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Économie - Médias

Grève au quotidien « La Provence » après la mise à pied de son directeur

Vendredi soir, la rédaction de « La Tribune », également propriété de l'armateur CMA CGM, s'est prononcée à son tour pour une grève mardi, a-t-on appris auprès d'un élu du personnel.

Grève au quotidien « La Provence » après la mise à pied de son directeur

L’entrée du journal « La Provence », à Marseille, le 15 février 2022. Christophe Simon/AFP

La rédaction du quotidien La Provence, propriété de l'armateur CMA CGM, a voté vendredi une grève « illimitée » contre la mise à pied de son directeur pour une une sur la visite d'Emmanuel Macron à Marseille, jugée « ambiguë » par la direction, le syndicat des journalistes dénonçant des « pressions politiques ». Réunis en assemblée générale à l'appel de l'intersyndicale, les journalistes du titre ont voté à 79 %, sur 163 votes exprimés, une grève illimitée, réclamant la « réintégration immédiate » d'Aurélien Viers, à la tête de la rédaction depuis début 2023. La rédaction a également adopté une motion de défiance envers la direction du titre et le groupe WhyNot Media, branche média de CMA CGM, dont le patron, le milliardaire franco-libanais Rodolphe Saadé, multiplie les acquisitions dans le secteur.

Après avoir repris le groupe La Provence (quotidiens La Provence et Corse Matin) en 2022, il a pris une participation dans M6, racheté La Tribune et annoncé la semaine dernière le rachat d'Altice Media, maison mère de BFMTV notamment. La crise est partie de l'annonce de la mise à pied de M. Viers pour la une de jeudi, barrée du titre « Il (Emmanuel Macron, NDLR) est parti et nous, on est toujours là... » reprenant les mots d'un habitant cité en page intérieure. Le titre surplombe une photo montrant deux personnes, de dos, regardant passer une policière en patrouille dans une cité paupérisée de la deuxième ville de France, où Emmanuel Macron était venu par surprise mardi annoncer une opération « place nette XXL », qu'il présentait comme « sans précédent » contre le narcotrafic.

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Dans un encart « À nos lecteurs » vendredi en une, le directeur de la publication, Gabriel d'Harcourt, présente les « plus profondes excuses » du journal pour celle de jeudi, qui a « induit en erreur nos lecteurs ». Elle pouvait « laisser croire que nous donnions complaisamment la parole à des trafiquants de drogue décidés à narguer l'autorité publique, ce qui ne reflète en rien les valeurs et la ligne éditoriale de votre journal », écrit-il. En pages intérieures, dans un des articles sur les suites de la visite présidentielle, titré « La Castellane, le jour d'après », la citation incriminée était cependant clairement attribuée à un habitant de cette cité excentrée et gangrenée par la violence du narcotrafic : « C'est drôle, réagit Brahim, hier (mardi) ils ont trouvé tous les moyens nécessaires pour encadrer la visite du président. Il est parti, et nous on est toujours là, dans la même galère. » « Le problème vient de la construction de la une », a déclaré M. d'Harcourt à l'AFP, jugeant celle-ci « ambiguë ». « Le reste du traitement rédactionnel est très bon », a-t-il assuré. D'autres articles évoquaient la « guérilla sur le terrain de la com' » entre dealers et ministère de l'Intérieur, ou « les coulisses d'un show présidentiel improvisé ».

« Ingérence inadmissible »

« C'est une ingérence éditoriale inadmissible, on ne peut pas laisser passer cela », a réagi auprès de l'AFP Audrey Letellier, déléguée du Syndicat national des journalistes (SNJ), majoritaire, tout en soulignant que la rédaction n'avait jusqu'alors pas reçu de pressions de son propriétaire. « Nous n'avons eu aucune plainte de lecteurs, juste quelques tweets d'élus locaux » proches de la majorité présidentielle. « Comment va-t-on travailler demain ? » a-t-elle ajouté. Une autre source au SNJ du journal a dénoncé un « prétexte ». « On sait qu'hier (jeudi), il y a eu des pressions politiques et que Gabriel d'Harcourt a été convoqué à la tour », a dit cette source à l'AFP, en référence au gratte-ciel du siège marseillais de l'armateur CMA CGM.

Interrogé par l'AFP avant l'annonce de la grève, M. d'Harcourt a réfuté toute pression. « C'est une décision que je prends avec Jean-Christophe Tortora (patron de WhyNot Media) et Laurent Guimier (patron de l'information de WhyNot Media) », a-t-il dit. M. Saadé est souvent présenté comme proche du président Macron, qui s'est à plusieurs reprises rendu au siège de CMA CGM lors de ses visites à Marseille. « À l'heure où la CMA CGM entend construire un pôle média d'envergure nationale, cette affaire laisse augurer le pire pour l'ensemble des rédactions de WhyNot Media, actuelles et à venir », a écrit l'intersyndicale de La Provence dans un communiqué.

Les syndicats d'Altice Media ont indiqué être en contact avec leurs homologues de La Provence et La Tribune pour une possible action commune. « On est tous évidemment scandalisés », a dit à l'AFP Paulina Benavente, déléguée syndicale SNJ chez Altice Media. À La Tribune, où une AG s'est tenue vendredi, la rédaction sera en grève mardi, selon un élu du personnel.

Vendredi soir, la rédaction de La Tribune, également propriété de l'armateur CMA CGM, s'est prononcée à son tour pour une grève mardi, a-t-on appris auprès d'un élu du personnel.

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