Une chaise flottante sur l’eau pour rendre les plages balnéaires libanaises accessibles aux handicapés, tel est le défi que vient de relever avec succès l’Association Socking Clumsy avec le soutien de ses partenaires, parmi lesquels l’Opération 7e jour (O7) de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. « L’Automobile Touring Club du Liban (ATCL) a été la première station balnéaire à répondre favorablement au projet, le finançant de A à Z, aménageant un espace de rampes, de pentes et d’ascenseurs depuis l’accès du parking jusqu’à la mer », précise Charbel Gemayel, fondateur de Socking Clumsy, dont le but est d’arriver à rendre une dizaine de plages accessibles dans tout le pays. Une seconde chaise verra le jour bientôt au Bain militaire, également ravi de pouvoir offrir ce service aux militaires et aux familles de l’armée. Un projet pour lequel le jeune homme a dû longuement batailler afin de combattre « le désintérêt et le manque d’éducation de certains responsables envers la condition des personnes ayant des handicaps ».Au-delà de cette chaise flottante, Charbel Gemayel a voulu par-dessus tout « éveiller les responsables et la population sur cet espace urbain où rien n’est prévu pour faciliter la vie aux personnes atteintes d’infirmité ». « Au Liban, des millions de personnes ne peuvent accéder facilement aux infrastructures publiques et privées en toute autonomie, du fait de leur conception architecturale : trottoirs encombrés et non adaptés aux personnes à mobilité réduite, absence de rampes ou de pentes, moyens de transport inaccessibles ou même inexistants… Se déplacer sur une distance de quelques mètres est un parcours du combattant pour toutes les personnes atteintes d’une infirmité motrice », déplore encore le jeune homme qui vit lui-même cette situation au quotidien et qui refuse de baisser les bras. Diagnostiqué de la maladie génétique Charcot Marie Tooth (CMT), il y a trois ans, il a fait de cette pathologie relativement rare son combat et son message dans la vie. En octobre 2020, entouré de personnes qui croient aux mêmes valeurs que lui, il crée son association Socking Clumsy, « un projet social qui sensibilisera les gens contre les effets de cette maladie qui affecte les nerfs périphériques et attaque la mobilité des membres, certes, mais surtout éveillera la société sur les difficultés que rencontre toute personne handicapée qui n’a pas sa place dans la société », affirme-t-il. Accompagné des volontaires de son association, Charbel Gemayel va au-devant des villes et des villages, sensibilise les responsables des municipalités sur les difficultés que rencontrent les personnes ayant des difficultés motrices, les aidant à réaménager leurs localités en mettant en place plusieurs dispositifs : rampes, pentes… dans les endroits les plus fréquentés tels que les églises, les pharmacies, les restaurants, etc., pour aider les adultes en situation de handicap dans leur vie quotidienne.
Vente de chaussettes et donateurs de l’ombre
Deux ans après le lancement de Socking Clumsy, en partenariat avec UN Global Compact Network Lebanon et les étudiants volontaires de l’O7 de l’USJ, Charbel Gemayel lance son premier projet, « Heal », une compétition nationale auprès de plus de 20 écoles libanaises demandant aux élèves de créer des motifs pour des paires de chaussettes. « Le but de cette compétition était de financer ultérieurement tous les projets de Socking Clumsy », explique Joe Hatem, coordinateur de l’Opération 7e jour (07), précisant que l’USJ a toujours cherché à engager les étudiants dans le mode du bénévolat pendant leur formation universitaire. Les étudiants de l’École supérieure des arts et techniques de la mode (ESMOD) ont été chargés de trier, sélectionner et réaliser les dessins sur les chaussettes, tandis que les bénévoles de l’O7, en association avec l’équipe de Socking Clumsy, se sont occupés de l’organisation et de la communication de cette compétition. Le projet connaît un vif succès. « C’est la vente des chaussettes et les donateurs de l’ombre, qui constituent un très grand soutien à notre cause, et nous permettent de financer tous nos projets », confie Charbel Gemayel qui avoue que réaliser tous ses rêves relève d’un long combat dans un pays où rien n’est prévu pour permettre aux personnes ayant une mobilité réduite de bénéficier des plus simples plaisirs de la vie, à l’instar de cette étendue bleue dont ils sont privés, mais surtout où le regard des personnes envers la condition des handicapés laisse encore à désirer !
Michel, ne sois pas rabat-joie! Même les handicapés riches ont droit au bonheur
16 h 12, le 05 juillet 2024