Axée sur l’entrepreneuriat à impact social, la 4e édition de la compétition a accueilli 10 projets finalistes qui proposent des solutions pratiques à des problèmes sociaux et environnementaux du pays. « L’objectif est d’encourager l’innovation d’une manière à améliorer la vie des Libanais », note Ursula el-Hage, directrice du Centre entrepreneuriat et compétences (EC²) de l’Université Saint-Joseph (USJ), qui a organisé la compétition.Composé d’un professionnel de Berytech, d’un autre du groupe Obegi ainsi que d’un enseignant de l’USJ, le jury a décerné le premier prix à Apple House, le deuxième à Awfarli et le troisième à Beyond Barriers, lors de la cérémonie de clôture le 13 février au campus de l’innovation et du sport de l’USJ. Leurs projets, qui devaient répondre aux critères liés à l’innovation, au potentiel de marché et à la viabilité financière, ont valu aux trois lauréats l’opportunité d’une incubation de six mois à Berytech, accompagnée d’une récompense financière. Fondée par Ahmad Sweid, étudiant de master à la faculté de gestion et de management, et Firas Yehya, titulaire d’une licence en gestion et management, la start-up Apple House achète aux agriculteurs le surplus de leurs récoltes de pommes biologiques qu’elle transforme en produits dérivés, à des prix abordables. Ayant vu le jour dans la foulée de la crise économique au Liban en 2019, Apple House répond aux défis auxquels font face les agriculteurs, les aidant « à obtenir un revenu supplémentaire en vendant leurs récoltes invendues », souligne Ahmad Sweid. De même, grâce à la production agroalimentaire, « Apple House générera des possibilités d’emploi, réduisant ainsi le taux de chômage et favorisant l’expansion économique. En parallèle, les produits répondront aux besoins du marché », estime le lauréat. Il souligne que la start-up vise l’exportation des produits à base de pommes biologiques, dans une phase ultérieure. Au-delà de son impact économique et social, Apple House tient compte de l’aspect environnemental, « réduction des déchets de pommes, en plus de la réduction de 20 % des incendies de forêts où nous collectons les vieux bois jetés avec l’aide des municipalités pour les utiliser dans la fabrication de nos produits », précise l’étudiant. Lancée en septembre 2020, la start-up bénéficiera de l’incubation pour se développer.
Des économies au supermarché et une éducation inclusive
L’application mobile Awfarli, disponible depuis décembre 2023, compte déjà « plus de 20 000 téléchargements en juste deux mois et se positionne en 2e place sur l’App Store et en 1re place sur le Play Store », selon Hussein el-Hajj qui l’a cofondée avec Jalal Harb. Tous deux sont étudiants en 3e année d’informatique à l’Institut national des télécommunications et de l’informatique (INCI) de l’USJ. L’application propose d’effectuer des économies sur les courses. Les utilisateurs choisissent ainsi des produits, comparent leurs prix entre les supermarchés et sélectionnent les options les moins chères. « Nous avons développé Awfarli pour contrer les défis économiques persistants au Liban, où la population éprouve des difficultés à naviguer parmi la disparité des prix », explique Hussein el-Hajj. C’est ainsi que la start-up a vu le jour. « Le constat que le même produit peut afficher des prix considérablement différents d’un supermarché à l’autre, sans indication claire de l’option la plus économique, a révélé un besoin criant d’une solution », ajoute-t-il. Outil numérique, accessible et efficace, Awfarli aide ainsi à identifier le supermarché qui propose les meilleurs prix. Autre objectif de l’application : la réduction « du temps et de l’effort habituellement nécessaires pour déterminer où faire les achats », poursuit Hussein el-Hajj.Plateforme en ligne visant l’éducation inclusive, Beyond Barriers a été fondée par Abir Hallik, étudiante en 3e année d’orthopédagogie à l’Institut libanais d’éducateurs en orthopédagogie (ILE) de l’USJ. Cette start-up informe sur les écoles et les universités inclusives, propose des services de shadow teachers, ainsi que des plans d’adaptation et un soutien personnalisé. Pour la lauréate, développer cette start-up est devenu une nécessité. L’orthopédagogie étant « une passion qui l’incite à transformer la vie des personnes ayant des besoins spéciaux » l’a motivée à se lancer. « Durant mes stages, j’ai constaté les difficultés rencontrées par les personnes à besoins spéciaux qui sont à la recherche de ressources adaptées et d’aide. Le lancement de Beyond Barriers découle également de l’urgence exprimée par les parents, désireux d’apporter un changement positif dans la vie de leur enfant », assure Abir Hallik. Elle espère ainsi combler les lacunes du système éducatif libanais au niveau de l’intégration des personnes ayant des besoins spéciaux. « Cette initiative contribuera à sensibiliser les écoles et la société dans son ensemble à l’importance de l’inclusion et de l’égalité des chances en matière d’éducation », ajoute l’étudiante.
À l’EC², un accompagnement indispensable pour les étudiants
Répondant aux objectifs de développement durable, les projets des lauréats ainsi que ceux des autres participants à la compétition « Prix Béchara et Carmen Obegi pour la créativité et l’innovation » ont abordé l’agroalimentaire, l’éducation et la santé, entre autres, en fonction de la spécialisation de chaque candidat. « Le choix des sujets reste ouvert, car nous voulons que ça touche tous les étudiants », indique Ursula el-Hage. En effet, l’idée est que la compétition puisse engager des étudiants de l’USJ de toutes les disciplines, pour que chacun apporte sa propre perspective, en fonction de son domaine de formation, afin que les solutions proposées répondent à différents besoins de la société. « Il est primordial que les étudiants soient un agent de changement. Et ces jeunes veulent réellement faire la différence », assure la directrice du Centre entrepreneuriat et compétences (EC²). En outre, les projets qui ont participé à la compétition sont à différents stades de gestation, certains étant encore au stade d’une idée alors que d’autres sont déjà opérationnels, tout en ayant besoin d’une incubation pour se développer. L’EC² organise, par conséquent, plusieurs ideathons (journées de réflexion et de création) durant le premier semestre pour aider les étudiants à réfléchir sur les problématiques du pays et sur les idées qui pourraient y répondre. Durant la 2e phase, le centre enchaîne avec des formations optionnelles sur l’entrepreneuriat, le design thinking, la communication, le marketing ou le pitching. « L’objectif est de « motiver les étudiants à participer à des compétitions en interne et en externe », explique Ursula el-Hage. Chaque groupe d’étudiants intéressé par cette compétition a été guidé par deux coaches afin de préparer son pitch et son projet. » Au final, l’étudiant pourra « créer sa propre entreprise dans l’immédiat ou acquérir les compétences nécessaires lui permettant de la lancer dans une phase ultérieure, après avoir achevé ses études ou fini son stage », conclut Ursula el-Hage.