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Société - Administration

La grève de 3.000 fonctionnaires du ministère des Finances menacerait les salaires du public

La procédure liée au versement des salaires de l'ensemble des fonctionnaires passe par ce ministère. 

La grève de 3.000 fonctionnaires du ministère des Finances menacerait les salaires du public

Le siège de la direction de la TVA, dans le secteur du Palais de justice, à Beyrouth. Photo P.H.B.

« Quand commence la grève ? Mais elle a déjà commencé aujourd’hui ! (jeudi) ». Le représentant du ministère des Finances au sein du Rassemblement des fonctionnaires de l’administration publique, Hassan Wehbé, est formel.

Depuis que le Premier ministre sortant Nagib Mikati a demandé jeudi au ministre sortant des Finances Youssef Khalil de geler les « bonus de productivité », les quelque 3.000 fonctionnaires du ministère ont « éteint leurs ordinateurs et sont rentrés chez eux ». Une annonce faite en marge d'un contexte tendu marqué par des manifestations menées par des dizaines de militaires à la retraite, et des grèves dans d’autres administrations publiques telles que le ministère de l’Information, tous revendiquant des revalorisations « équitables » des salaires.

Ces bonus controversés étaient réservés à une partie de l’administration publique, notamment le ministère des Finances avec toutes ses ramifications, plusieurs institutions investies de missions de contrôle et de surveillance, le personnel du Grand sérail,  celui du siège de la présidence du conseil des ministres, et celui du palais présidentiel.

Il s'agit plus précisément d'un bonus temporaire équivalent à 20 % du salaire des fonctionnaires qui en bénéficient et qui « n’entre pas officiellement dans la rémunération proprement dite ». Elle ne peut donc pas servir de base au calcul des indemnités de fin de service. Les versements actuels doivent se faire pendant deux mois, et il faudra attendre un décret du Conseil des ministres pour autoriser le versement de ce bonus pour les mois qui suivent.

Le budget de 2024 a pérennisé les ajustements de salaires dont ont bénéficié les fonctionnaires par décret dès 2023. Ces salaires valent  désormais 7 fois leur niveau sous l’ancienne parité officielle de 1507,5 livres libanaises pour un dollar. La loi de finances réserve aussi 20.000 milliards de LL (223,5 millions de dollars au taux actuel du marché) pour financer ces « bonus de productivité ». Les dépenses allouées aux traitements et salaires s'élèvent à plus de 45 mille milliards de livres dans le budget (513 millions de dollars) ou 17 % du total des dépenses, selon les calculs de L'OLJ, sans compter le bonus de productivité.

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Des réactions à géométrie variable

Le fait que ces bonus ne soient réservés qu'au membres de certaines administrations a fini, de manière assez attendue, par crééer des frustrations dans la fonction publique. Les fonctionnaires du ministère des Finances affirment comprendre la réaction de leurs confrères, tout autant affectés par la crise économique et la dévalorisation de la monnaie nationale et des salaires. « Bien sûr que nous préférons que tous nos confrères soient englobés dans cette mesure », assure Hassan Wehbé.

Mais il ajoute « ne pas comprendre cette vive réaction contre ce décret en particulier, alors que personne n’avait réagi quand des avantages ont été décrétés pour quelque 40.000 professeurs du public totalisant 15.000 milliards de livres, ou pour les quelque 600 juges, d’une valeur de 1.000 milliards ».

Il note également que ce décret en particulier aurait dû passer depuis novembre 2023, mais que son adoption a été reportée à plusieurs reprises. « Aujourd’hui, ils prennent pour prétexte le mouvement des militaires retraités dans les rues pour le reporter encore une fois », lance-t-il. Pour lui, même avec ce bonus, les salaires restent très insuffisants, le fonctionnaire qui encaissait l’équivalent de 3.000 dollars avant la crise ne pouvant espérer un salaire de plus de 600 dollars, avec la multiplication par 7 en plus du bonus.

Répercussions importantes

Le fait que les fonctionnaires du ministère des Finances se soient mis en grève peut avoir des repercussions importantes si elle se prolonge dans l'ensemble de la fonction publique. « Si nous fermons le système, aucun fonctionnaire ne pourra plus encaisser son salaire, et l’État n’aura plus accès à ses sources de financement provenant d’administrations diverses », explique le syndicaliste. En effet, tous les salaires du public et toutes les rentrées de l’État passent par le ministère des Finances qui les transmet à la Banque du Liban (BDL).

M. Wehbé assure que les fonctionnaires du ministère des Finances comptent tenir bon et poursuivre leur grève si le Conseil des ministres n’adopte pas le décret des bonus ce vendredi 23 février, lors de sa réunion prévue au Grand sérail. « Nous nous retrouvons dans une situation où les exclus du décret feront grève en cas de son adoption, et ceux qui y sont intégrés arrêteront de travailler s’il ne passe pas », résume-t-il.

Le gouvernement de Nagib Mikati se trouve donc dans une position délicate à la veille de sa réunion, au cours de laquelle il abordera ce sujet hors de l’ordre du jour. Le contexte de colère des militaires à la retraite, auxquels le Premier ministre sortant a promis une réponse depuis le 10 février, devrait encore plus compliquer la donne. L"Orient-Le Jour a essayé de joindre le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, mais sans succès.

« Quand commence la grève ? Mais elle a déjà commencé aujourd’hui ! (jeudi) ». Le représentant du ministère des Finances au sein du Rassemblement des fonctionnaires de l’administration publique, Hassan Wehbé, est formel. Depuis que le Premier ministre sortant Nagib Mikati a demandé jeudi au ministre sortant des Finances Youssef Khalil de geler les « bonus de productivité », les...

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