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Société - Sécurité routière

Les routes au Liban sont-elles devenues plus mortelles ?

Depuis début septembre, 28 personnes ont perdu la vie dans des accidents de la circulation. Des experts contactés par « L'Orient Today » tentent d'expliquer ces chiffres qui inquiètent.

Les routes au Liban sont-elles devenues plus mortelles ?

Une voiture endommagée après un accident au niveau d'un poste de contrôle de l'armée à Saïda, au Liban-Sud, en 2021. Photo d'archives envoyée à notre correspondant Mountasser Abdallah

« Il faut agir vite. La situation est devenue intenable ! ». Ce cri, le journaliste Chadi Hiléné du site Akhbar Al Yawm l'a lancé mardi dans une lettre ouverte au ministre sortant de l'Intérieur dans laquelle il l'appelle à faire de la sécurité routière « une priorité absolue », en alertant contre des accidents de la route fatals et récurrents.

Car rien que durant les 13 premiers jours de septembre, au moins 28 personnes, parfois à peine âgées d'une vingtaine d'années, ont perdu la vie dans des accidents de la route, selon les chiffres du Centre de gestion du trafic au Liban (TMC). À titre de comparaison, durant tout le mois de septembre 2023, 40 décès ont été enregistrés par le TMC, et 26 pour l'année d'avant.

Rita, Joseph, Jocelyne...

« Un jeune homme en soins intensifs après un accident de la route », titrait le site Lebanon 24 mardi. La veille, le TMC signalait deux morts et 14 blessés suite à 13 accidents de la circulation en 24h. « De lourds bilans cette année », annonçait pour sa part le site tayyar.org, le jour-même.

Des victimes qui ont un nom et un visage. Comme celui de Rita Nacouzi, 28 ans, tuée le 10 septembre sur son siège passager alors qu'elle se trouvait en compagnie de son fiancé. Ou encore Joseph, son épouse Jocelyne, leurs enfants de quatre et deux ans, Michel et Elias, et leur neveu de 15 ans Majed, tués après la chute de leur véhicule dans un ravin de la vallée de la Kadicha à Bécharré, le mois dernier.

Si chaque accident tragique fait les gros titres des médias et ne laisse pas indifférent sur les réseaux sociaux, peut-on en déduire que les routes au Liban sont désormais plus mortelles que par le passé ?

Cette année, le nombre total de victimes d'accidents de la route s'élève à 270 morts à ce jour, selon l'association Yasa pour la sécurité routière, alors qu'il reste trois mois avant la fin de 2024. Selon les chiffres du TMC pour l'année en cours, 210 personnes ont perdu la vie depuis janvier 2024 à ce jour, sans compter le mois d'août dont les chiffres n'ont pas pu être fournis par le centre au moment de la publication de l'article. Pour la même période en 2023,  247 victimes ont été signalées.

Des chiffres sous-estimés ?

Mais ces chiffres ne reflètent que les décès survenus immédiatement après l'accident et n'incluent pas les victimes qui succombent à leurs blessures des jours ou même des mois plus tard, ce qui signifie que le nombre réel de décès est probablement plus élevé que ce qui est rapporté, prévient la Yasa.

« Tout cela est dû à la négligence et au chaos qui s'accumulent », affirme Ziad Akl, fondateur de l'association, à L'Orient Today. Depuis 2019, le Liban est aux prises avec une grave crise économique qui frappe de plein fouet les institutions publiques, notamment le ministère des Travaux, limitant leur capacité à entretenir les routes.

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Joe Daccache, vice-président de la Yasa, explique pour sa part le bilan assez lourd de cette année par une combinaison de facteurs, notamment les conséquences de l'effondrement économique, le manque d'entretien des routes et une loi rarement appliquée. Les forces de sécurité, par exemple, souffrent d'un manque de ressources qui limite leur capacité à faire respecter les lois. « Cela fait des années que nous mettons en garde contre ce scénario. Chaque année est pire que la précédente, et personne n'agit », se désole-t-il. Il note que le nombre d'accidents a tendance à augmenter durant l'été, car de nombreux expatriés retournent au Liban pour les vacances. « Le code de la route n'est pas appliqué. Lorsque (le ministre sortant de l'Intérieur Bassam) Maoulaoui a essayé de mettre en œuvre un plan de sécurité, il n'y a pas eu d'accident », rappelle Joe Daccache, faisant référence au plan lancé en mars dernier et à l'issue duquel de nombreux véhicules, notamment des deux roues, ont été confisqués.

Si elle reconnaît la responsabilité des Forces de sécurité intérieure dans la prévention des accidents, une source au sein de l'institution affirme que d'autres entités devraient aussi assumer la leur. « C'est une responsabilité partagée entre nous, le centre d'immatriculation des véhicules et le ministère des Travaux publics, qui entretient les routes », explique la source. « Lorsque nous avons tenté de faire appliquer la loi dans le cadre de notre plan de sécurité, nous nous sommes heurtés à une opposition généralisée », ajoute-t-elle, sans plus de détails.

Entretien des véhicules

Pour ne rien arranger, l'entretien des véhicules a lui aussi été affecté par la crise économique. « Même si les inspections des véhicules étaient en place, les gens n'ont tout simplement pas l'argent nécessaire pour réparer leurs voitures, ce qui contribue à l'augmentation du nombre d'accidents », explique Joe Daccache. « Le ministère des Travaux publics doit entretenir les routes, alors que notre rôle en tant qu'ONG est de sensibiliser la population. Si cela est fait correctement, il est possible de réduire le taux de mortalité sur les routes de 50 % », assure l'expert.

