Un artisan mensuisier de Tripoli en train de couper un panneau de bois. Le projet pilote annoncé par la BM va bénéficier à des familles d'artisans inscrits bénéficiant du programme ESSN. Photo d'illustration/P.H.B.
Le ministère libanais des Affaires sociales, la Fondation René Moawad et la Banque mondiale (BM) ont lancé un projet pilote visant à améliorer les conditions de vie de « 1.500 ménages libanais » qui sont déjà bénéficiaires du filet de sécurité sociale d'urgence, aussi connu sous le nom d’ESSN ou programme Aman, que l’organisation issue des accords internationaux de Bretton Woods finance également depuis 2021.
Selon le communiqué de la BM, le nouveau projet, lancé jeudi, est intitulé Productive Economic Inclusion in Lebanon (PEIL). Il doit s’étendre sur une période allant de 12 à 18 mois et est financé par un don de 2,7 millions de dollars octroyé par le Fonds japonais de développement social (ou JSDF, pour l’acronyme anglais), un programmé lancé en 2000 par le gouvernement japonais et la BM. Ce don va servir à financer « un ensemble de services visant à améliorer les revenus, le bien-être et la résilience » des ménages visés.
Le projet s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de protection sociale adoptée par le gouvernement libanais en février dernier avec des financements de l’Union européenne (UE) et du gouvernement des Pays-Bas. La Fondation René Moawad a été sélectionnée à l’issue d’un « processus concurrentiel » pour le mettre en œuvre « sous la direction générale du ministère des Affaires sociales ».
Activité indépendante
D’après les informations fournies par un porte-parole de la Fondation, le processus de sélection va durer environ deux mois, et les 1.500 familles bénéficiaires seront en priorité composées de personnes à la recherche d'un emploi ou occupant des activités indépendantes, notamment dans l’agriculture, l’agroalimentaire ou l’artisanat. Ces personnes devront être âgées de 18 à 35 ans et être au moins passées par les bancs de l'école élémentaire. Les personnes qui assurent les revenus de la famille, ou celles qui font partie d'une famille dont certains membres sont âgés ou ont des besoins spécifiques, seront sélectionnées en priorité.
Le profil détaillé de l'emploi et des compétences des bénéficiaires sélectionnés, ainsi que leurs débouchés sur le marché local, seront également pris en compte. Ils auront ensuite accès à des formations pour améliorer leurs compétences et leur capacité à gérer leurs finances, ainsi que du matériel et des outils adaptés à leur activité. Ils bénéficieront aussi d’un soutien pour créer leur entreprise, entre autres.
« Une fois terminé, les résultats du projet pilote seront évalués afin de déterminer s'il est possible de l'étendre et de le reproduire », ont précisé les auteurs du communiqué. Selon la BM, 94.000 familles bénéficient actuellement du programme ESSN dans lequel l’organisation a débloqué 550 millions de dollars ne trois temps depuis 2021, qui n’ont pas encore été entièrement dépensés.
« Ce projet pilote PEIL constitue un point d'entrée pour un engagement plus large sur l'autonomisation économique des bénéficiaires de l'aide sociale, afin de les aider à passer des transferts d'argent du gouvernement à des moyens de subsistance durables », affirment les auteurs du communiqué.
Le Liban est en crise socio-économique depuis 2019 et vit dans une incertitude encore plus grande depuis le début du conflit israélo-palestinien à Gaza qui a éclaté le 7 octobre 2023 et commencé à déborder dès le lendemain au Liban-Sud. En mai dernier, la BM a estimé que le taux de pauvreté au Liban avait atteint 44 % de la population en 2022, et touchait un Libanais sur trois, soit le triple de ce taux mesuré en 10 ans.