
Le patriarche maronite Béchara Raï, célébrant la messe à Bkerké, le 17 mars 2024. Photo Ani
Le patriarche maronite Béchara Raï a exhorté dimanche l'Unrwa à ne pas réduire les fonds destinés aux réfugiés palestiniens du Liban, invoquant des problèmes de sécurité liés à la réduction des fonds alloués à l'agence de l'ONU par les principaux pays donateurs, après que certains de ses employés ont été accusés par Israël de collaborer avec le Hamas dans la bande de Gaza.
Dans son homélie dominicale à Bkerké, Mgr Raï a affirmé que la représentante de l'Unrwa au Liban, Dorothée Klaus, lui avait révélé que l'agence devait réduire de deux tiers son aide aux Palestiniens du Liban, ce qui « aura des effets négatifs sur la société libanaise ». « Nous exhortons ces pays (qui financent l'agence) à maintenir leur soutien total, à protéger la paix civile et à éviter les révolutions, les soulèvements et la création d'un nouveau terrorisme dont non seulement la société libanaise paiera le prix, mais aussi le monde entier. Le peuple palestinien en a assez de l'injustice, de la guerre, de la famine et d'être privé de ses droits », a ajouté le prélat.
Plusieurs pays donateurs importants de l'Unrwa ont annoncé, en janvier, qu'ils cesseraient de la financer. L'agence a licencié plusieurs membres de son personnel à la suite des accusations d'Israël, promettant une enquête approfondie sur les allégations selon lesquelles certains de ses employés auraient été impliqués dans les attaques du mouvement Hamas le 7 octobre. Israël a décidé de mettre un terme au travail de l'agence à Gaza après la guerre, qui a tué plus de 30.000 civils jusqu'à présent.
Selon l'Unicef, l'agence des Nations unies pour l'enfance, environ 210.000 réfugiés palestiniens vivent au Liban : 180.000 qui y sont déjà installés auxquels s'ont venus s'ajouter 30.000 Palestiniens ayant fui la guerre en Syrie.
Élection présidentielle
Le chef de l'Eglise maronite a également évoqué l'élection présidentielle, reportée à maintes reprises depuis fin 2022. « Comment une violation importante de la Constitution, comme le fait de ne pas élire un président pendant un an et demi, peut-elle être acceptée ? », a-t-il demandé. « Cette obstruction nuira au Parlement, qui a perdu son droit de légiférer, de nommer (des fonctionnaires) et d'exercer d'autres prérogatives liées à la présidence », a-t-il ajouté.
Le Liban est sans président depuis fin octobre 2022, date de la fin du mandat de Michel Aoun. Selon la Constitution, en l'absence de président le Parlement peut uniquement se réunir en collège électoral, mais les députés ont plusieurs fois dérogé à cette règle et légiféré sur des questions considérées comme urgentes, selon le principe de « législation de la nécessité », mis en place par le chef du Parlement, Nabih Berry.
La Constitution prévoit qu'au premier tour de vote, la majorité des deux tiers (86 députés) est requise pour élire un président. Aux tours suivants, la majorité absolue suffit. Or, le chef du législatif manœuvre en considérant qu’à chaque nouvelle séance électorale, on revient au premier tour.
« Les pays (étrangers) ont perdu leur confiance dans la représentation (officielle) du Liban, pas dans son peuple (...) Il n'y a aucune excuse pour que le Parlement ne se réunisse pas et n'élise pas un président », a ajouté le cardinal Raï.
Poursuivre l'enquête sur le port
Le chef de l’Église maronite a par ailleurs abordé l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, le 4 août 2020, appelant à la reprise de l'investigation. Il a dénoncé dans ce cadre « la paralysie du travail du juge d’instruction près la Cour de justice, Tarek Bitar, de la part de personnes influentes ».
L'enquête sur la tragédie du port piétine, en raison des multiples procédures lancées contre le juge Bitar et d’ingérences politiques flagrantes.
« Nous appelons à la poursuite de l'enquête (...) Nous avons demandé à maintes reprises une coopération avec un comité de justice international, parce qu'il y a des étrangers parmi les victimes, mais aussi à cause des ingérences de la part des politiques et de personnes influentes, qui ont conduit à la paralysie complète du travail judiciaire », a poursuivi le prélat.
Pauvre patriarche, qui l’écoute ….
18 h 45, le 17 mars 2024