être piratés. Voici ce que l'on sait, ou pense savoir, sur le sujet. 

En ce qui concerne les talkies-walkies

-Le modèle : En ce qui concerne les talkies-walkies qui ont explosé le 18 septembre, le New York Times et de médias israéliens ont évoqué un modèle produit par la société japonaise Icom.

-Le nombre d'appareils piratés : On ne sait pas combien d'appareils ont explosé.

-Les déclarations de l'entreprise japonaise : Le 19 septembre, celle-ci a déclaré avoir cessé de produire « il y a une dizaine d'années » les talkies-walkies soupçonnés d'avoir explosé mercredi. « Le IC-V82 est une radio portable qui a été produite et exportée, y compris au Moyen-Orient, de 2004 à octobre 2014. Elle a été abandonnée il y a environ 10 ans, et depuis lors, elle n'a pas été expédiée par notre société », a déclaré dans un communiqué Icom. « La production des piles nécessaires au fonctionnement de l'unité principale a également été interrompue, et le sceau holographique permettant de distinguer les produits contrefaits n'a pas été identifié, de sorte qu'il n'est pas possible de confirmer si le produit a été expédié par notre société », a déclaré l'entreprise. Elle a ajouté que les produits destinés aux marchés étrangers sont vendus exclusivement par l'intermédiaire de ses distributeurs agréés.
« Toutes nos radios sont fabriquées dans notre filiale de production, Wakayama Icom Inc. dans la préfecture de Wakayama, dans le cadre d'un système de gestion strict... de sorte qu'aucune pièce autre que celles spécifiées par notre société n'est utilisée dans un produit. En outre, toutes nos radios sont fabriquées dans la même usine, et nous ne les fabriquons pas à l'étranger », a précisé Icom.

-Le bilan : Cette seconde vague d'explosions a fait 25 morts et 608 blessés.

En ce qui concerne les bipeurs : 

-Le nombre d'appareils piratés : Une source de sécurité libanaise et une autre source non identifiée ont indiqué à Reuters que le Mossad a piraté 5 000 bipeurs importés par le Hezbollah quelques mois avant les explosions de mardi. Une source proche du Hezbollah a indiqué à l'AFP que « les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1 000 appareils », qui semblaient selon lui avoir été « piratés à la source ». Plus de 3 000 exemplaires avaient été commandés par le Hezbollah à l'entreprise Gold Apollo de Taïwan, ont affirmé des responsables, américains et d'autres nationalités au New York Times. 

-Le modèle : Selon le NYT, le modèle des bipeurs est AR924.

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-L'origine : La question de l'origine des bipeurs a commencé son périple par une piste taïwanaise, avant de passer sur une piste hongroise, puis bulgare, et de finir, sur une piste israélienne.

Dans un premier temps, le New York Times a affirmé que les bipeurs avaient été produits par une société taïwanaise, Gold Apollo. Rapidement, celle-ci a démenti avoir produit les appareils, affirmant qu’ils l’ont été par une entreprise européenne ayant le droit d’utiliser la marque. Gold Apollo a indiqué que la compagnie hongroise BAC Consulting KFT, basée à Budapest, avait une licence pour produire ces bipeurs et avait fabriqué les appareils livrés au Liban. « En vertu d'un accord de coopération, nous autorisons BAC à utiliser notre marque pour la vente de produits dans certaines régions, mais la conception et la fabrication des produits sont de l'unique responsabilité de BAC », a indiqué dans un communiqué Gold Apollo. Le ministère taïwanais des Affaires économiques embrayait en affirmant que Gold Apollo a exporté 260 000 pagers entre 2022 et août 2024, principalement vers les marchés européens et américains. « Il n'y a pas de trace d'exportation directe vers le Liban », ajoute le texte.

Deux représentants de sociétés taïwanaises ont néanmons été auditionnés à Taïwan dans le cadre de l'enquête sur l'origine des bipeurs piégés. Le parquet a également indiqué que quatre sites avaient été perquisitionnés.

Le 18 septembre, le gouvernement hongrois montait à son tour au créneau, affirmant que les bipeurs n'avaient jamais été en Hongrie. « Les autorités hongroises ont établi que l’entreprise en question est une société intermédiaire de négoce, qui n’a ni site de fabrication ni autre site d’opération en Hongrie », déclarait ainsi le porte-parole du gouvernement Zoltan Kovacs sur Facebook. « Elle a un responsable opérationnel en Hongrie à l'adresse indiquée, et les appareils mentionnés n’ont jamais été en Hongrie », a-t-il ajouté.

La PDG de BAC Consulting, Cristiana Bársony-Arcidiacono, contactée au téléphone par la chaîne américaine NBC démentait, de son côté, que l'entreprise fabrique ces appareils. « Je suis juste l'intermédiaire. Je pense que vous vous êtes trompés », indiquait-elle, après avoir pourtant confirmé qu'elle travaillait avec Gold Apollo...

