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Politique - Décryptage

Pourquoi Bassil a fait un pas en direction de Berry


Avec la tenue de la séance législative le 25 avril, le dialogue récemment établi entre le Courant patriotique libre et le mouvement Amal en la personne de son chef, le président du Parlement, revient à l’ordre du jour. En effet, en dépit de son opposition à tout ce qui pourrait donner l’impression de marginaliser le rôle de la présidence de la République, le CPL s’apprête à participer à cette séance principalement destinée à proroger d’un an le mandat des conseils municipaux. Le CPL assurera ainsi à la fois le quorum requis et le respect de ce qu’on appelle « la démocratie consensuelle », à travers une couverture chrétienne de poids, pour la tenue de cette séance. Les adversaires de Gebran Bassil, notamment les Forces libanaises, commencent d’ailleurs à l’attaquer sur ce point en mettant l’accent sur le fait qu’« une fois de plus, il balaye les principes qu’il clame haut et fort pour servir des intérêts étroits », en initiant ainsi un rapprochement avec Nabih Berry.

Pourtant, les milieux proches du CPL refusent tout lien entre le lancement d’un nouveau dialogue avec le président de la Chambre et la participation à la séance du 25 avril. Selon ces milieux, le CPL a toujours reconnu le fait que malgré la vacance présidentielle, il faut assurer ce qu’on appelle « la législation d’urgence » au Parlement qui bénéficie d’une totale légitimité ayant été élu en 2022. Or qu’y a-t-il de plus urgent que la prorogation du mandat des conseils municipaux qui expire le mois prochain, d’autant qu’après la visite d’une délégation du parti au ministre de l’Intérieur, il est apparu que l’organisation du scrutin est très difficile dans les circonstances actuelles ?

Par contre, le dialogue lancé avec Nabih Berry, dont le député Ghassan Atallah a pris la charge, s’inscrit dans une tout autre optique. Selon les sources proches du CPL, Bassil sent depuis quelque temps que le courant aouniste est victime d’une sorte de campagne d’élimination politique. Un peu comme c’était le cas en 2005, lors du retour d’exil du général Michel Aoun qui a été accueilli par le fameux « accord quadripartite » entre Amal, le PSP, le Hezbollah et le courant du Futur (et les FL indirectement) pour l’empêcher de remporter les législatives du mois de mai de la même année. Les élections terminées, et le CPL ayant obtenu le plus grand nombre de sièges chrétiens, Aoun a décidé de contourner l’isolement politique qui lui était infligé en ouvrant un dialogue avec le Hezbollah qui a abouti en février 2006 à l’entente de Mar Mikhaël.

Aujourd’hui, Bassil a essayé de surmonter ce qu’il considère être une campagne lancée contre son parti et contre lui en particulier en proposant un dialogue à toutes les parties. Il s’est heurté à un blocage de la part des grandes formations. Il a tenté de recourir à Bkerké, qui a rapidement montré les limites de son action, ne parvenant pas à convaincre les FL d’adopter le document politique préparé sous sa houlette. Bassil a donc repris la tactique qui avait été adoptée en 2005 en surprenant les différentes composantes internes par une initiative en direction de Nabih Berry. Ce qui était donc impensable il y a quelques mois encore, en raison de l’ampleur du fossé entre Amal et le CPL, a finalement eu lieu à travers l’établissement d’un dialogue sérieux, de l’avis des deux parties. Si le CPL a fait preuve d’esprit d’initiative, il faut préciser qu’Amal a, pour sa part, accueilli favorablement cette idée.

C’est que le moment de l’établissement de ce dialogue est utile pour les deux parties. Pour Berry, qui a besoin d’une couverture chrétienne importante pour toutes ses démarches parlementaires, la participation du CPL lui facilite la tâche et lui évite aussi de devoir dialoguer avec les FL qui prennent de plus en plus des positions en flèche contre le Hezbollah. En même temps, c’est probablement une satisfaction certaine pour lui de nouer un dialogue avec le CPL, qui ne lui a pas ménagé ses critiques au cours de ces dernières années. Il faut aussi ajouter le fait que ce dialogue peut donner une nouvelle dynamique à l’action de l’État à un moment particulièrement délicat pour le Liban et la région.

Du côté du CPL, cette initiative lui redonne un rôle de poids sur la scène interne, alors qu’il a le sentiment que son principal rival (les FL) cherche à l’isoler pour mieux « l’avaler ». De plus, elle s’inscrit dans le cadre de sa politique de privilégier le dialogue avec toutes les composantes. De son point de vue, le CPL marque ainsi un point sur les FL et s’impose comme un facteur d’unité, face à tous ceux qui œuvrent pour le démembrement du tissu social interne. En même temps, cette initiative lui permet de contourner le froid qui plane sur ses relations avec le Hezbollah, qui l’a peut-être servi sur le plan populaire chrétien tout en limitant son importance sur le plan national. En effet, depuis la fin du mandat présidentiel le 31 octobre 2022 et l’adoption par le tandem chiite de la candidature de Sleiman Frangié, les relations entre le CPL et le Hezbollah se sont extrêmement tendues. Les cadres du CPL n’ont pas ménagé leurs critiques à la formation chiite, certains ont même parlé de « coup de poignard dans le dos ». S’il est certain que les divergences sont profondes, les relations auraient pu ne pas se détériorer de cette façon spectaculaire si les bases respectives des deux camps ne s’en étaient pas mêlées, au point que tout rapprochement est devenu difficile. En pacifiant ses relations avec Berry, Bassil ouvre ainsi la voie à une amélioration des relations avec le Hezbollah, sachant qu’en réalité, il n’a jamais voulu aller jusqu’à la rupture, mais plutôt prendre un peu de distance à l’égard de cette formation, pour se positionner au centre. Pour toutes ces raisons, le dialogue en cours entre le CPL et Amal est appelé à se poursuivre et même à porter quelques fruits... sans aller jusqu’à une entente.

Avec la tenue de la séance législative le 25 avril, le dialogue récemment établi entre le Courant patriotique libre et le mouvement Amal en la personne de son chef, le président du Parlement, revient à l’ordre du jour. En effet, en dépit de son opposition à tout ce qui pourrait donner l’impression de marginaliser le rôle de la présidence de la République, le CPL...

commentaires (2)

Faute de pouvoir "avaler" le CPL, les FL se mettront désormais à avaler des couleuvres. C'est le lot de ceux qui tombent dans les pièges tendus aux autres.

Hitti arlette

14 h 57, le 20 avril 2024

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Commentaires (2)

  • Faute de pouvoir "avaler" le CPL, les FL se mettront désormais à avaler des couleuvres. C'est le lot de ceux qui tombent dans les pièges tendus aux autres.

    Hitti arlette

    14 h 57, le 20 avril 2024

  • Faute de pouvoir "avaler" le CPL, les FL se mettront désormais à avaler des couleuvres. C'est le lot de ceux qui tombent dans les pièges tendus aux autres.

    Hitti arlette

    14 h 57, le 20 avril 2024

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