Une plainte a été présentée auprès du parquet militaire à l'encontre de la star et personnalité artistique libanaise Nancy Ajram après sa rencontre avec un blogueur israélien lors d'un concert à Chypre, rapportent plusieurs médias jeudi. Dans cette plainte, l'avocat libanais Charbel Arab accuse Nancy Ajram d'avoir enfreint la loi de boycottage d'Israël.  

« Il est établi par le biais des réseaux sociaux que l'artiste Nancy Ajram a rencontré un blogueur israélien, et ce, alors que notre territoire est bombardé par l'ennemi (...) Cette situation constitue une violation manifeste de la loi de boycottage d'Israël, qui interdit tout échange avec l'ennemi israélien », peut-on lire dans cette plainte référencée sous le numéro 4115/2024 et datée du 22 février 2024.

Le Liban a adopté une loi en 1955 interdisant les contacts avec des Israéliens ou des personnes résidant en Israël, ainsi que des relations économiques avec des entreprises israéliennes. Elle prohibe également tout type de transaction commerciale, financière ou autre avec l'État hébreu, toute violation étant passible de trois à dix ans de travaux forcés. 

Lire aussi

La musique pop arabe au-delà de ses frontières

Le blogueur israélien Itzik Balas a diffusé des photos le représentant avec la chanteuse libanaise sur son compte Instagram, suivi par 200.000 abonnés. « J'étais excité de rencontrer la mégastar mondiale du monde arabe, la chanteuse libanaise Nancy Ajram », a-t-il écrit en anglais en légende de ces photos, avant d'ajouter en arabe « habibt al alb » (bien-aimée).

Pour ou contre

Ces images ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux et suscité l'indignation de certains utilisateurs qui ont critiqué Nancy Ajram pour s'être fait photographier avec un Israélien, notamment en pleine guerre à Gaza et alors que des affrontements quotidiens opposent l'armée israélienne au Hezbollah au Liban-Sud. Beaucoup d'autres sont venus à la défense de Nancy Ajram, affirmant qu'il n'y a aucun moyen pour elle de connaître la nationalité d'un fan avant de prendre une photo avec lui.

Ce n'est pas la première fois que Nancy Ajram se retrouve au cœur d'une telle polémique. « Je ne donnerai pas de témoignages sur mon patriotisme à qui que ce soit ! (...) Je ne commenterai plus (sur le sujet), car mon appartenance à cette terre et à ses racines transcende les futilités et reste au-dessus de toute considération », avait écrit la chanteuse sur X en 2023 en réponse à des critiques. Elle a accompagné son message d'un hashtag en arabe disant : Je suis Libanaise et arabe jusqu'au dernier souffle avant d'ajouter : « Merci pour l'amour et le soutien ».

Ce genre de controverses se produit fréquemment au Liban. En 2015, Miss Liban Sally Jreige, alors candidate au concours de Miss Univers, avait été photographiée avec Miss Israël. En 2019, le président de la fédération libanaise de lutte, Omr Eskandarani, avait refusé que le champion du Liban de lutte libre, Domenic Abounader, affronte un Israélien lors des championnats du monde de lutte qui se déroulaient à Nur Sultan, au Kazakhstan.

Le Liban et Israël, qui a retiré en 2000 ses troupes des zones qu'il occupait depuis plus de 20 ans, sont encore techniquement en guerre. En 2006, la guerre entre Israël et le Hezbollah a fait plus de 1.200 morts au Liban, en majorité des civils, et quelque 160 Israéliens, principalement des soldats.