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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Les contours d’une possible trêve à Gaza d’ici au Fitr

L’engluement des derniers mois semble avoir laissé place à un certain optimisme quant à la possibilité qu’un accord entre le Hamas et Israël entre en vigueur mercredi.

Les contours d’une possible trêve à Gaza d’ici au Fitr

Des Gazaouis font des achats alors qu'ils se préparent pour la fête du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan, dans le nord de la bande de Gaza, le 9 avril 2024. Mahmoud Issa/Reuters

Une trêve en voie d’être conclue avant la fête du Fitr, mercredi ? C’est ce qu’espèrent les médiateurs après la tenue au Caire d’une énième session de pourparlers, dimanche, en présence de délégations des États-Unis, d’Israël, de l’Égypte, du Qatar et du Hamas. Alors que les Américains y ont présenté une nouvelle version d’une proposition d’accord en trois étapes entre l’État hébreu et le mouvement islamiste en vue de parvenir à un cessez-le-feu temporaire et à un échange d’otages et de prisonniers, les parties belligérantes pourraient délivrer leur réponse d’ici à mardi soir, selon les prédictions du Caire et de Doha. Plus tôt mardi, le Hamas avait affirmé dans un communiqué qu’il étudierait le projet, estimant toutefois qu’il ne répondait pas aux exigences palestiniennes. De son côté, le cabinet de sécurité israélien devrait se réunir pour discuter du nouveau texte mis sur la table.

Sa première phase garantirait la libération de 40 otages détenus à Gaza en échange de celle d’au moins 700 prisonniers palestiniens, dont plus d’une centaine purgent des peines à perpétuité, et d’un cessez-le-feu de six semaines, soit la plus longue pause dans les combats qui ravagent l’enclave palestinienne. S’il était prévu que les Israéliens relâchés par le Hamas soient composés de femmes, de femmes soldats, d’hommes âgés de plus de 50 ans et d’hommes souffrant de graves problèmes de santé, quel que soit leur âge, le mouvement islamiste a fait savoir lors de récentes négociations qu’il ne disposait pas de 40 otages vivants appartenant à ces catégories alors que jusqu'à 50 sur les 130 personnes retenues en captivité dans l'enclave pourraient être mortes, selon une évaluation israélienne partagée avec les autorités américaines et égyptiennes

Le retour vers le Nord

Selon des responsables israéliens cités par le site d'information américain Axios, Israël a proposé de combler l’écart avec la libération d’otages soldats ou d’hommes âgés de moins de 50 ans en échange de celle d’un nombre plus élevé de prisonniers palestiniens pour chacun de ces captifs. En cas d’acceptation par le mouvement islamiste – qui pourrait rejeter cet ajustement, ces otages lui étant essentiels pour faire pression sur Israël afin d’obtenir un cessez-le-feu permanent –, l’État hébreu se serait engagé à faire des compromis sur la question du retour des civils palestiniens dans le nord de la bande de Gaza, principal point d’achoppement des pourparlers il y a encore quelques jours.

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Lors des cycles de discussions tenus au cours des dernières semaines, le Hamas a en effet réitéré son exigence d’obtenir le retour inconditionnel des déplacés intérieurs vers le nord de l’enclave, une demande poussée par Washington auprès d’Israël. L’État hébreu, qui s’y oppose, affirme craindre que les militants du mouvement islamiste se mêlent à la population civile et retournent dans des régions qu’Israël dit avoir « nettoyées ». Selon des médiateurs arabes parties aux pourparlers cités par le Wall Street Journal, Tel-Aviv est seulement disposé à autoriser le retour de 2 000 déplacés par jour, principalement des femmes et des enfants, excluant les hommes âgés de 18 à 50 ans. Israël s’oppose en outre au retrait total de ses forces des zones peuplées de l’enclave, comme exigé par le Hamas, face à la perspective qu’un vide de pouvoir profiterait au mouvement islamiste. Si l’armée israélienne a annoncé dimanche le départ du sud de la bande de Gaza de l’essentiel de ses soldats, signe du passage à une nouvelle stratégie axée sur des raids ciblés sur des bases du Hamas, l’État hébreu refuserait de quitter le corridor terrestre de Netzarim divisant l’enclave en deux ainsi que la zone tampon créée le long de la frontière avec Israël.

