La construction au-dessus de la grotte du phoque-moine à Amchit gelée par le Conseil d’Etat

Le Conseil d’Etat a pris une décision, le 14 mars 2024, de geler le permis de construire controversé d’une villa à Amchit (caza de Jbeil, au nord de Beyrouth), située au-dessus d’une grotte fréquentée par des phoques-moines, une espèce en voie de disparition. Cette décision, qui porte le numéro 152/2023-2024, intervient suite à un recours présenté par l’association Terre-Liban, sur fond de craintes d’un impact négatif de cette construction sur la grotte fréquentée par ce mammifère marin, connu pour revenir à l'endroit de sa naissance au cours de sa vie.

Toujours selon un communiqué de Terre-Liban publié vendredi, « cette décision du Conseil d’Etat suspend non seulement le permis de construire sur le terrain portant le numéro 345 à Amchit, datant de 2020 et délivré par la municipalité, mais aussi la décision du ministre de l’Environnement Nasser Yassine, datée du 24 octobre 2022, permettant à la propriétaire de ce terrain de poursuivre les travaux sous certaines conditions ». La construction est donc suspendue jusqu’à la décision finale du Conseil d’Etat dans ce litige qui oppose les constructeurs et l’association.

Le projet de construction d’une villa sur la côte de Amchit a déjà fait couler beaucoup d’encre. Controversé depuis l’obtention du permis de construire en 2020, il a causé des remous en juin 2023, quand des habitants de Amchit se sont mobilisés pour l’empêcher de se poursuivre. Le président de la municipalité de la localité, Antoine Issa, avait alors indiqué à L’Orient Today que le projet « bénéficiait de l’appui du ministre Yassine et du Conseil supérieur de l’urbanisme ».

Le ministre de l’Environnement avait, lui, autorisé leur reprise sous condition de respecter l’intégrité de la grotte, en l’équipant de capteurs de vibrations et en évitant les excavations trop profondes. Malgré cela, le remue-ménage avait provoqué une halte dans le chantier en 2023.

À la mi-janvier 2024, les militants ont constaté une reprise des travaux. C’est alors que la procureure du Mont-Liban Ghada Aoun a ordonné leur arrêt, le 19 janvier, en raison de l’absence d’une étude d’impact environnemental. Terre-Liban a alors présenté son recours au Conseil d’Etat.

Le phoque-moine est l’un des mammifères marins le plus en danger de par le monde, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature.