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Économie - Entreprises

Butec marque sa 60e année d’existence avec le rachat d’une filiale de Veolia au Maroc

Le groupe libanais de construction et de services fondé par la famille Younès renforce sa présence en Afrique.


Butec marque sa 60e année d’existence avec le rachat d’une filiale de Veolia au Maroc

Le PDG de BUTEC, Ziad Younès. Photo DR

Début 2022, le libanais Butec entamait l’année en annonçant avoir racheté à Engie la bagatelle de 17 entreprises spécialisées dans les services multitechniques du bâtiment (énergie, chauffage, climatisation, ventilation, électricité, etc.). Un réseau de sociétés basées dans 10 pays africains et dont le géant français avait décidé de se séparer pour se recentrer sur la production et la distribution d’énergie.

Deux ans plus tard, le groupe de construction et de services appartenant à la famille Younès et dont le siège surplombe le rond-point de Mkallès (banlieue est de Beyrouth) vient de s’offrir Eaux de Marseille Maroc (EMM), une filiale cédée par un autre groupe français, Veolia, cette fois investi dans la gestion de l’eau et des services d’assainissement. Butec, qui fêtera ses 60 ans d’existence cette année, n’a pas communiqué le montant de la transaction réalisée par sa holding enregistrée à Dubaï.

« Cette acquisition s’inscrit dans notre stratégie de déploiement en Afrique et de diversification de nos compétences dans les métiers de la délégation de services publics (utilities services en anglais, NDLR), annexe à notre corps de métier de base », a exposé à L’Orient-Le Jour le PDG de Butec Ziad Younès. « Mais elle n’était pas prévue. Il s’avère que Veolia a décidé de vendre cette filiale il y a environ un an en suivant sa propre stratégie de repositionnement en Afrique et que nous avons aussitôt manifesté notre intérêt », précise-t-il.

Pour mémoire

Pourquoi le libanais Butec a racheté les entreprises d’Engie en Afrique

L’intérêt d’EMM

Bien que l’opération ne soit pas comparable avec le rachat des actifs d’Engie deux ans plus tôt – EMM compte près de 200 personnes qualifiées et des équipements sophistiqués principalement déployés au Maroc –, Ziad Younès la qualifie de « pépite » et loue son savoir-faire rare dans le domaine de la maintenance et de la réparation des réseaux de distribution d’eau et d’assainissement.

« L’électricité la moins chère, c’est celle que l’on ne perd pas. C’est pareil pour l’eau. C’est évident sur le plan économique et cohérent d’un point de vue environnemental », lance Ziad Younès, avant d’ajouter : « Sur le plan purement stratégique, nous persévérons dans la voie dans laquelle nous nous sommes lancés avec Butec Utilities Services (BUS), notre filiale de gestion des réseaux de distribution d’électricité. » BUS fait partie des quatre prestataires qu’Électricité du Liban emploie pour assurer la maintenance du réseau et la collecte des factures depuis plusieurs années.

Sur un plan technique, EMM est surtout actif sur l’ensemble du territoire marocain, mais est aussi intervenu à plusieurs reprises sur des installations de Veolia en France, dans le Golfe ainsi que dans d’autres pays d’Afrique. La société se prévaut notamment d’un bilan de plus de 12 millions de mètres cubes d’eau économisés par an à la suite de ses interventions, soit environ une fois et demie l’équivalent du barrage de Chabrouh (Faraya, Kesrouan) plein à craquer.

Le siège de BUTEC à Mkallès. Photo P.H.B.

« L’importance de cette société se joue au niveau de son expertise – assez rare – et du potentiel qu’elle représente pour enrichir l’offre de Butec en tant que groupe », commente encore Ziad Younès. « Nous continuerons bien sûr de servir le marché marocain, mais nous utiliserons aussi ce nouveau savoir-faire dans les pays où nous sommes présents », poursuit-il. Le patron du groupe évoque notamment l’exemple de la Jordanie, où la Banque mondiale a accepté l’année dernière de financer un projet de 250 millions de dollars pour réhabiliter les réseaux de distribution d’eau. La gestion de l’eau est également un enjeu majeur en Arabie saoudite, où le réseau de distribution est vieillissant. « En raison de la vétusté des systèmes de distribution et d’une utilisation inefficace, l’Arabie saoudite peut perdre jusqu’à 40 % de l’eau qu’elle achemine chaque jour », écrit notamment l’Agence américaine pour le commerce international sur son site.

Plain-pied en Afrique

Avec l’acquisition d’EMM, Butec renforce sa présence déjà conséquente au Maroc, où se situent trois des 17 entreprises que le groupe avait rachetées fin 2021, ainsi que sur le continent africain où il a passé les deux dernières années à organiser son nouveau réseau de sociétés. « Nous avons connu une première phase avec une restructuration et un redimensionnement des équipes en adéquation avec la taille du carnet de commandes. Nous avons ensuite finalisé une seconde étape de consolidation, qui passe par une diffusion et une harmonisation des procédures entres les différentes sociétés qui ont intégré le groupe », détaille Ziad Younès. « Aujourd’hui, toutes ces entités sont en ordre de bataille et ont regagné la confiance de leurs clients. Les choses se passent bien », assure-t-il.

« Je pense qu’une grande partie du développement futur de Butec se fera en Afrique », enchaîne Ziad Younès, avant d’argumenter : « Le continent est un espace parfait pour la collaboration Sud/Sud avec des pays dotés d’économies développées comme le Maroc, l’Afrique du Sud ou encore la Côte d’Ivoire (trois pays dans lesquels Butec s’est implanté en 2022, NDLR) qui ont un fort potentiel de croissance, et dont les économies ont l’avantage d’être décorrélées des fluctuations des cours du pétrole. » Il assure cependant que « cet essor ne se fera pas au détriment du noyau dur du groupe au Moyen-Orient et dans le Golfe ».

Marché libanais

Avec plus de 7 500 personnes employées dans 21 pays, Butec constitue l’un des plus importants groupes libanais. Si l’entreprise est restée basée au pays du Cèdre malgré la crise multidimensionnelle que le Liban traverse depuis 2019 et les récentes craintes concernant la situation sécuritaire sur le plan régional en marge de la guerre à Gaza, sa filiale BUS demeure depuis longtemps son dernier bastion sur le marché libanais.

« Bien avant que la crise n’éclate, Butec vivait déjà en dehors du Liban, qui est un pays à partir duquel nous voulons continuer à travailler mais dans lequel nous ne pouvons pas plus nous engager, compte tenu des insuffisances de l’État et de l’environnement des affaires », expose Ziad Younès.

Il reconnaît toutefois que la situation de BUS s’est récemment stabilisée à la suite des mesures adoptées ces deux dernières années par les autorités pour améliorer la collecte et débloquer des tarifs qui sont restés gelés sur un prix du baril avoisinant les 20 dollars de 1994 à fin 2022. 

Début 2022, le libanais Butec entamait l’année en annonçant avoir racheté à Engie la bagatelle de 17 entreprises spécialisées dans les services multitechniques du bâtiment (énergie, chauffage, climatisation, ventilation, électricité, etc.). Un réseau de sociétés basées dans 10 pays africains et dont le géant français avait décidé de se séparer pour se recentrer sur la...

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