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Moyen-Orient - Polémique

Une caricature de « Libération » sur la famine à Gaza provoque l'indignation de certains médias et internautes

La dessinatrice « Coco » a reçu une vague d’insultes et de menaces sur les réseaux sociaux après sa dernière publication tournant en dérision le « Ramadan à Gaza ».

Une caricature de « Libération » sur la famine à Gaza provoque l'indignation de certains médias et internautes

Une déplacée palestinienne nourrissant son enfant lors de la rupture du jeûne, au deuxième jour du ramadan, mardi 12 mars, à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Mohammed Abed/AFP

Une fois n’est pas coutume, certaines caricatures publiées dans la presse française traversent mal les frontières. La dernière en date, œuvre de « Coco » parue lundi dans les colonnes du quotidien Libération, a été très mal accueillie par plusieurs médias et internautes locaux qui n’ont pas tardé à faire part de leur indignation.

« Le journal français Libération se moque des Palestiniens affamés et les caricature », a par exemple dénoncé la chaîne Al Jazeera sur son site internet. « Un journal français publie une caricature raciste sur Gaza » titre de son côté Al-Quds al-Arabi, au milieu d’un déferlement de commentaires outragés sur les réseaux sociaux.

« Apologie d’un génocide »

Sur le dessin en question, titré « Ramadan à Gaza : début d’un mois de jeûne », on y voit un Palestinien en haillons, visiblement affamé, courir derrière des cafards et des rats se nourrissant de restes humains. Devant des bâtiments en ruines, une femme le freine dans sa course en lui tapant sur la main pour lui intimer de ne pas toucher à cette potentielle nourriture « avant le coucher du soleil ».

Les internautes dénoncent notamment un dessin de « mauvais goût » qui, selon eux, se permet de « faire l’apologie d’un génocide en cours ». Sur Instagram, l’activiste américano-palestinienne Noura Erekat regrette, quant à elle, des procédés qui contribuent à la « déshumanisation » des Palestiniens sur fond d’« islamophobie ». Le ton satirique et les traits aux contours grossiers employés par la caricaturiste ont largement été perçus comme une façon de relativiser les crimes de guerre commis par l’armée israélienne dans la bande de Gaza depuis le début de son offensive sur l’enclave palestinienne, lancée en représailles de l’attaque sanglante du mouvement Hamas menée le 7 octobre 2023.

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Être enfant dans l’enfer de Gaza

Comme l’a une nouvelle fois rappelé l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) mardi, Israël utilise la « faim comme une arme de guerre » à Gaza, alors qu’au moins 17 enfants sont morts de malnutrition parmi les 13 200 ayant été tués ces cinq derniers mois dans l’enclave. Mardi 12 mars, un premier navire espagnol rempli d’aides humanitaires est parti de Chypre à destination de la bande de Gaza pour tenter de soulager le martyre d’une population au bord de la famine après plus de cinq mois de bombardements intensifs et indiscriminés ayant causé la mort d’au moins 31 000 personnes.

Menaces de mort

Suite à ce flot de critiques venues de toutes parts, y compris de l’Hexagone, notamment par la voix de plusieurs élus du parti de gauche « la France Insoumise », Libération a tenu à affirmer sa « solidarité » avec sa dessinatrice à travers un communiqué publié lundi soir sur son site en dénonçant « avec la plus grande vigueur ces intimidations, certaines comprenant des menaces de mort ». Le texte défend également « une caricature dénonçant la famine sévissant à Gaza à la suite des bombardements israéliens, tout en se moquant, comme Coco le fait régulièrement dans nos pages, des diktats des religions ».

« Coco », de son vrai nom Corinne Rey, a elle-même réagi à la polémique en publiant un « petit florilège » des insultes et menaces dont elle a fait l’objet ces derniers jours pour ce dessin qu’elle dit « assumer parfaitement ». Sa biographie Wikipédia en anglais a même été modifiée pour y faire figurer la mention de « son absence d’empathie et son soutien inhumain au plus violent génocide du XXIe siècle », avant d’être corrigée.

D’autres internautes pointent la proximité supposée entre le propriétaire de Libération, le milliardaire Patrick Drahi (dont l’une des nationalités est israélienne) et l’État hébreu. Ou encore celle de Dov Alfon, le directeur de la rédaction du journal, lui aussi de nationalité franco-israélienne, ayant effectué son service militaire au sein de l’unité 8200 des services de renseignement israélien. À noter que Dov Alfon est également passé par la tête du Haaretz, quotidien de gauche israélienne connu pour ses prises de position critiques à l’encontre du gouvernement de Benjamin Netanyahu, d’autant plus depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël qui sévit toujours à Gaza. « Libé » avait notamment consacré sa Une du 29 février dernier aux victimes de l'offensive israélienne lorsque la barre symbolique des « 30 000 morts » enregistrés par le ministère de la Santé du Hamas avait été dépassée.

