« Vingt-quatre heures de la vie d’une femme » (24/7)

Quand je sors de chez moi, je veux me sentir libre, pas courageuse. Je veux avoir l’esprit léger, pas constamment préoccupé. Je veux être libre, mais surtout libérée de cette peur qui me hante à chaque fois que je mets le nez dehors. Une femme ne doit pas avoir peur de sortir seule. Une femme ne doit pas être constamment escortée pour se sentir en sécurité. Elle ne doit pas toujours être « protégée ». Pourquoi priver les femmes de ce droit fondamental et légitime de circuler, de s’épanouir ? Les hommes ont-ils peur de perdre le contrôle des femmes en leur ôtant tellement de libertés ?

Évidemment, quand je dis « les hommes », je n’inclus pas tous les hommes. Tous les hommes ne sont pas misogynes, assassins ou criminels. Heureusement ! Nombreux sont du côté des femmes et les soutiennent dans cette cause. La responsabilité de ces hommes-là est énorme à ce sujet. Ils doivent veiller à ce que tous les autres suivent leur exemple. La responsabilité des femmes l’est d’autant plus, puisqu’elles doivent résister, ne jamais plier, prendre leur courage à deux mains et rester fermes sur leurs positions sans avoir peur. Les femmes ont le droit de dire non ou de ne pas répondre quand on les dérange et qu’on leur adresse la parole d’une façon désobligeante, et les hommes sont obligés de respecter leur volonté. Loin de là les idées patriarcales où ce sont les hommes qui décident de tout. Non, vous ne décidez pas de tout, surtout quand il en va de faits se rapportant aux femmes. Elles en décident seules, leur pouvoir à cet égard est discrétionnaire et leurs décisions irréfutables.

Nous pensions que nous étions dans une époque où les femmes sont économiquement et politiquement libres et « la femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». Cependant, nous sommes encore loin d’être libres et égales aux hommes. En effet, même avec le droit de vote, de travailler, le droit à l’éducation, à la propriété qui nous sont accordés, beaucoup de femmes souffrent encore. Même si nous sommes journalistes, avocates, juges, médecins, entrepreneurs, PDG, etc., pour une raison ou pour une autre, tout cela s’efface une fois que la femme revient au rang de « femme » dans sa vie personnelle et privée. Mais encore, cela se reflète (très) souvent dans l’inégalité salariale, où un homme peut être parfois rémunéré plus qu’une femme occupant le même poste (pour aucune raison particulière). Il arrive même parfois que des hommes ne nous prennent pas au sérieux parce qu’ils considèrent que nous sommes des êtres fragiles, frêles et incompétents ; les hommes seraient la « race aryenne », supérieure, et nous les femmes serions une sous-race, des « sous-hommes ».

C’est la triste réalité que nous vivons toutes les minutes de notre existence. La femme a le droit de marcher seule dans la rue, de porter des hauts talons ou des baskets, d’avoir les cheveux lâchés ou attachés, de porter le voile ou de ne pas le porter. Et personne n’a le droit de l’insulter, de la harceler ni de la toucher sans son consentement. Personne n’a le droit de nous imposer quoi que ce soit. Nous avons le droit d’être libres, de ne pas avoir peur et voulons faire appliquer ce droit. Ainsi, nous revendiquons haut et fort le droit de ne pas être importunées, le droit à la tranquillité, à la sérénité. Alors, s’il vous plaît, laissez-nous vivre en paix et ne nous importunez plus.

Maria AOUAD

Avocate à la cour

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