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Culture - Décryptage

La musique pop arabe au-delà de ses frontières

Que ce soit à travers les chansons de Sherine Abdel Wahab, de l’iconique Myriam Farès ou de la star montante Elyanna, la musique populaire arabe s’affirme de plus en plus sur la scène internationale. 

La musique pop arabe au-delà de ses frontières

Les soirées Disco Dabké sont surtout arrosées de pop arabe. Photo Clara Mae Salfiti

« Ma plus belle découverte de l’année, c’est le morceau Sabri Aleel de Sherine Abdel Wahab. Sinon j’écoute beaucoup Nawal el-Zoghbi en ce moment », confie Théo depuis son appartement parisien. À 25 ans, ce jeune Français est un amateur de la culture musicale arabe. Il n’a pourtant jamais voyagé dans un pays de la région et n’en est pas originaire. « J’écoute autant de pop que de rap que du traditionnel. J’adore Feyrouz, Balqees, Nancy Ajram. Et j’en passe… Aujourd’hui, la musique arabe représente 20 % de tout ce que j’écoute. Ce qui est énorme ! » continue-t-il.

La popularisation de la culture arabe en Occident ne cesse de s’accroître, notamment grâce à la forte dispersion de sa population en dehors de ses terres ainsi que le pouvoir des réseaux sociaux de réunir toutes les communautés entre elles grâce à quelques clics.

Pour Théo, son coup de foudre pour les sonorités orientales, il y a cinq ans, n’est pas dû au hasard. « J’avais beaucoup d’amis libanais et palestiniens en Amérique. J’allais souvent avec eux à des soirées pop arabe des années 90-2000, notamment lorsque j’habitais à New York et à Toronto. J’aimais particulièrement les soirées organisées par Yatabtab Night et Habibi Nights », dit-il tout sourire.

Entre nostalgie et envie de découverte

À l’image de ces soirées, il y en a une en particulier qui triomphe dans la capitale française. Disco Dabké est fondée par Michèle Sammour et Youssef Mallat, tous deux franco-libanais. Passionnés par la musique pop arabe (notamment celle des années 90-2000), ainsi que toute la culture qui l’entoure, ils réalisent qu’ils sont loin d’être les seuls : « Chaque fois que nous organisions une soirée à la maison ou réservions un bar pour des événements personnels, la nuit se transformait en une soirée pop arabe, et cela plaisait à tout le monde. Les gens se mettaient à chanter en chœur, peu importe depuis combien de temps ils n’avaient pas entendu ces chansons », confient-ils. C’est comme ça qu’ils ont l’idée de lancer leur première soirée le 25 janvier 2020 dans un petit bar du 2e arrondissement de Paris. Il leur semblait important de lancer « une soirée décontractée et inclusive, pour un public plus jeune, moderne et diversifié où toutes les communautés sont les bienvenues ».

Après plusieurs succès, les soirées sont passées d’un bar à des espaces beaucoup plus grands notamment grâce à leur collaboration avec Beirut Electro Parade, connue pour organiser régulièrement des grandes soirées. De Paris à Beyrouth, en passant par Dubaï et le Qatar, Michèle Sammour et Youssef Mallat expliquent attirer un public très inclusif et diversifié : « Il y a évidemment la diaspora libanaise mais également des personnes de nationalités diverses. Jusqu’à présent, les retours ont toujours été positifs ! Après chaque soirée, nous avons le sentiment que les participants ressentent vraiment l’envie, voire le besoin, d’une telle expérience. Nous recevons un flot constant de messages de remerciements et d’encouragements. » Désormais, leur objectif est de toucher davantage de villes pour rassembler encore plus de personnes autour de la musique pop arabe. Au-delà des soirées, ils veulent également élargir l’empreinte de la marque Disco Dabké. « Récemment, nous avons lancé notre première ligne de tee-shirts, et nous sommes impatients de découvrir la suite ! » concluent-ils fièrement.


Fan de leurs soirées, Marie, 24 ans, a toujours vécu en France. Issue de parents libanais, elle a toujours fait face à une crise d’identité. « Parfois, je ressens une sorte de culpabilité de savoir parler le français mieux que l’arabe. À la maison, j’ai toujours baigné dans la culture libanaise, mais une fois le pied posé dehors, je me retrouve face à une culture totalement différente, voire opposée », indique-t-elle. Les stars comme Fayrouz, Sabah, Haïfa Wehbé ne lui sont pas inconnues et elle connaît tous les tubes de Myriam Farès. « Ces soirées sont l’occasion pour moi de me réunir avec des personnes qui veulent garder un lien avec leur culture d’origine. C’est également une opportunité de présenter notre culture populaire à mes amis français », ajoute-t-elle.

