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Politique - Focus

Certaines municipalités au Liban restreignent les déplacements des Syriens : est-ce légal ?


Certaines municipalités au Liban restreignent les déplacements des Syriens : est-ce légal ?

Des réfugiés syriens attendent de l'aide après qu'un incendie a détruit leur camp près de Tripoli, au Liban. le 30 décembre 2020. Photo d'archives João Sousa

Depuis le meurtre de Pascal Sleiman, cadre des Forces libanaises à Jbeil, le 7 avril par un gang syrien de voleurs de voitures, selon l’armée libanaise, les actes de violence à l’encontre des migrants syriens au Liban se sont multipliés dans certaines régions. Mais pas seulement. Plusieurs municipalités ont depuis émis des décrets restreignant notamment leurs déplacements, avec en toile de fond l’appel de plus en plus audible de responsables politiques au rapatriement de ces ressortissants. Ainsi, la municipalité de Jeb Jannine (Békaa), qui n’a pas répondu à nos sollicitations, a publié dès le lendemain du meurtre de Pascal Sleiman une note demandant aux Syriens de rester chez eux et de fermer leurs magasins.

D’autres ont suivi – bien que le nombre exact de municipalités dans ce cas ne soit pas clair – ou même précédé, à l’instar de Beit el-Chaar (Metn) qui avait affiché plusieurs mois durant des bannières dans le village imposant aux « étrangers » l’interdiction de se déplacer chaque nuit, entre 20h et 6h. Des bannières, situées entre autres à l’entrée du village et sur sa place principale, qui « n’ont aucun effet (légal) », a justifié le maire de Beit el-Chaar, Adib Salmoun, à L’Orient Today, précisant toutefois qu’il n’était pas au courant de leur existence… Dans la localité de Lala également, dans la vallée de la Békaa, la municipalité a récemment annoncé de nouvelles restrictions sur les déplacements de Syriens. Le maire, Nasser Rahal, a affirmé ne pas pouvoir mettre en œuvre de telles décisions sans le soutien de l’État, notamment des « forces de sécurité ».

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Mais les autorités libanaises ont-elles le droit d'adopter ces mesures à l'encontre des quelque 1,5 million de Syriens vivant au Liban, dont environ 800 000 sont des réfugiés enregistrés auprès de l'ONU ?

 « Campagne raciste »
Pour Nadine Kheshen, avocate des droits de l'homme, ces décrets municipaux vont tout bonnement à l'encontre de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, datant de 1969 et à laquelle le Liban est signataire. Cette convention interdit notamment la discrimination basée sur « l'origine nationale ou ethnique ». « Certaines circonstances autorisent des restrictions de mouvement, comme un état d’urgence », explique-t-elle, à l’instar des périodes de confinement lors de la pandémie de Covid-19. « Mais cette politique s'applique alors à tout le monde, sans discrimination raciale », explique-t-elle. Selon elle, les municipalités utiliseraient ce genre de décrets dans le but de faire pression sur la communauté internationale pour obtenir un financement plus conséquent dans le cadre de sa réponse à la crise, « étant donné que le gouvernement dit lui-même que les fonds actuels sont insuffisants », précise l’avocate.

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« Plusieurs acteurs de la scène publique au Liban attribuent la crise économique aux réfugiés pour mettre la pression sur le dossier », déclare de son côté Mohammad Sablouh, avocat des droits de l'homme qui représente des réfugiés syriens au Liban. « Le gouvernement met également la pression sur la communauté internationale pour lui donner de l'argent au risque de faire exploser le problème au sein même du pays », ajoute-t-il, qualifiant néanmoins les restrictions récentes comme faisant partie d’une « campagne raciste » contre les Syriens. « Parfois, cela vient des ministres. Chaque fois qu'il se passe quelque chose, le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, accuse les Syriens. En faisant cela, il encourage les campagnes violentes contre les Syriens », dénonce l’avocat. Jeudi dernier, ce même ministre a de fait appelé les Syriens sans « raisons sécuritaires » pour lesquelles ils resteraient au Liban à partir. Bassam Maoulaoui a toutefois souligné être contre les représailles violentes à l’encontre des Syriens. 

Depuis le meurtre de Pascal Sleiman, cadre des Forces libanaises à Jbeil, le 7 avril par un gang syrien de voleurs de voitures, selon l’armée libanaise, les actes de violence à l’encontre des migrants syriens au Liban se sont multipliés dans certaines régions. Mais pas seulement. Plusieurs municipalités ont depuis émis des décrets restreignant notamment leurs déplacements,...

commentaires (1)

1, 5 millions de Syriens + 500.000 Palestiniens+ d'autres...C'est presque autant que les Libanais dans un Liban en crise, divisé et dirigé par une crasse politique effroyable. Comment cette situation tient elle encore ? La Viege doit veiller sur ce pays. Et il existe encore et toujours des associations pour défendre des étrangers là où les Libanais sont en danger, à tous les niveaux, ches eux ? C'est absurde ! Comment faire pour que ces populations retournent chez elles sans risquer leur vie ? Et pour le salut du Liban !

Nicolas ZAHAR

22 h 06, le 24 avril 2024

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Commentaires (1)

  • 1, 5 millions de Syriens + 500.000 Palestiniens+ d'autres...C'est presque autant que les Libanais dans un Liban en crise, divisé et dirigé par une crasse politique effroyable. Comment cette situation tient elle encore ? La Viege doit veiller sur ce pays. Et il existe encore et toujours des associations pour défendre des étrangers là où les Libanais sont en danger, à tous les niveaux, ches eux ? C'est absurde ! Comment faire pour que ces populations retournent chez elles sans risquer leur vie ? Et pour le salut du Liban !

    Nicolas ZAHAR

    22 h 06, le 24 avril 2024

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