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Jeudi 19 septembre, nouveau rebondissement. Selon le New York Times, citant trois sources au sein des services de renseignement ayant connaissance de l'opération, les bipeurs proviendraient d'une société-écran israélienne. Ainsi B.A.C. Consulting est « une société-écran », écrit le NYT. Cette entreprise était « israélienne » et « produisait des bipeurs pour l'entreprise taïwanaise Gold Apollo ». Selon l'article, au moins deux autres entreprises ont été créées pour dissimuler le fait que les appareils étaient fabriqués par des agents des services de renseignement israéliens. « Même avant que Hassan Nasrallah ne décide d'étendre l'utilisation des pagers, Israël avait mis en place un plan pour créer une société écran qui se ferait passer pour un producteur international de bipeurs », écrit le NYT.

« B.A.C. acceptait des clients ordinaires, pour lesquels elle produisait une gamme de bipeurs classiques. Mais le seul client qui comptait vraiment était le Hezbollah, et ses bipeurs étaient loin d'être ordinaires. Produits séparément, ils contenaient des batteries imprégnées de l'explosif PETN », poursuit le NYT, citant trois officiers du renseignement. « Les pagers ont commencé à être expédiés au Liban à l'été 2022 en petites quantités, mais la production a rapidement augmenté après que M. Nasrallah a appelé ses partisans à ne pas utiliser leurs téléphones portables », poursuit le quotidien américain. 

Le secrétaire général du Hezbollah a mis en garde à plusieurs reprises contre les risques posés par les smartphones, les décrivant comme des « dispositifs d'espionnage facilement contrôlables ». « Jetez vos smartphones, enterrez-les, mettez-les dans une boîte de métal et éloignez-les », avait même dit le leader du parti chiite, lors d'un de ses discours en février, après le début de la guerre entre sa formation et l'État hébreu, dans le sillage du conflit à Gaza déclenché le 7 octobre 2023.

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Au cours de l'été, les envois de pagers vers le Liban ont augmenté, avec des milliers d'unités arrivant dans le pays et étant distribuées parmi les officiers du Hezbollah et leurs alliés, selon deux responsables du renseignement américain interrogés par le quotidien américain. « Pour le Hezbollah, il s'agissait d'une mesure défensive, mais en Israël, les agents du renseignement se référaient aux pagers comme des « boutons » à activer lorsque le moment serait opportun. Il semble que ce moment soit arrivé cette semaine », écrit encore le NYT, qui précise que selon trois responsables du renseignement et de la défense, l'explosion a été déclenchée quand Israël a activé les pagers pour qu'ils émettent un bip et a envoyé un message en arabe qui semblait provenir de la haute direction du Hezbollah.

Jeudi 19, l'on apprenait aussi que les autorités bulgares avaient ouvert une enquête sur la possible implication d'une entreprise enregistrée en Bulgarie dans la livraison des bipeurs au Hezbollah. « Des vérifications sont en cours avec le fisc et le ministère de l'Intérieur pour déterminer le rôle éventuel d'une société enregistrée en Bulgarie dans la fourniture d'équipements de communication au Hezbollah », a déclaré l'Agence nationale de sécurité nationale (DANS) dans un communiqué. L'agence réagissait à un article du site hongrois Telex citant des sources anonymes, selon lesquelles la société Norta Global basée à Sofia a importé les bipeurs et organisé leur livraison au parti chiite libanais.

-L'activation : à 15H30 mardi au Liban, un message apparaissant comme venant de la direction du Hezbollah a fait biper l'appareil pendant plusieurs secondes avant de déclencher l'explosif, selon le NYT. Selon une source sécuritaire libanaise interrogée par Reuters, les bipeurs ont explosé quand un code a été envoyé aux appareils, activant de manière simultanée les explosifs.

-Le bilan : L'explosion des bipeurs a fait 12 morts et plus de 2323 blessés. Les services médicaux, ont fait état de blessures aux mains, à l'abdomen et aux yeux.

Deux vagues d'explosions meurtrières ont touché, mardi 17 et mercredi 18 septembre, les membres du Hezbollah, à travers le Liban. La première concernait les bipeurs, la seconde les talkies-walkies dont ils sont largement équipés en lieu et place des smartphones, considérés par le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, comme des « dispositifs d'espionnage facilement contrôlables »....
commentaires (3)

La justice rendue? Ou? Par qui? Parler de justice au Liban, ça doit être ironique non?

C.D.R

08 h 56, le 20 septembre 2024

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Commentaires (3)

  • La justice rendue? Ou? Par qui? Parler de justice au Liban, ça doit être ironique non?

    C.D.R

    08 h 56, le 20 septembre 2024

  • Il parait evident que les Hongrois ont servi d'ecran au Mossad.

    Michel Trad

    15 h 21, le 19 septembre 2024

  • Une enquête devrait être ouverte et la justice devrait être rendue au plus vite Comme pour le crime du port qui a fait plus de deux cents trente morts et des milliers de blesses et de mutilés, sans parler des habitations détruites qui sont toujours en morceaux. Il faut faire appel a l’expert en enquête, j’ai nommé Aoun 1er, pour résoudre l’affaire en cinq jours.

    Sissi zayyat

    11 h 39, le 18 septembre 2024

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