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Moyen-Orient - Sécurité

Une université américaine accusée de désinformation orchestrée par les Emirats

Farid Hafez, un politologue autrichien a intenté une action en justice réclamant 10 millions de dollars à l'université George Washington (GWU) et Lorenzo Vidino, le directeur du programme sur l'extrémisme de cet établissement.

Une avenue bordée d'immeubles de Dubaï. Photo d'archives AFP

Un professeur a déposé mercredi une plainte contre une prestigieuse université américaine pour avoir pris part à une campagne de désinformation, supposément financée par les Emirats arabes unis, établissant un lien entre des universitaires et l'organisation des Frères musulmans.

Farid Hafez, un politologue autrichien a intenté une action en justice réclamant 10 millions de dollars à l'université George Washington (GWU) et Lorenzo Vidino, le directeur du programme sur l'extrémisme. C'est la deuxième affaire de la sorte cette année, dans ce que les chercheurs décrivent comme une industrie lucrative colportant de fausses informations et menant des opérations d'influence pour le compte de gros clients.

Des gouvernements étrangers ont longtemps été accusés d'acheter leur influence avec des dons aux universités américaines ou autres centres de réflexion. Mais M. Hafez va plus loin, accusant une université prestigieuse de nuire à l'image de certaines personnes au nom d'un Etat.

Déposée à Washington, la plainte indique que l'université et M. Vidino « se sont engagés dans un complot bien dissimulé pour escroquer les autorités, le monde universitaire et le quatrième pouvoir », c'est-à-dire la presse, tout en « se présentant comme des acteurs indépendants et objectifs du monde académique ». La plainte accuse également Alp Services, une entreprise privée basée à Genève, d'avoir, pour le compte des Emirats, payé des journalistes et universitaires dont M. Vidino pour porter atteinte aux critiques du richissime Etat du Golfe.

M.Vidino est accusé d'avoir usé de sa position à l'université pour viser des universitaires comme M. Hafez, mais aussi des entreprises et des associations en publiant de faux rapports les liant aux Frères musulmans, désignés pas les Emirats comme une organisation terroriste. « M. Vidino était un mercenaire vendant et reconditionnant des rumeurs non-vérifiées et des ragots sous le vernis d'objectivité académique et de savoir, dans le but de ruiner des personnes et des institutions », selon la plainte.

« Vie détruite » 

M. Hafez, professeur au Williams College du Massachusetts, a été arrêté en 2020 lors d'une série d'arrestations menées contre des personnes et entreprises musulmanes en Autriche. Aucun des détenus n'a par la suite été inculpé et l'opération a été déclarée illégale par la justice en 2021. M. Hafez considère avoir été impliqué dans cette descente de police à cause d'un rapport de M. Vidino.

Un accord contractuel, vu par l'AFP, montre que M. Vidino a été engagé pour fournir « des pistes intéressantes » à Alp, qui les aurait utilisées dans des opérations de désinformation pour les Emirats arabes unis. « La vie de mon client a été détruite par des activités conduites contre lui par GWU, M. Vidino et Alp Services », a indiqué à l'AFP, l'avocat de M. Hafez, David Schwartz. Il a ajouté que son client demandait 10 millions de dollars de dommages et intérêts.

Sollicités par l'AFP, ni l'université ni M. Vidino n'ont réagi. « Même si l'université et le programme n'étaient pas au courant des actions prises en privé, il se peut que le prestige du poste ait ajouté à la crédibilité de la désinformation », a expliqué Kristian Coates Ulrichsen, spécialiste des pays du Golfe à l'université Rice.

Ce n'est pas la première action de ce type impliquant les Emirats arabes unis.En janvier, Hazim Nada, citoyen américano-italien, a accusé le pays du Golfe de désinformation, via Alp Services, ayant provoqué la faillite de sa compagnie de négoce en matières premières, Lord Energy. L'affaire de M. Hafez met en lumière la possible influence de l'argent étranger dans les universités américaines, explique à l'AFP Benjamin Freeman, spécialiste de ces questions au Quincy Institute. « Les universités américaines recevant des millions voire des centaines de millions de dollars de régimes autoritaires vont être de moins en moins enclines à critiquer ces régimes », estime M. Freeman.

Un professeur a déposé mercredi une plainte contre une prestigieuse université américaine pour avoir pris part à une campagne de désinformation, supposément financée par les Emirats arabes unis, établissant un lien entre des universitaires et l'organisation des Frères musulmans. Farid Hafez, un politologue autrichien a intenté une action en justice réclamant 10...

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