Une plus grande souplesse de Washington

Six mois après le début de la guerre à Gaza, rien ne permet d’assurer qu’une trêve, d’abord prévue avant le mois de ramadan, entrera en vigueur d’ici à la fête du Fitr. Mais l'optimisme semble de mise. Tout en admettant que les négociations sont loin d’être dans leur dernière « ligne droite », Majed al-Ansari, porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, a confié lundi à la BBC être plus « optimiste » qu'il y a quelques jours. Plus tôt, au cours du week-end dernier, des sources égyptiennes de haut rang avaient déclaré au quotidien panarabe al-Arabi al-Jadeed que les discussions se rapprochaient d’un accord, ajoutant que Washington faisait preuve d’une plus grande souplesse lors du dernier cycle de pourparlers et exerçait une pression accrue sur Israël.

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Ces derniers jours, les États-Unis sont passés à la vitesse supérieure dans les rappels à l’ordre adressés à leur principal allié. L’administration démocrate a notamment forcé la main à l’État hébreu après les frappes israéliennes responsables de la mort de sept humanitaires de l’ONG américaine World Central Kitchen (WCK) dans le centre de la bande de Gaza, le 1er avril. Au cours d’un entretien téléphonique tenu quelques jours plus tard, le président américain Joe Biden a sommé Benjamin Netanyahu de « conclure sans délai un accord » pour « un cessez-le-feu immédiat » à Gaza, prévenant également que son soutien dépendra désormais de décisions « concrètes » pour protéger les civils dans l'enclave palestinienne. Des propos adressés quelques jours après l’abstention de Washington ayant permis le vote de la première résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu immédiat dans le réduit palestinien.

Pressions multiples

Une stratégie qui semble avoir porté ses fruits. Selon deux responsables israéliens interrogés par Barak Ravid, journaliste pour le site Axios, les négociateurs représentant l’État hébreu ont reçu en marge des derniers pourparlers au Caire un mandat plus large qu’auparavant. Une demande formulée par le président démocrate lors de son appel avec le Premier ministre israélien. Après avoir assoupli sa position pour faire entrer davantage d’aide humanitaire à Gaza suite aux mises en garde de la Maison-Blanche, Israël a en outre autorisé lundi l’entrée dans l’enclave palestinienne de 419 camions d’aide, soit le nombre le plus élevé en une seule journée depuis le début de la guerre. Dans sa proposition de deal actuellement à l’étude, Washington prévoit par ailleurs l’entrée de 500 camions d’aide humanitaire par jour, soit la situation qui prévalait avant la guerre.

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Washington semble s’être désormais emparé du dossier avec vigueur pour répondre à la pression internationale et domestique concernant la conduite de la guerre par Israël, mais aussi probablement pour contenter ses partenaires arabes qui espéraient une accalmie pendant le mois de ramadan. Dans une tribune parue lundi soir dans quatre journaux dont Le Monde, le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II ont notamment exigé le respect des résolutions de l’ONU aux côtés du chef de l’État français Emmanuel Macron. Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale de la Maison-Blanche, a en outre rencontré lundi les familles des otages américains encore détenus à Gaza, alors que la pression monte également en interne en Israël pour libérer les captifs.

Alliés ultranationalistes et d’extrême droite

Les États-Unis souhaiteraient par ailleurs éviter un embrasement régional que l’Iran fait planer en représailles aux frappes imputées à Israël le 1er avril sur l’annexe consulaire de son ambassade à Damas, qui a tué deux hauts gradés de la force d’élite al-Qods. En échange de l’imposition d’un cessez-le-feu à Gaza, Téhéran se serait dit prêt à ne pas riposter selon certains rapports non confirmés. Signe de la volonté d'apaiser les tensions, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, devrait se rendre la semaine prochaine à New York en marge d’une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU sur la Palestine, qui devrait se tenir le 18 avril.

Malgré la pression de Washington, la position fragilisée de Benjamin Netanyahu en interne pourrait-elle mettre en péril un accord de trêve ? Dans une possible volonté de rassurer ses alliés ultranationalistes et d’extrême droite, le Premier ministre s’est récemment montré déterminé à lancer une offensive terrestre à Rafah, à la frontière avec l’Égypte, présenté comme le dernier bastion du Hamas à Gaza. « Cela se fera, il y a une date », avait-il affirmé dimanche. L’armée israélienne a d'autre part indiqué le jour même que sa préparation sur le front nord était terminée et qu’elle était prête à mener des missions « défensives et offensives ». Une manière de compenser une éventuelle trêve à Gaza ?

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