Le Conseil des ministres, qui s’est réuni mardi après-midi sur fond d’explosions des bipeurs du Hezbollah, devait « réétudier » une décision qu’il avait prise mercredi dernier et qui permet au ministère de l’Éducation d’émettre des attestations aux élèves syriens ayant réussi les épreuves du baccalauréat technique officiel au Liban, suite à de nombreuses critiques qu’elle a suscitées.
La décision (n° 63 du 11 septembre 2024) avait alors permis à la directrice de l’enseignement technique au ministère, Hanadi Berry, d’émettre une décision autorisant les élèves syriens sans documents officiels (fournis par la Sûreté générale libanaise) à s’inscrire pour l’année scolaire 2024-2025.
Lors de son traditionnel point de presse après la réunion, le ministre sortant de l’Information Ziad Makari a annoncé que le gouvernement démissionnaire a fait marche arrière et que cette décision est désormais limitée aux étudiants qui ont des permis de séjour légaux et des documents du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés.
La décision a été saluée par le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil, qui avait rejeté la décision initiale. « Il est satisfaisant que le gouvernement sortant et son président, ainsi que les ministres, soient revenus sur leur décision d’autoriser l’inscription d’étudiants syriens illégaux dans les écoles et instituts libanais », a-t-il écrit sur le réseau X.
Théoriquement, la décision gouvernementale est une réponse libanaise officielle aux obligations internationales du pays. Mais elle a rapidement provoqué une série de critiques, notamment de la part des partis chrétiens, qui ont dénoncé une décision permettant de faciliter « l’implantation » des Syriens au Liban.
« Les écoles en Syrie sont accessibles »
Réagissant une nouvelle fois à la polémique, le Courant patriotique libre (CPL, aouniste), dont une délégation a rendu visite ce matin au ministre sortant de l'Education, Abbas Halabi, avait dit dans un communiqué publié avant la réunion de l'exécutif avoir évoqué « les dangers » de l'application de cette décision n°63. La délégation aouniste a insisté auprès du ministre Halabi « sur la nécessité d'annuler » cette décision, qui est « illégale ». Le député César Abi Khalil avait également indiqué après la réunion avoir « exigé plus de rigueur concernant l'inscription des enfants syriens » dans les écoles libanaises et l'importance qu'ils détiennent « les documents requis, soit pour régulariser leur statut et leur présence au Liban en obtenant des permis de séjour légaux, soit pour leur retour en Syrie ». Il a argué, comme le font les partis et responsables libanais poussant pour un retour des migrants et réfugiés en Syrie, que « 90 % du territoire syrien est aujourd'hui sécurisé et les écoles en Syrie sont accessibles ». César Abi Khalil avait aussi dit avoir été témoin de lma volonté de « coopération » du ministre.
Le dernier rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie publié le 10 septembre a indiqué que les combats en Syrie se sont intensifiés, plongeant les habitants dans les pires conditions humanitaires depuis le début de la guerre civile il y a plus de 13 ans.
De son côté, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, avait indiqué sur X que la décision initiale du Conseil des ministres motivait également « les étudiants syriens résidant en Syrie, en Jordanie, en Turquie et partout ailleurs dans le monde à s'inscrire dans des établissements officiels et techniques libanais ». « Cette décision viole toutes les lois et la souveraineté et représente un danger extrême pour l'identité libanaise », a-t-il écrit, dénonçant « le scandale du siècle ».
Le gouvernement n’a, enfinm pas pris de décision concernant la question des militaires et des agents des forces se sécurité à la retraite, ni terminé l’examen de l’avant-projet de budget pour 2025.