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Dernières Infos - Réfugiés

Un Aïd sous une tente, la faim au ventre pour les Afghans rentrés du Pakistan

Des femmes afghanes vêtues d'une burqa achètent des fruits secs sur un marché de Kandahar, le 15 juin 2024, à la veille de la fête musulmane de l'Aïd al-Adha. Photo AFP/SANAULLAH SEIAM

"C'est comme si on passait l'Aïd en prison": en Afghanistan, à la frontière avec le Pakistan qu'il a dû traverser il y a sept mois par peur d'une expulsion, Jan Mohammad a le coeur lourd pour la plus importante fête musulmane.

Installé sous une tente à Moye Mubarak avec à peine de quoi nourrir ses six enfants, cet Afghan de 30 ans n'est toujours pas parvenu à refaire sa vie dans son pays où, comme lui, des centaines de milliers de réfugiés ont dû rentrer précipitamment depuis l'an dernier.

"On n'a pas un sou pour cet Aïd al-Adha et on ne peut rien faire. On remercie Dieu d'être encore en vie mais, des fois, on le regrette", affirme-t-il à l'AFP.

Dans les autres villages de la province de Nangarhar où il a échoué à la fin de l'année dernière, dit-il, "les enfants ont de beaux habits, des chaussures" en ce jour d'Aïd où, selon la tradition musulmane, on égorge un animal et on offre de nouveaux vêtements aux enfants.

"Je pleure dans mon coin" 

"Mes enfants à moi n'ont rien de bon à manger, pas d'habits, pas de chaussures", se lamente celui qui n'a jamais pu retrouver de travail après avoir abandonné son poste d'éducateur sportif au Pakistan. 

"C'est très dur de se sentir impuissant, ça me brise le coeur, je reste dans mon coin et je pleure", poursuit-il.

Sous la tente voisine, Sang Bibi, elle, peine à trouver des habits, même déjà usés, pour les sept membres de sa famille.

"On quémande les vêtements des morts, ou ceux d'autres gens, et on les porte, on ne peut rien faire d'autre", se lamente cette veuve de 60 ans.

L'automne dernier, Islamabad avait donné aux 1,7 million d'Afghans vivant en situation irrégulière sur son territoire jusqu'au 1er novembre pour quitter d'eux-mêmes le pays, sans quoi ils seraient expulsés.

Dans la foulée, des centaines de milliers de réfugiés étaient rentrés d'Iran et du Pakistan --dont certains n'avaient jamais vu l'Afghanistan, parfois depuis plusieurs générations. 

Selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés, l'Afghanistan compte le troisième contingent d'exilés du monde avec huit millions de ressortissants dans 103 pays.

Pour accueillir les Afghans de retour dans le pays ravagé par la pauvreté, quatre décennies de guerre et des catastrophes liées au changement climatique de plus en plus fréquentes, le gouvernement taliban n'a pu débloquer que peu de fonds. 

Depuis que les talibans ont pris le pouvoir à l'été 2021, seule une infime partie de l'aide internationale parvient jusqu'en Afghanistan, de fait exclu également du commerce mondial, loin de suffire aux immenses besoins des plus de 40 millions d'habitants.

"On a faim" 

N'empêche, "les autorités doivent nous aider à trouver des abris", plaide auprès de l'AFP Sana Gul, qui survit sous une tente avec son mari et leurs deux filles. 

"Depuis qu'on a quitté le Pakistan, on vit sous une bâche", renchérit son époux Gul. "On n'a même pas de pain à se mettre sous la dent. Mes enfants et moi, on a faim".

Durant l'Aïd, la tradition veut que les membres plus aisés des familles offrent un repas aux plus démunis --généralement une ration de viande de l'animal sacrifié pour la fête qui marque la fin du hajj, le pèlerinage annuel à La Mecque.  

Mais les Afghans revenus au pays bloqués à Nangarhar, eux, sont condamnés à regarder passer les familles de retour des pâtisseries les bras chargés de gâteaux ou les hommes transportant des carcasses de chèvres et autres moutons. 

Ici, personne ne les connaît. Après des années, ou même une vie entière au Pakistan, ils n'ont plus dans leur pays ni famille ni réseau de solidarité.

"C'est comme si on passait l'Aïd en prison": en Afghanistan, à la frontière avec le Pakistan qu'il a dû traverser il y a sept mois par peur d'une expulsion, Jan Mohammad a le coeur lourd pour la plus importante fête musulmane.

Installé sous une tente à Moye Mubarak avec à peine de quoi nourrir ses six enfants, cet Afghan de 30 ans n'est toujours...