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Politique - Présidentielle

Berry a-t-il enterré l’initiative de la Modération nationale ?

Le chef du législatif critique une démarche « loufoque », au lendemain du niet implicite du Hezbollah.

Berry a-t-il enterré l’initiative de la Modération nationale ?

Le président de la Chambre Nabih Berry à Aïn el-Tiné, le 4 mars 2024. Mohammad Yassine/L’OLJ

Véritable coup de grâce ? Le président de la Chambre Nabih Berry s’est officiellement prononcé mardi au sujet de l’initiative lancée il y a plus d’une dizaine de jours par le bloc de la Modération nationale (des députés majoritairement sunnites ex-haririens) et prévoyant des consultations parlementaires suivies d’une séance ouverte pour l’élection d’un président de la République. Dans des propos publiés mardi par le quotidien al-Joumhouriya, le chef du législatif n’y est pas allé de main morte, critiquant une initiative « loufoque » et rejoignant ainsi le Hezbollah dans une démarche visant vraisemblablement à dynamiter tout processus pouvant mener à un déblocage de la présidentielle, une échéance que le camp du 8 Mars bloque en vue de faire élire son candidat, Sleiman Frangié.

Dans ses propos à al-Joumhouriya, Nabih Berry s’est dit « étonné » de « l’idée véhiculée par certains et axée sur des réunions (informelles) à la Chambre », dans une critique implicite de l’initiative de la Modération nationale. « Cette proposition loufoque reflète une certaine forme de légèreté politique à l’heure où le Liban traverse l’une des phases les plus délicates de son histoire », a-t-il lancé. « On a l’impression que ces députés (qui participeront aux concertations) seront réunis à l’hémicycle par pure coïncidence et évoqueront la présidentielle à l’issue de cette réunion voulue par le destin », a ajouté M. Berry, non sans ironie.

Contacté par L’Orient-Le Jour, Ahmad Rustom, député relevant du bloc de la Modération nationale, précise que son groupe s’était entendu avec M. Berry sur l’importance d’opérer une percée au niveau de la présidentielle. « Reconnaissant que son initiative lancée en août dernier (prévoyant un dialogue élargi qui s’étalerait sur une semaine, suivi de séances électorales ouvertes) n’a pas donné les résultats escomptés (l’opposition n’ayant pas tardé à la rejeter), il nous a demandé d’effectuer une tournée auprès des divers protagonistes en vue des concertations », confie M. Rustom, faisant valoir que M. Berry s’était même engagé à déléguer deux représentants de son bloc parlementaire à cette hypothétique séance.

La réponse des anti-Hezbollah aux propos de M. Berry ne s’est pas fait attendre. C’est le département médias des Forces libanaises (premier à soutenir l’initiative des députés ex-haririens) qui s’en est chargé dans un communiqué. Accusant de nouveau le tandem chiite de blocage, les FL ont rappelé qu’il est normal de tenir des concertations avant la tenue de la présidentielle. « Vous avez le droit de tenir à votre candidat, mais vous n’avez pas le droit de continuer à empêcher la tenue du scrutin pour la simple raison que vous n’avez pas pu lui assurer la majorité requise pour son élection », peut-on lire dans le texte adressé à M. Berry. « Ce qui est vraiment stupéfiant, c’est comment on peut laisser le pays sans président uniquement pour concrétiser l’équation “notre candidat ou personne” », s’est encore indigné le parti.

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« Un gros risque »

« S’il s’avère difficile de s’entendre sur l’identité du futur président à travers des concertations ou un dialogue, je suis prêt à convoquer à une séance électorale avec plusieurs tours de vote. Mais si un chef de l’État n’y est pas élu, il sera de mon devoir de clore le procès-verbal de la séance et de fixer un autre rendez-vous », a déclaré M. Berry, dans une tentative de faire, malgré ces critiques à l’initiative des ex-haririens, preuve de bonne volonté. Sauf que la démarche à laquelle il s’engage remettrait les compteurs à zéro. Car fermer le procès-verbal d’une séance parlementaire impliquerait un retour au premier tour de vote. Cette approche est à même de torpiller l’initiative de la Modération qui plaide pour une séance électorale ouverte jusqu’à l’élection d’un président. Rappelons que selon la Constitution, au premier tour, la majorité des deux tiers (86 députés) est requise pour élire un président. Aux tours suivants, la majorité absolue suffit. Or Nabih Berry manœuvre en considérant qu’à chaque nouvelle séance électorale, on revient au premier tour. Mais lui-même s’en défend. En bon « garant de la Constitution », comme il se présente, son souci principal est, à l’en croire, la préservation du rôle législatif de la Chambre en pleine vacance présidentielle. « Aller vers une séance ouverte reviendrait à prendre un gros risque », a-t-il estimé, rappelant que « cela bloquerait le volet législatif de l’action du Parlement, à l’heure où ce dernier est la dernière institution à être encore en activité régulière ».

