Plusieurs banques vandalisées au nord de Beyrouth par un groupe de déposants

Façades brisées et taguées, distributeurs de billets incendiés... Près de 200 déposants libanais s'en sont pris jeudi matin à des banques du quartier de Dora, dans le nord de Beyrouth, afin de réclamer « que leurs économies volées leur soient rendues », a revendiqué Moussa Agathy, porte-parole de l'association « Le cri des déposants », auprès de L'Orient-Le Jour.

Une série d'actes de vandalisme qui intervient après un sit-in qui était prévu dans le centre-ville de Beyrouth en matinée, et près de deux ans après qu'une série de casses dans des banques, menées par des déposants qui voulaient accéder à leurs propres fonds, ont marqué l'actualité. 

Selon des témoins ayant assisté à la scène et interrogés par notre journaliste Philippe Hage Boutros, une cinquantaine de déposants en colère s'en sont d'abord pris à la Banque libano-française, l'Arab Bank, la BBAC, la Federal Bank (dont l'agence est fermée dans ce quartier) et la banque des Emirats et du Liban, avant de se diriger vers le rond-point de Dora pour s'attaquer à une branche de la Bank of Beirut. Ils ont toutefois été coupés dans leur élan par l'armée et les forces de sécurité, qui les en ont empêchés. 

M. Agathy a souligné que d'autres enseignes ont également été ciblées par les manifestants, notamment la Lebanese Swiss Bank.

Quatre bus de manifestants

« Quatre bus ont transporté plus de 200 personnes de la place des Martyrs, dans le centre-ville, où nous avions organisé un sit-in, vers Dora », a-t-il expliqué. Il a indiqué que cette action coup de poing vise à « exiger le retour de nos dépôts volés » ainsi qu'une solution à la question des restrictions bancaires. 

Des groupes de déposants libanais dénoncent les restrictions illégales imposées par les banques locales sur les retraits et les transferts depuis 2019. Depuis 2022, une série de braquages de banque, parfois musclés, menés par des déposants souhaitant accéder à leur argent, ont eu lieu, mais ce phénomène a depuis fortement décliné. Jusqu'à présent, les manifestations et actions menées par les groupes de déposants n'ont pas eu d'impact sur le secteur. 

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Lors de la manifestation de la matinée sur la place des Martyrs, plusieurs personnalités politiques étaient présentes, notamment les députés issus de la contestation Najat Saliba Aoun et Melhem Khalaf, ainsi que le ministre sortant des Déplacés, Issam Charafeddine.

« Poussés dans la misère »

Parmi les manifestants se trouvaient également deux déposants, un frère et une sœur d'environ 70 ans, qui réclament leurs économies de la Bank of Emirates and Lebanon, qui appartient à la Bank of Sharjah, a raconté à notre publication Moussa Agathy. Ces deux Libanais « qui ont travaillé l'un dans le secteur du bâtiment et l'autre comme enseignante pendant 30 ans sont victimes de la Bank of Emirates and Lebanon », a accusé le porte-parole. La banque « a volé les économies qu'ils avaient mises de côté toute leur vie, les poussant dans la misère, alors qu'il s'agit d'une banque émiratie qui a des branches dans le monde entier et donne leur argent à ses déposants partout, sauf au Liban ». Selon M. Agathy, ils ont actuellement besoin de soins médicaux urgents mais sont incapables de les payer, faute d'accès à leur argent. « C'est une histoire parmi tant d'autres, qui nous a poussés à agir aujourd'hui », selon M. Agathy. 

L'Orient-Le Jour a tenté, en vain, de contacter le service de presse de la Bank of Emirates and Lebanon pour un commentaire. 

Ce nouveau sit-in de déposants intervient alors que le gouvernement planche actuellement sur un nouveau plan de restructuration bancaire et de restitution des dépôts. Selon ce plan, qui a reçu l'aval de plusieurs banques, ces dernières ne seraient tenues de rembourser qu’une somme de moins de 9 milliards de dollars en espèces sur une période de 11 ans, alors que le total des dépôts s’élève à 86 milliards de dollars.