
Une rue commerçante de Bourj Hammoud, quartier situé à l'entrée nord de Beyrouth, le 11 mai 2024. Photo : P.H.B.
Avec un recul d’un petit dixième en un mois qui le ramène à 47,8 points, l’indice des directeurs d’achats au Liban (PMI pour Purchasing Managers' Index) a conclu un mois de juin riche en incertitudes sur le plan sécuritaire qui ont déjà obligé le secteur privé à revoir ses ambitions à la baisse pour la saison estivale qui débute.
Développé par Blominvest, le PMI libanais continue donc de baisser mais sans encore décrocher, malgré la montée des tensions entre le Hezbollah et Israël à la frontière entre le Liban-Sud et le nord de l’État hébreu et le fait qu’une poignée d’ambassades ont appelé leurs ressortissants à quitter le Liban, par mesure de précaution.
Après trois mois de baisse consécutive, l'indice reste bien au-dessus de ses pires niveaux atteints ces dernières années, soit 30,9 points, atteint en avril 2020, lors de la première année de crise qu'a traversé le pays.
Ali Bolbol, responsable du département de recherche économique chez BlomInvest, n’est « pas surpris » par cette trajectoire, comme il l’explique dans le rapport joint avec la dernière actualisation de l’indice.
« Cercle vicieux de crises »
« Le déclin de la production du secteur privé est dû à une demande intérieure et internationale plus faible, motivée par une instabilité politique prolongée et des préoccupations sécuritaires liées à une guerre totale potentielle entre le Hezbollah et Israël. Comme si cela ne suffisait pas, les prix ont également augmenté, en raison de la hausse des coûts d'expédition et des matières premières » développe-t-il. Selon un rapport de la Banque mondiale publié en avril, « les prix des matières premières devraient globalement se stabiliser en 2024. Selon les prévisions de la Banque mondiale, une légère baisse est attendue entre 2024 et 2025, mais les niveaux resteront supérieurs à ceux d'avant la pandémie ».
Ali Bolbol ajoute que « le seul indicateur satisfaisant est que l'emploi est resté stable - peut-être un signe que les employeurs espèrent que le tourisme pourra donner un coup de fouet à l'économie. » Il conclut en considérant « navrant » que le pays « semble enfermé dans un cercle vicieux de crises sans fin ».
Publié par Blominvest, le PMI est calculé comme la moyenne pondérée de cinq composantes, dont les nouvelles commandes, la production, l'emploi, les délais de livraison des fournisseurs et les stocks d'achats. Les valeurs supérieures à 50 reflètent une amélioration de la conjoncture, tandis que les valeurs inférieures à 50 signalent une détérioration des activités commerciales. Plus la valeur du PMI s’éloigne de 50, plus la tendance est prononcée.
Parmi les évolutions des sous-indices les plus notables, les nouvelles commandes continuent leur chute démarrée en mars passant de 46,1 à 45,9 points ; mais celles destinées à l’export regagnent un peu de terrain, passant de 46,2 à 46,4 points sur la même période.