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Nos Lecteurs ont la Parole

Le nouveau normal

Il y a quelques semaines, mon ami est parti au Brésil pour assister à une conférence. À son retour, lorsque nous nous sommes retrouvés, à part les premières questions classiques sur le pays et ses attractions touristiques, la discussion s’est portée sur ses rencontres éventuelles avec des Libanais. De même, mon fils, qui étudie au Canada, chaque fois qu’il se déplace dans le pays où ailleurs, la première question posée, c’est de savoir s’il a rencontré des Libanais ou même des Arméniens.

Dans le temps, quand nous étions écoliers, nous avions tous appris dans les bouquins de géographie en classe de première qu’en Amérique du Sud, particulièrement au Brésil, il y avait une grande communauté libanaise. La majorité de l’émigration vers l’Amérique latine datait de la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe, ayant pour cause principale l’occupation ottomane et ses conséquences ténébreuses. Pour nous, c’était juste une information appartenant à la matière de la géographie, le savoir nous garantirait de bonnes notes à l’examen.

Mais depuis presque quarante ans, avec le déclenchement de la guerre civile du Liban, un nouvel exode a commencé, qui s’accélérait épisodiquement, surtout ces quelques dernières années avec la mainmise des banques sur les fonds publics et privés. Une vraie plaie au cœur même de notre patrie.

L’émigration est un problème national très capital. À part ses conséquences démographiques, cela présente aussi un tourment intellectuel et émotionnel. Lorsque des gens émigrent vers d’autres cieux, la patrie perd non seulement un nombre de ces citoyens, mais également des cadres intellectuels et même professionnels essentiels. Sur le plan social, des familles entières se séparent et souffrent de cette rupture créée par la distance.

Pour moi et mon entourage, cela fait chaud au cœur de rencontrer quelqu’un « de chez nous » lorsqu’on voyage, et surtout lorsqu’on se dit : « Yiy mouch maa’oul, il est libanais. » Mais à part le côté jovial de cette rencontre, il y a un aspect déplorable. Comment bâtir une nation avec la fuite de la population, un saignement continu, que ce soit chez les jeunes ou bien des plus âgés ?

Obtenir un visa pour l’étranger, c’est comme gagner le gros lot. Mais pourquoi ? Il ne s’agit pas de fermer les aéroports, mais de trouver la raison derrière cette émigration massive et y remédier.

Trois raisons primordiales poussent un individu à l’émigration : l’insécurité découlant de la situation socio-économique en général, et particulièrement de l’instabilité politique ; le manque de confiance dans l’économie et les structures de l’État ; et le manque d’espoir généralisé quant à l’avenir du pays.

Trois raisons dont l’État est responsable, sans pour autant proposer de solution. Un État qui ne s’intéresse pas au bien-être de ses citoyens est un irresponsable. Des politiciens ne font qu’augmenter le fardeau du citoyen en ajoutant des taxes à tort et à travers. Cela nous rappelle un peu le « Prince » de Machiavel, qui, pour conserver le pouvoir, n’hésitait pas à recourir à la violence, la ruse et la force.

Ne blâmons aucun groupe politique ou individu en particulier, car les problèmes épineux perdurent depuis longtemps, sous différents gouvernements et courants politiques. Voici quelques exemples : la « mainmise » sur les avoirs des citoyens, les problèmes liés à l’électricité, la gestion des déchets, la dévaluation de la monnaie, l’anarchie dans l’urbanisme, la pollution, la sécurité sociale, la question des déplacée syriens…

Faute de solutions concrètes en perspective, contentons-nous d’espérer que, parmi ces Libanais de l’étranger, émergent des personnalités de renommée mondiale qui portent haut le nom de notre Liban. Et continuons à espérer que des solutions soient trouvées pour guérir cette plaie ouverte qu’est l’émigration.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Il y a quelques semaines, mon ami est parti au Brésil pour assister à une conférence. À son retour, lorsque nous nous sommes retrouvés, à part les premières questions classiques sur le pays et ses attractions touristiques, la discussion s’est portée sur ses rencontres éventuelles avec des Libanais. De même, mon fils, qui étudie au Canada, chaque fois qu’il se déplace dans le pays...

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