Le ministère a lancé une série des projets de réhabilitation de routes cette année, en particulier au cours des dernières semaines, couvrant des régions allant du sud jusqu'au nord, en passant par la Békaa. Toutefois, M. Daccache prévient que le revêtement des routes ne suffit pas. « Lorsque vous asphaltez une route, les gens roulent plus vite sur des axes qui manquent d'éclairage. Si le gouvernement n'a pas les moyens d'éclairer les autoroutes, on pourrait plutôt se concentrer sur des routes plus petites et bien entretenues, notamment avec de la peinture réfléchissante, moins chère et plus efficace pour l'éclairage », plaide-t-il. Il évoque en outre le problème de la distraction au volant, principalement due à l'utilisation du téléphone portable. « Les conducteurs ne se contentent plus d'envoyer des textos au volant, Ils enregistrent maintenant des vidéos en conduisant, ou passent des appels en visio ou se prennent en selfie », regrette-t-il.

Le ministère de l'Intérieur et le ministère des Travaux publics n'ont pas pu être joints dans l'immédiat pour un commentaire.

« Il faut agir vite. La situation est devenue intenable ! ». Ce cri, le journaliste Chadi Hiléné du site Akhbar Al Yawm l'a lancé mardi dans une lettre ouverte au ministre sortant de l'Intérieur dans laquelle il l'appelle à faire de la sécurité routière « une priorité absolue », en alertant contre des accidents de la route fatals et récurrents.Car rien que durant les 13...
commentaires (6)

J’ai arrêté de conduire mon scooter depuis peu a cause des psychopathes sur les routes. Je n’exagère pas quand je dis que 80% des conducteurs sont sur leur téléphone, et ils s’offusquent si vous avez l’outrecuidance de klaxonner pour leur indiquer votre présence ou leur demander de poser leur téléphone puisqu’ils conduisent sur la voie de gauche a 40 a l’heure…

Ventre-saint-gris

15 h 18, le 14 septembre 2024

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Commentaires (6)

  • J’ai arrêté de conduire mon scooter depuis peu a cause des psychopathes sur les routes. Je n’exagère pas quand je dis que 80% des conducteurs sont sur leur téléphone, et ils s’offusquent si vous avez l’outrecuidance de klaxonner pour leur indiquer votre présence ou leur demander de poser leur téléphone puisqu’ils conduisent sur la voie de gauche a 40 a l’heure…

    Ventre-saint-gris

    15 h 18, le 14 septembre 2024

  • Les routes au Liban tuent !!!!! Mais malheureusement les comportements des libanais tuent beaucoup plus.!!!! Ils ne respectent rien. Absolument rien. Le feu rouge c’est pour les chiens . La ceinture de sécurité est inconnue des bataillons. Priorité à droite, on ne connaît pas. La conduite au Liban c’est à l’image du pays. Malheureusement les libanais ne respectent rien. Je viens une fois par an an Liban et je constate que les libanais détruisent tout simplement leur pays. C’est tellement TRISTE. Mais que peut on demander au peuple , si les soi-disant responsables ne respectent rien non plus.

    Elias

    18 h 18, le 13 septembre 2024

  • Il y a des routes dangereuses et ca m’étonne qu’il n’y ait pas plus de victimes notamment à Quadicha. Voici quelques années, j’ai voulu aller à Wadi Kannoubine. Je n’ai plus jamais osé y aller depuis. Une route étroite , dangereuse et mortelle !!! En revanche, ces cas cités dans votre article concernant le jeunes de 20 ans env… il se pourrait que la vitesse en soit la cause ?? Paix à leurs âmes.

    LE FRANCOPHONE

    14 h 37, le 13 septembre 2024

  • C'est terrible : On dirait que tous les chauffeurs de ce pays se droguent avant de prendre le volant ! Il est urgent que notre armée elle-même , déjà submergée , s'occupe en priorité du trafic routier et l'organise en le contrôlant drastiquement . Il n'y a pas d'autre solution .

    Chucri Abboud

    13 h 49, le 13 septembre 2024

  • Non. Ce ne sont pas les routes qui sont devenues plus mortelles mais les Libanais qui deviennent plus suicidaires. Le problème est là. De nombreux Libanais conduisent à tombeau ouvert pour se défouler et libérer leurs pulsions les plus sauvages, sans aucun respect pour autrui et sans tenir compte des consignes élémentaires du code de la route, se souciant peu du grave danger qu’ils présentent aux autres sur la route et à eux-mêmes. Ne pouvait-on pas lire hier dans votre journal que les deux-tiers des Libanais présenteraient au moins un trouble mental? CQFD. Pas besoin d'en d'en dire plus.

    Hippolyte

    12 h 33, le 13 septembre 2024

  • Toutes ces morts évitables comme tant d’autres, ne sont jamais comptabilisées et aucune plainte n’a été déposée contre cet état foireux qui se croit au dessus des lois et ne fait rien pour arrêter ce massacre. Oui ceci est un massacre comme un autre. Sans parler des libanais qui souffrent du manque d’eau et d’électricité qui sont source de vie, dont le manque les mène à une dépression, et auxquelles les libanais n’ont toujours pas accès à cause de ces impotents, corrompus au pouvoir. Eux ne manquent de rien alors pourquoi en faire une histoire?

    Sissi zayyat

    12 h 14, le 13 septembre 2024

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