Une étude d’épidémiologistes a révélé des chiffres alarmants concernant la suite du conflit armé en cours à Gaza. Au-delà des quelque 30 000 personnes déjà tuées dans l’enclave palestinienne, selon les chiffres du mouvement Hamas, la guerre pourrait compter plus de 85 000 morts supplémentaires du fait de blessures et de maladies en cas d’escalade militaire d’ici août 2024. Si les hostilités se poursuivent au rythme actuel, les projections prévoient sur la même période près de 67 000 décès de plus. Même en cas de cessez-le-feu immédiat et permanent, plus de 11 000 personnes pourraient encore perdre la vie, notamment en raison des risques d’épidémies. Sans compter ces derniers risques, les estimations oscillent tout de même entre 6 550 morts supplémentaires en cas de cessation des hostilités et 74 290 dans le scénario d’une escalade.
Financée par la London School of Hygiene and Tropical Medicine et le Johns Hopkins Center for Humanitarian Health de la Johns Hopkins University, l’étude publiée lundi fait partie d’un projet visant à estimer l’impact potentiel de la crise à Gaza sur la santé publique, en fonction de différents scénarios. Basés sur des modèles de prédictions scientifiques, les résultats précités, qui concernent la période allant du 7 février au 6 août 2024, ne font pas la distinction entre combattants et civils. Les scientifiques précisent néanmoins que la majorité des victimes appartiendrait à des segments de la population qui ne présentent pas les caractéristiques démographiques usuelles des combattants.
Causes principales de mortalité
Les maladies infectieuses constitueraient la cause principale des décès en l’absence de confrontation armée, alors qu’améliorer les conditions d’assainissement, d’approvisionnement en eau, d’hébergement, faire reculer la malnutrition et rétablir le fonctionnement des services de santé à Gaza demande du temps. Si les combats continuent ou s’intensifient, ce sont les blessures traumatiques qui dépasseront alors les maladies infectieuses comme première cause de mortalité, comptabilisant les personnes mortes sur le coup comme celles qui auront succombé plus tard à leurs blessures ou à des complications. L’étude mentionne aussi les risques croissants de malnutrition aiguë voire sévère en cas de prolongation du conflit, alors que les taux ont déjà fortement augmenté depuis le début de la guerre, malgré les disparités géographiques. En plus des maladies endémiques telles que le Covid-19, la grippe ou des maladies pulmonaires, déjà présentes avant la guerre, des épidémies pourraient en outre se déclarer, comme le choléra, la polio ou encore la rougeole, bien que l’incertitude reste élevée sur ces variables.
« Ceci n’est pas un message politique ou un plaidoyer », avance au New York Times le docteur Francesco Checchi, professeur d’épidémiologie et de santé mondiale à la London School of Hygiene and Tropical Medicine. « Nous voulions seulement mettre (les informations) dans la tête des gens et sur les bureaux des décideurs », a ajouté le médecin ayant participé à l’étude. Le rapport suggère ainsi que des « accords politiques et sécuritaires sont impératifs pour assurer la sécurité des établissements et des travailleurs médicaux, ainsi que l’accès, la qualité et la livraison suffisante d’équipements vitaux », rappelant le besoin d’une « adhésion au droit international humanitaire ».
commentaires (1)
C’est horrible, atroce inhumain.. je n’ai plus de mot pour dire ma colère mon désarroi face à ce quise passe à Gaza!… quand tout cela s’arrêtera -t-il??????????
Claudine Homsy
15 h 34, le 24 février 2024