Antisémitisme et Charlie Hebdo

En parallèle, d’autres internautes, surtout sous couvert d’anonymat, en ont profité pour distiller des messages à caractère antisémite ou laissant entendre qu’elle serait en partie responsable de la tuerie de Charlie Hebdo, dont elle est l’une des rescapées. Avant de rejoindre à plein temps Libération, la dessinatrice a longtemps collaboré avec l’hebdomadaire satirique dont la rédaction avait été décimée le 7 janvier 2015 par les balles de deux terroristes, les frères Kouachi, à qui elle avait dû ouvrir la porte du journal sous peine d’être elle-même abattue.

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Pour rappel, cet attentat djihadiste, qui avait coûté la vie à douze personnes dans les locaux de Charlie Hebdo, avait été motivé par la publication de caricatures du prophète Mohammed du même acabit. C’était également un dessin de « Coco » représentant de façon dégradante le prophète de l'islam qu’avait brandi Samuel Paty, l’enseignant de 47 ans tué par décapitation par un réfugié tchétchène en octobre 2020, pour illustrer un cours sur la liberté d’expression.

Ayant fait de l'islam l'un de ses thèmes de prédilection depuis ses débuts de caricaturistes, « Coco » avait déjà fait l'objet de critiques au sein même de la rédaction de Libération. Selon une enquête de l'émission Arrêt sur images, plusieurs journalistes du quotidien l'avaient critiquée en soulignant que tout débat sur ses dessins était « verrouillé » par leur direction.

Une fois n’est pas coutume, certaines caricatures publiées dans la presse française traversent mal les frontières. La dernière en date, œuvre de « Coco » parue lundi dans les colonnes du quotidien Libération, a été très mal accueillie par plusieurs médias et internautes locaux qui n’ont pas tardé à faire part de leur indignation. « Le journal français Libération se...

commentaires (5)

JE NE COMPREND PAS. LA DESSINATRICE A VOULU PASSER AU MONDE UN MESSAGE ANTI ISRAELIEN POUR MONTRER QU,IL NE LAISSENT RIEN PASSER COMME NOURRITURE POUR EMOUVOIR LES AMERICAINS EN PARTICULIER SUR LE SORT DES GAZAOUIS ET SUR LEUR SUSPENSION DE L,UNRWA. DE MAUVAIS GOUT SONT CEUX QUI NE VEULENT PAS COMPRENDRE L,ESPRIT DU SESSEIN.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 23, le 14 mars 2024

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Commentaires (5)

  • JE NE COMPREND PAS. LA DESSINATRICE A VOULU PASSER AU MONDE UN MESSAGE ANTI ISRAELIEN POUR MONTRER QU,IL NE LAISSENT RIEN PASSER COMME NOURRITURE POUR EMOUVOIR LES AMERICAINS EN PARTICULIER SUR LE SORT DES GAZAOUIS ET SUR LEUR SUSPENSION DE L,UNRWA. DE MAUVAIS GOUT SONT CEUX QUI NE VEULENT PAS COMPRENDRE L,ESPRIT DU SESSEIN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 23, le 14 mars 2024

  • Comme aux USA, la liberté d'expression est un axiome en France. On peut le déplorer, mais on peut aussi saluer le courage de la dessinatrice.

    F. Oscar

    09 h 30, le 14 mars 2024

  • Raciste? Non! Le dessin montre bien l'horreur que vivent les gazaouis. Mais qualifier le goût de "douteux" serait un euphémisme. Libération s'abaisse au niveau de Charlie-Hebdo. Pas très glorieux!

    Yves Prevost

    07 h 58, le 14 mars 2024

  • Faire caca dans la figure des gens est supposé être le fin du fin de l'humour soixante-huitard décomplexé récupéré par le sionisme décomplexé. Mais, à ma connaissance, faire caca est une faculté que dieu a également distribuée à tous les habitants de la terre et le faire dans la figure des gens n'ajoute aucune valeur à ce niveau zéro de l'art.

    Karim JBEILI

    22 h 49, le 13 mars 2024

  • Pas seulement de mauvais goût, mais ce dessein exprime le niveau de bassesse atteint par des dessinateurs qui manquent de talents, et qui compensent par l'inacceptable.

    Céleste

    20 h 08, le 13 mars 2024

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