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Culture - Cimaises

Palette d'émotions libanaises dans les galeries cette semaine à Beyrouth

De l’art, sous toutes ses expressions ! C’est ce dont on a besoin dans des situations de tension comme celle que nous vivons actuellement. Petite virée dans le radieux, l’imaginaire, le sensible et même le sombrement émotionnel avec cette sélection d’expositions en ville. Suivez le guide.

Palette d'émotions libanaises dans les galeries cette semaine à Beyrouth

Petite virée dans les galeries beyrouthines. DR


Après les tortues, voici les arbres de Ghassan Zard chez Tanit

« Whispers of nature », une installation de Ghassan Zard à la galerie Tanit de Beyrouth. Photo DR

À la galerie Tanit, la sculpturale installation d’arbres de Ghassan Zard qui accueille les visiteurs fait instantanément son effet. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette forêt de (vrais) troncs blanchis et greffés de grosses boutures d’aluminium aux formes évocatrices de fleurs, de champignons ou encore d’oreilles géantes. Un ensemble d’œuvres qui vous transporte instantanément dans l’imaginaire poétique de ce peintre et sculpteur qui a toujours puisé son inspiration de la nature, de ses paysages, de ses figures animalières et de ses éléments… Depuis ses fameuses tortues géantes en bois et métal qu’il a pas mal promenées de salles d’exposition en terrasses de plein air jusqu’à ses toiles abstraites faussement monochromes aux couleurs douces de l’aube, des nuages, du ciel ou de la pluie…

De délicates peintures en techniques mixtes que l’on retrouve dans cette exposition intitulée « Whispers of nature » (Murmures de la nature) aux côtés d’une série de sculptures plates en laiton censées représenter des configurations d’îles – aux trésors ? – ainsi que des précités grands arbres au mystérieux magnétisme. Des sculptures issues d’un mélange de matière brute et d’un geste artistique inspiré, et qui dégagent une aura imprégnée d’une féerie moderne évocatrice des frémissements de la nature, de ses murmures et de son souffle apaisant. Jusqu’au 3 avril.


L’art à la découpe de Chaouki Chamoun chez Mark Hachem

Une œuvre sur papier de Chaouki Chamoun. Photo DR

L’idée peut sembler insolite, voire même quelque peu déroutante, mais Chaouki Chamoun, artiste coté de la scène beyrouthine, avait déjà eu recours lors d’une précédente exposition à cette originalité qui consiste à permettre aux amateurs de son art de choisir parmi ses longues peintures sur papier la partie de l’œuvre qu’ils désirent – et qu’ils peuvent ! – acquérir. Cette fois-ci, et toujours dans une optique d’accessibilité à un plus large public, le peintre présente à la galerie Mark Hachem de Beyrouth uniquement des œuvres sur papier. Pas de toiles donc mais de petites œuvres en techniques mixtes sur papier kodak déjà encadrées et deux immenses rouleaux déroulants sur plusieurs mètres de largeur – atteignant pour l’une d’elles les 20 mètres pour 60 centimètres de hauteur – ses fameuses files de personnages lilliputiens évoluant sous d’immenses horizons colorés que l’on peut s’offrir à la coupe...

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Sinon, Chaouki Chamoun reste dans le coup de pinceau vif, dans la palette exubérante, mis à part quelques œuvres en noir et blanc, et dans ces mini-touches façon confettis qui caractérisent son art. Mais qui, depuis le soulèvement d’octobre 2019 et l’explosion au port de Beyrouth du 4 août 2020, se sont épaissis de fragments de verre coloré aux contours acérés évocateurs des vies éclatées de toute une population emportée dans les bourrasques répétées des crises et de la violence. D’où le titre : « Uprising Sceneries + Works on Paper ». Jusqu’au 8 mars.


La « Danse macabre » de Abed al-Kadiri au Mina Image Center

Une vue de l'une des salles de « Danse macabre » au Mina Art Center. Photo DR

« Danse macabre. From Urban perils to raving revelry »(Des périls urbains aux réjouissances délirantes). Certes, l’intitulé de cette exposition rassemblant, au Mina Image Center (en collaboration avec la galerie Tanit), un ensemble d’œuvres multimédias récentes de Abed al-Kadiri n’est pas engageant, mais le travail de ce talentueux artiste visuel à la sensibilité inouïe vaut largement d’être vu. Ou plutôt expérimenté, ressenti et vécu.