Les propos de Nabih Berry sont intervenus au lendemain de la réunion entre des députés de la Modération nationale et le Hezbollah, l’autre élément-clé dans l’échéance, qui a officieusement douché les espoirs des parlementaires du Nord en réitérant l’attachement à la candidature du chef des Marada, Sleiman Frangié, qui fait face à une opposition chrétienne de taille. Mais la Modération nationale ne perd pas espoir. « Nous n’allons pas lâcher prise. Nous allons nous entretenir avec le président de la Chambre dans les deux prochains jours pour mettre les points sur les i », affirme à L’OLJ Abdel Aziz Samad, membre du groupe. 

Véritable coup de grâce ? Le président de la Chambre Nabih Berry s’est officiellement prononcé mardi au sujet de l’initiative lancée il y a plus d’une dizaine de jours par le bloc de la Modération nationale (des députés majoritairement sunnites ex-haririens) et prévoyant des consultations parlementaires suivies d’une séance ouverte pour l’élection d’un président...

commentaires (9)

Qui est le censeur aujourd’hui? Plusieurs de mes commentaires ont été tout simplement censurés, allez savoir pourquoi. Je n’ai fait que relater une réalité. Berry, hier à fond pour la nouvelle cohésion libanaise pour élire un président et aujourd’hui farouchement contre par ce qu’elle avait l’air de bien fonctionner et d’arriver au but de sauver notre pays. Il refuse de se savoir évincé du rôle du tout puissant qui fait la pluie et le beau temps avec son allié aussi vendu et corrompu que lui. Voilà tout.

Sissi zayyat

14 h 59, le 06 mars 2024

Tous les commentaires

Commentaires (9)

  • Qui est le censeur aujourd’hui? Plusieurs de mes commentaires ont été tout simplement censurés, allez savoir pourquoi. Je n’ai fait que relater une réalité. Berry, hier à fond pour la nouvelle cohésion libanaise pour élire un président et aujourd’hui farouchement contre par ce qu’elle avait l’air de bien fonctionner et d’arriver au but de sauver notre pays. Il refuse de se savoir évincé du rôle du tout puissant qui fait la pluie et le beau temps avec son allié aussi vendu et corrompu que lui. Voilà tout.

    Sissi zayyat

    14 h 59, le 06 mars 2024

  • La constitution ne parle nullement de quorum ou de présence des députés lors des séances électorales. Cependant, elle est claire concernant son élection que ce soit au premier tour ou au second tour. En démocratie, il n'y a aucune raison pour les députés a s'abstenir de participer aux élections qu'en cas de force majeur ou s'ils sont de mauvaises foi. Il n'y a donc pas de légitimité en jeu si les parlementaires font leur boulot comme le prévoit la constitution. Sur ce, même s'il y a moins que 65 députés, tant pis pour les autres, ils n'avaient qu'a être la et voter contre.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    14 h 08, le 06 mars 2024

  • Ah zut, j'avais mal lu votre titre... "Berry a-t-il été enterré". Quelle gigne !

    Ca va mieux en le disant

    12 h 58, le 06 mars 2024

  • GOUPIL MANGE DANS TOUTES LES VIGNES MAIS GARDE LA SIENNE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 16, le 06 mars 2024

  • Ce n’est surtout pas Nabih Berry qui a son mot à dire dans le choix du futur président. Ce choix revient aux seuls chrétiens libanais et personne d’autre. Point à la ligne

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 58, le 06 mars 2024

  • La constitution de 1926 ne dit pas grand chose sur le quorum requis pour l'élection présidentielle. Élections au 2 tiers au premier tour, et majorité absolue ( 65 députés) au deuxième. Il n'est pas faux d'assumer que le quorum des 2 tiers est requis pour les 2 tours. En fait, il est impensable d'élire un président avec seulement 65 députés présents dans l'hémicycle. Point controversé, mais qui éventuellement donne une plus grande légitimité au président élu.

    Raed Habib

    07 h 41, le 06 mars 2024

  • "Le chef du législatif critique une démarche « loufoque », AU LENDEMAIN DU "NIET" EXPLICITE DU HEZBOLLAH". La voix de son maître! "Vous avez le droit de tenir à votre candidat, mais vous n’avez pas le droit de continuer à empêcher la tenue du scrutin pour la simple raison que vous n’avez pas pu lui assurer la majorité requise pour son élection". Tout est dit! 

    Yves Prevost

    07 h 21, le 06 mars 2024

  • Pas de défaut de quorum. Que le meilleur score l’emporte. On n’impose pas un président. On vote pour un président comme le prévoit la constitution.

    Mohamed Melhem

    06 h 56, le 06 mars 2024

  • On s’en fout de ce qu’il a enterré ! Il est là face politique du Hezbollah…et le protecteur du système , Riad Salame en premier !

    LeRougeEtLeNoir

    03 h 25, le 06 mars 2024

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