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Sport - JO-2024

Le sport, l’autre terrain de la guerre russo-ukrainienne

Le Comité international olympique a annoncé que la délégation russe sera privée de cérémonie d’ouverture.

Le siège du Comité international olympique (CIO) à Lausanne, en Suisse, le 3 avril 2022. Hans Lucas/AFP

Moscou qui utilise les JO pour se présenter comme une victime des Occidentaux, des clips ukrainiens appelant au boycott des athlètes russes : le sport est un autre terrain d’affrontement entre la Russie et l’Ukraine, en guerre depuis plus de deux ans.

« On est dans un conflit géopolitique à travers le sport », résume Lukas Aubin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), expert des questions de sport et géopolitique.

Exclue des Jeux olympiques 2024 en tant qu’État, la Russie, dont les athlètes sont désormais interdits de cérémonie d’ouverture à Paris, tente de créer, avec ses alliés, des événements sportifs alternatifs.

Jeux de l’amitié d’été en septembre, Jeux de l’amitié d’hiver prévus en 2026, Jeux des Brics (acronyme des puissances émergentes autour du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud notamment) en juin, les initiatives russes sont nombreuses, avec le risque de fragmenter le sport international.

« Moscou utilise la diplomatie russe pour séduire et attirer des compétiteurs étrangers », souligne l’universitaire Sylvain Dufraisse, spécialiste du sport soviétique et russe.

Il rappelle que le président russe Vladimir Poutine a toujours utilisé le sport pour en faire « un instrument de rayonnement et de puissance », se mettant lui-même en scène en kimono, à cheval ou dans une tenue de hockeyeur sur glace.

Lukas Aubin souligne, lui, que « la Russie est adepte du “sport power” depuis la Révolution russe de 1917 ». « Le sport comme instrument de puissance a été théorisé (...) ainsi », ajoute-t-il.

C’est donc sans surprise que les JO 2024 sont exploités à des fins géopolitiques dans le conflit en cours contre l’Ukraine.  « L’utilisation du sport par la Russie et l’Ukraine participe à la guerre informationnelle », observe de son côté un expert militaire français ayant requis l’anonymat. 

Moscou « essaie de faire des JO une caisse de résonance pour faire croire qu’elle est agressée par les pays occidentaux » et « tenter de légitimer la guerre en Ukraine », dit-il. 

L’accusation mercredi de « néonazisme » à l’encontre du Comité international olympique fait d’ailleurs écho au fait que la Russie a justifié son invasion de l’Ukraine par des accusations infondées de « nazisme » contre les dirigeants ukrainiens agissant avec la complicité supposée des Occidentaux.

Trêve olympique illusoire ?

L’Ukraine utilise tout autant le sport comme arme d’influence. « Depuis le début de l’invasion, elle milite pour que la Russie ne soit pas présente aux JO », souligne Lukas Aubin. « Elle a mis en place des outils pour diffuser cette influence », détaille-t-il, citant la réalisation de vidéos courtes destinées aux réseaux sociaux.

Un clip de 25 secondes avait ainsi été posté en février 2023 sur Twitter (rebaptisé X) par le ministère ukrainien de la Défense, dans lequel on voyait un athlète russe lancer un javelot qui se transformait en missile avant d’exploser sur un bâtiment ukrainien. La vidéo, qui utilisait de vraies images, se terminait sur un appel au boycott des athlètes russes aux JO.

Trois autres vidéos ont été postées avec la même finalité : faire des athlètes russes des parties prenantes de la guerre contre l’Ukraine. Les sportifs ukrainiens ont également mobilisé « le spectacle sportif pour atteindre un public plus large », souligne Sylvain Dufraisse, en référence notamment à l’Ukrainienne Olga Kharlan, qui avait refusé de serrer la main de son adversaire russe lors des Mondiaux d’escrime de 2023.

Pour les sportifs ukrainiens, « une victoire n’est pas que sportive, elle est symbolique, analyse le chercheur universitaire. C’est un moyen de faire vivre leur nation. »

Le président français Emmanuel Macron a indiqué récemment à la chaîne ukrainienne 1+1 qu’un cessez-le-feu en Ukraine « sera demandé » à Moscou à l’occasion des JO 2024, en application de la trêve olympique adoptée fin novembre dernier par l’Assemblée générale des Nations unies.

Elle semble néanmoins illusoire à ce stade, alors que l’invasion de l’Ukraine s’est déroulée en pleine trêve olympique lors des Jeux d’hiver de Pékin. Les Jeux paralympiques n’avaient même pas commencé.

La Russie avait fait de même en 2014 en entamant l’annexion de la Crimée durant les JO d’hiver, qu’elle organisait sur son sol, à Sotchi.

Moscou qui utilise les JO pour se présenter comme une victime des Occidentaux, des clips ukrainiens appelant au boycott des athlètes russes : le sport est un autre terrain d’affrontement entre la Russie et l’Ukraine, en guerre depuis plus de deux ans.

« On est dans un conflit géopolitique à travers le sport », résume Lukas Aubin, directeur de...

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