C’est le cas de Nina, une jeune artiste française de 28 ans. Elle raconte que c’est à travers la musique qu’elle découvre l’histoire du Moyen-Orient, sa culture ainsi que ses différents dialectes qu’elle a beaucoup envie d’apprendre. « À chaque fois, je vais écouter un peu les paroles, l’histoire des artistes », détaille-t-elle.

Les réseaux sociaux lancent des tendances

Comme l’observe le Billboard Arabia : « Au cours des dix dernières années, les plateformes de streaming numérique ont dominé la consommation musicale dans le monde. À l’heure actuelle, le succès de toute chanson dépend désormais de l’interaction du public. Ainsi, un morceau sorti il y a plusieurs années peut soudainement devenir tendance. »


Le cas du titre Kalame Eineh  (2018) interprété par l'Égyptienne Sherine, surnommée « la Britney Spears arabe », en est un parfait exemple. Depuis septembre 2023, le morceau issu de son album Nassay  connaît un énorme succès. Les utilisateurs de TikTok ont lancé une tendance vidéo où on les voit réaliser des vidéos romantiques ou amicales avec le refrain du tube sur fond musical. En trois mois, la chanson est passée de trois à 28 millions d'écoutes sur Spotify. Elle s’est positionnée au top de plusieurs pays comme la Suède, les États-Unis ainsi que l’Allemagne sur TikTok. Des commentaires écrits par des communautés du monde entier se sont multipliés sur YouTube, faisant l’éloge de la voix de son interprète.

Encore une preuve que la musique est un langage universel ! Le succès sans précédent de Myriam Farès, avec son titre Goumi sorti en 2018, a battu tous les records. Sa chanson a cumulé à ce jour plus de dix milliards de vues sur TikTok grâce à un challenge lancé par la chanteuse. Partout, des jeunes ont dansé au rythme de sa voix. Par ailleurs, à la suite de nombreux titres à succès sur la scène internationale, l’interprète de Nadini a reçu le prix de la première artiste libanaise internationale au Murex d’or en septembre 2023.

Une nouvelle génération pop née de la diaspora

Ces dernières années ont également vu une nouvelle génération d’artistes issue de la diaspora qui commencent à s’affirmer sur la scène internationale.

Elyanna, l’artiste chilo-palestinienne, a quitté Nazareth avec sa famille pour s’installer aux États-Unis à l’âge de 15 ans. Du haut de ses 21 ans, elle a déjà marqué l’histoire en devenant la première artiste à performer des morceaux en arabe au célébrissime festival de musique aux États-Unis, Coachella, en avril 2023. L’interprète de Ala bali redéfinit la musique pop à sa manière en piochant ses inspirations à la fois de sa culture palestinienne et chilienne. Beyoncé, Feyrouz, The Week End constituent sans doute un mélange étonnant, mais ont tous les trois joué un grand rôle dans son évolution musicale rendant ainsi sa musique unique.


Saint-Levant, alias Marwan Abdelhamid, a beaucoup fait parler de lui ces dernières années. Né d’une mère franco-algérienne et d’un père palestino-serbe, le jeune artiste de 23 ans, résidant à Los Angeles et originaire de Gaza, a toujours baigné dans la multiculturalité. Il apporte un regard unique sur la musique pop moderne en fusionnant l’anglais, le français et l’arabe dans ses morceaux. Inspiré d’artistes anciens et contemporains, il a réussi à séduire un public diversifié à travers le monde, notamment après son tube Very Few Friends.

Ces artistes s'adressent à une génération qui s’identifie facilement à eux. Ils démontrent que la langue n’est qu’une barrière qu’il faut savoir briser... en acceptant le pari de modifier le langage de la musique, qui reste, plus que jamais, universelle. 

« Ma plus belle découverte de l’année, c’est le morceau Sabri Aleel de Sherine Abdel Wahab. Sinon j’écoute beaucoup Nawal el-Zoghbi en ce moment », confie Théo depuis son appartement parisien. À 25 ans, ce jeune Français est un amateur de la culture musicale arabe. Il n’a pourtant jamais voyagé dans un pays de la région et n’en est pas originaire. « J’écoute...

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