Car, vous l’aurez deviné, ce n’est pas une exposition ordinaire dont il s’agit mais d’une immersion sensorielle, émotionnelle, dans la tête, le cœur, les tripes d’un homme traumatisé par l’explosion au port de Beyrouth et l’effondrement total de son pays, le Liban. Une exposition qui vous plonge dans le noir d’une première salle où une installation vidéo et sonore réalisée (en collaboration avec Victor van Wetten et Jad Atoui) à partir d’un ensemble de toiles au fusain et à l’huile de l’artiste, enveloppées d’une musique techno, vous emporte psychologiquement dans ce qui ressemble à une scène underground : un lieu où, par la danse, s’évacue un maelström d’émotions intenses nées de l’expérimentation du choc, de la perte et du chagrin… Puis passage à une seconde salle toujours aussi noire où des toiles de Abed al-Kadiri devenues luminescentes par un système d’éclairage arrière déploient, sur des sonorités Rave, leur sombre narration de la chute libre d’un pays victime d’une révolution bloquée, d’un effondrement économique catastrophique, d’une pandémie suivie de la plus grande explosion non nucléaire et couronnée par une paralysie socio-politique totale… On en sort avec l’impression d’avoir reçu un coup de poing en plein ventre. Car cet art-là qui vous vrille la tête, les yeux, les tympans et le cœur, cet art qui vous pénètre au plus profond de vos entrailles a un effet de révélateur, et peut-être même de catharsis, de la somme des catastrophes et avanies subies ces dernières années au Liban. Un projet ambassadeur du Beirut Museum of Art(BeMa). À découvrir absolument, jusqu’au 21 mars.


Et la peinture jubilatoire de Maroun Hakim chez Escape

Une toile de Maroun Hakim dans un style lyrique et semi-abstrait. Photo DR

Retour à la lumière et à l’élan vital avec l’exposition « Radiant land »(Terre radieuse) de Maroun Hakim qui se tient à la galerie Escape à Achrafieh. Et qui déploie sur les cimaises une quarantaine de peintures à l’acrylique sur toile, réalisées au cours de ces deux dernières années, accompagnées de 12 sculptures en bronze conçues entre 1992 et 2021 et coulées pour certaines en 2023.

Dans un style lyrique et semi-abstrait, l’artiste septuagénaire qui a longtemps été à la tête de l’Association libanaise des artistes peintres et sculpteurs, célèbre l’éclatante beauté de cette terre libanaise à laquelle, contre vents et marées, il est visiblement très attaché. Conjuguant dans une palette de couleurs vives les petites touches et les aplats de matière dense, le pinceau de Maroun Hakim génère, au fil de ses compositions, des paysages radieux évocateurs de la nature libanaise dans ses plus enchanteurs moments. Autant dans ses floraisons printanières que dans ses vibrations estivales ou encore ses symphonies nocturnes…. Nulle trace dans ces œuvres éblouissantes de vigueur et de luminosité de la violence et du sang qui ont abreuvé au cours de ces dernières années cette terre de miel et d’encens, hormis quelques figures qui surgissent parfois dans certains paysages de manière fantomatique sous un regard appuyé. Ces figures semblables à celles que Maroun Hakim avait coulées bien des années plus tôt dans du bronze poli et dont certaines pièces ponctuent l’accrochage de toiles, pour leur part, délibérément rythmées aux couleurs de l’espoir…  Jusqu’au 9 mars.

Après les tortues, voici les arbres de Ghassan Zard chez Tanit« Whispers of nature », une installation de Ghassan Zard à la galerie Tanit de Beyrouth. Photo DRÀ la galerie Tanit, la sculpturale installation d’arbres de Ghassan Zard qui accueille les visiteurs fait instantanément son effet. Difficile de ne pas tomber sous le charme de cette forêt de (vrais) troncs blanchis et greffés de...

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