L'Iran a saisi un navire « lié » à Israël dans le Golfe

L'Iran a saisi samedi un porte-conteneurs accusé d'être « lié » à Israël avec 25 membres d'équipage à bord dans les eaux du Golfe, un acte susceptible d'aggraver les tensions au Moyen-Orient.

Le contrôle du porte-conteneurs MSC Aries a été pris par les forces spéciales maritimes des gardiens de la révolution, l'armée idéologique de l'Iran, dans l'une des voies maritimes les plus empruntées par la marine marchande, selon l'armateur italo-suisse MSC. Un hélicoptère a approché le navire et plusieurs hommes sont descendus de l'appareil sur le MSC Aries qui se trouvait « près du détroit d'Ormuz », a indiqué l'agence officielle iranienne Irna. Le MSC Aries devait ensuite être conduit dans les eaux iraniennes.

A Washington, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Adrienne Watson, a condamné « un acte de piraterie » et appelé « l'Iran à libérer immédiatement ce navire battant pavillon portugais et sous propriété britannique, et son équipage, composé d'Indiens, de Philippins, de Pakistanais, de Russes et d'Estoniens ».

Le président Joe Biden devait retourner à la Maison Blanche pour des consultations urgentes sur le Moyen-Orient, après que les Etats-Unis ont annoncé l'envoi de renforts dans la région.

Lire aussi

Les options iraniennes de représailles après la frappe à Damas

En Israël, le ministre des Affaires étrangères Israël Katz a appelé l'Union européenne à classer « organisation terroriste » les Gardiens de la Révolution.

La saisie du navire intervient dans un contexte de vives tensions au Moyen-Orient depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien contre le sud d'Israël.

« Tester les limites » 
Les autorités iraniennes n'ont pas indiqué si cette opération était liée à la riposte annoncée par l'Iran après l'attaque le 1er avril contre son consulat à Damas, qui a fait selon une ONG 16 morts dont sept membres des gardiens de la révolution parmi lesquels deux hauts gradés. L'Iran a accusé Israël, son ennemi juré, qui n'a ni confirmé ni démenti.

« Le régime maléfique a fait une erreur (...) il doit être puni et il sera puni », a averti mercredi le guide suprême d'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, en allusion à Israël.

Le même jour, Joe Biden a affirmé que l'Iran « menace de lancer une attaque importante contre Israël », avant de déclarer vendredi s'attendre à ce que l'attaque ait lieu « bientôt ».

L'analyste Karim Bitar a dit douter que la saisie du navire constituait la riposte attendue de l'Iran. « Les Américains avaient mis en garde contre certaines actions qui semblaient beaucoup plus importantes que celle-ci », a déclaré à l'AFP M. Bitar, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques. « Donc, soit cela ne fait pas partie de la réponse de l'Iran, soit c'est un premier pas vers une escalade plus large. Cela signifierait que les Iraniens vont progressivement tester les limites des Etats-Unis et des Israéliens », selon lui.

Selon Irna, le MSC Aries a été arraisonné parce qu'il est « géré par la société Zodiac, qui appartient au capitaliste sioniste Eyal Ofer ».

Fermer le passage
Dans une déclaration publiée mardi, le commandant de la marine des gardiens, le général Alireza Tangsiri, a prévenu que l'Iran pouvait fermer à la navigation le détroit d'Ormuz, unique point de passage pour les exportations de plusieurs producteurs majeurs du Moyen-Orient, si « l'ennemi » tentait de la « perturber ».

Ces derniers mois, des dizaines d'attaques ont été menées en mer Rouge et dans le golfe d'Aden contre des navires marchands, perturbant le commerce maritime mondial dans cette zone stratégique. Elles ont été revendiquées par les rebelles yéménites houthis, des alliés de l'Iran qui disent agir en solidarité avec les Palestiniens à Gaza. Ces attaques ont fait grimper les coûts d'assurance pour les navires transitant par la mer Rouge et ont conduit de nombreuses entreprises de transport maritime à lui préférer le passage, bien plus long, qui contourne la pointe sud du continent africain. Washington a mis en place en décembre une coalition multinationale pour « protéger » le trafic maritime sans parvenir à faire cesser les attaques.