Raï estime que le Liban "recule", Kabalan appelle au consensus sur la présidentielle

Le patriarche maronite Béchara Raï a déploré, dans son homélie dominicale, le fait que le Liban « recule » alors qu’il se trouve en situation de vacance présidentielle depuis octobre 2022. « Voila bientôt deux ans que le Liban est sans président de la République. La parole de Dieu libère, unit et rassemble. Si seulement chaque responsable écoutait la parole de Dieu, il pourrait changer bon nombre de ses positions négatives, la première étant l’obstruction à l’élection d’un président », a-t-il ajouté.

Le cardinal Raï faisait référence aux 12 tentatives avortées du Parlement libanais d’élire un successeur à Michel Aoun depuis la fin de son mandat le 31 octobre 2022. La dernière d’entre elles remonte à juin 2023. Le Hezbollah et le mouvement chiite Amal soutiennent le chef du courant des Marada, Sleiman Frangié, pour la présidence et ont à chaque fois provoqué un défaut de quorum poru empêcher l’élection de tout autre candidat. Le Courant patriotique libre (CPL, aouniste), ainsi le camp de l’opposition ont, lors de la dernière séance, soutenu l’ancien ministre Jihad Azour.

Pays « en proie à la cupidité et à l’ignorance »

Pour sa part, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a fait valoir dimanche que les dirigeants libanais avaient « ignoré les droits du peuple et le salut du pays ». « Les dirigeants du Liban poursuivent leurs propres intérêts et creusent le fossé pour échapper à toute responsabilité », a-t-il dit. « Les tambours de la guerre résonnent, l’angoisse sur le sort du peuple libanais envahit les vies, et le pays est sans président capable de diriger le processus de sauvetage et de réforme, de défendre ses droits, et de le représenter à la table des négociations. Le pays manque également d’un gouvernement efficace capable de gérer la situation et de suivre les développements », a averti Mgr Audi avant d’exhorter les citoyens à « se réveiller de l’influence du sectarisme et du suivisme partisan, et à ne pas perdre de vue que leur pays est en proie à la cupidité et à l’ignorance ».

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Le Hezbollah et Israël se livrent depuis des mois à des hostilités quasi quotidiennes le long de la frontière libano-israélienne, parallèlement à la guerre menée par l’État hébreu à Gaza. Les récents assassinats du commandant militaire en chef du Hezbollah, Fouad Chokr, dans la banlieue sud de Beyrouth, et du leader politique du mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyé, à Téhéran, font craindre une guerre totale entre les deux parties, voire une guerre régionale. Tant le Hezbollah que l’Iran ont juré de riposter sévèrement à ce double assassinat.

Dans ce contexte, le mufti jaafarite Ahmad Kabalan, considéré comme le porte-parole officieux du Hezbollah et du mouvement Amal, a prononcé un discours dimanche, appelant à « un consensus présidentiel qui affirme les intérêts nationaux du Liban et la nature de la décision politique libre contre Washington et l’Occident », rapporte l’agence nationale d’information. Et d’ajouter : « Le pays est actuellement au cœur d’une guerre historique, l’effort de guerre est immense et la région en ébullition. Le Liban-Sud ainsi que toutes les zones de combat et le tandem de la résistance paient les plus grands et les plus lourds tributs, avec en arrière-plan la souveraineté et l’éthique. Ce que nous voulons, c’est la force du Liban, son partenariat et la protection de sa décision politique. » Le dignitaire religieux a déclaré que le minimum attendu en ce moment critique est « un terrain de rencontre avec le tandem (chiite Hezbollah-Amal) autour d’un consensus qui reconnaît la réalité des intérêts nationaux du Liban ». Le cheikh Kabalan estime toujours que le président du Parlement, Nabih Berry, est « la porte d’entrée de tout arrangement présidentiel », tout en accusant ses adversaires de sectarisme. Nabih Berry conditionne la convocation d’une nouvelle séance électorale à la tenue d’un dialogue national sous son égide, ce que l’opposition (surtout chrétienne) refuse catégoriquement.