
Les ambassadeurs du quintette réunis au siège de l'ambassade qatarie à Beyrouth, le jeudi 7 mars. Photo ANI.
Près d'un an et demi après la fin du sexennat de Michel Aoun, Bkerké et Dar el-Fatwa continuent de plaider en faveur de l'élection d'un président au Liban. Dimanche, le chef de l'Église maronite Béchara Raï et le mufti de la République Abdellatif Deriane ont affiché leur soutien aux efforts déployés par le quintette impliqué dans le dossier libanais (France, États-Unis, Arabie saoudite, Qatar et Égypte) pour mettre fin à la vacance présidentielle. Rappelons que des députés de la Modération nationale, majoritairement sunnites ex-haririens, ont lancé il y a près de deux semaines une initiative visant à débloquer cette échéance.
« Nous regardons avec beaucoup d'optimisme l'initiative du groupe de la Modération nationale et les efforts des ambassadeurs du quintette et leur souhaitons la réussite », a souligné le patriarche Raï dans son homélie dominicale, selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information. Il a également appelé les politiques à ne plus faire primer « leurs intérêts personnels », estimant qu'ils sont « responsables de la paralysie au sein de l'État et de ses institutions ».
L'initiative de la Modération nationale « se poursuit »
Le groupe parlementaire de la Modération nationale a effectué ces derniers jours une tournée auprès des protagonistes locaux en vue de promouvoir sa proposition de mener des concertations au Parlement suivies de séances électorales ouvertes jusqu'à l'élection d'un nouveau chef de l'État.
« Notre initiative se poursuit. Il ne sert à rien de faire monter les enchères tant que nous allons nous asseoir ensemble et dialoguer », a affirmé dimanche le député Walid Baarini au cours d'un rassemblement social dans son bureau au Akkar (Liban-Nord). « Pourquoi ne pas épargner cette souffrance et ce temps aux citoyens ? », a-t-il ajouté, selon des propos relayés par notre correspondant Michel Hallak.
Une source au sein du bloc a affirmé à notre publication que les élus poursuivront leurs contacts avec les différentes formations politiques.
Coopérer avec le quintette
De son côté, le mufti de la République Abdellatif Deriane a estimé dimanche, dans un message adressés aux fidèles à l'occasion du début du mois de ramadan, que « le Liban est en danger » et que « la première cause en est la vacance présidentielle ».
« Nous devons coopérer avec le quintette qui déploie des efforts pour nous aider à résoudre la première de nos crises, qui est l'élection d'un président rassembleur, la formation d'un cabinet de plein pouvoir et la mise en place de réformes (...) », a-t-il plaidé. Et de poursuivre : « Aujourd'hui, la priorité absolue est de tenir l'élection présidentielle. Nous ne pouvons sortir de nos crises que par la tenue de cette échéance pour préserver notre unité nationale ».
Abdellatif Deriane a aussi appelé les politiques à « faire primer l'intérêt national pour sauver le Liban », estimant que « le chaos et la loi de la jungle seront l'alternative si les forces politiques continuent à faire preuve d'intransigeance ».
Les ambassadeurs à Beyrouth des pays du quintette ont tenu jeudi leur troisième réunion de consultations afin de contribuer au déblocage de cette échéance « dans les plus brefs délais ». Des médias locaux ont rapporté que les cinq ambassadeurs ont exprimé leur soutien à toutes les initiatives aptes à mettre fin au vide présidentiel, notamment celle du bloc de la Modération nationale.
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Élias Audi, a appelé les Libanais à « demander des comptes aux députés » qui n'ont toujours pas réussi à élire un nouveau président. « Nous avons besoin d'hommes d'État, et non de personnes qui usent de leur pouvoir pour opprimer les gens et satisfaire leurs intérêts », a-t-il souligné dans son homélie dominicale.
La guerre à Gaza
Bkerké et Dar el-Fatwa ont parallèlement affiché leur inquiétude quant à la situation au Liban-Sud, où le Hezbollah et Israël sont engagés dans des combats quasi-quotidiens à la frontière depuis le 8 octobre.
Le patriarche Raï a de nouveau condamné « la guerre génocidaire en cours à Gaza » et appelé « le monde à y mettre fin ». « Au Liban, nous voulons éviter d'être entraînés dans cette guerre aveugle, protéger le Liban-Sud et les habitants et procéder dans l'immédiat à l'élection d'un président pour régulariser le travail du Parlement, du gouvernement et du reste des institutions constitutionnelles », a souligné le prélat.
De son côté, le mufti Deriane a déploré le fait que « la guerre de Gaza ait fait des dizaines de morts et causé le déplacement des habitants du Liban-Sud ». « Nous pensions que la résolution 1701 (qui avait mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, ndlr) allait protéger le Liban, mais tel n'a pas été le cas parce que l'ennemi sioniste ne la respecte pas ».
Selon notre décompte, 306 personnes sont mortes durant ces 155 jours d'affrontements, dont au moins 46 civils.
- NOTRE EVEILLE PATRIARCHE, - IGNORE CE QU,ON LUI CACHE, - ET NOTRE MUFTI DERIANE, - EL TABKHA MANNOU DERIANE.
14 h 09, le 11 mars 2024