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Campus - OPINION

Le rôle-clé des universités est d’encourager leurs étudiants à s’engager dans la vie politique

Le père Béchara Khoury, président de l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), partage sa réflexion sur le rôle des établissements d’enseignement supérieur dans un Liban en crise.


Les crises se succèdent au Liban, laissant leurs empreintes sur le pays et la population, et entraînant des conséquences négatives et dangereuses. Des résultats auxquels nous nous habituons et adaptons rapidement avant que, en tant qu’individus et petits groupes, nous essayons de nous relever, en nous inspirant du phénix qui, à mon avis, en a assez de nous, épuisé par nos éternelles chutes et tentatives de rebondissement. J’ai l’impression de l’entendre crier : « Ô Libanaises et Libanais, ça suffit ! Arrêtez-vous, unissez-vous, regardez vers l’avenir, planifiez, anticipez. N’attendez pas les calamités et les crises pour réagir et vous précipiter dans des actions instantanées, fragiles et faibles, en comptant sur moi pour vous faire sortir de vos cendres sous lesquelles vous vous êtes enterrés à cause de votre inconscience, de vos divisions et de l’absence de vision, entre autres raisons… »

Excuse-nous, pauvre oiseau, nous t’avons fait tellement de tort... Si beaucoup font la sourde oreille face à ton appel, se détournent de la douleur de la patrie et des générations, et ferment les yeux devant les dangers qui nous guettent à l’avenir, nous, nous vous avons entendu et avons saisi vos paroles…

Dans nos universités, et en ce moment particulier, où, à l’instar d’autres institutions et secteurs, nous faisons toujours face à la crise multiforme que nous n’avons pas anticipée et qui nous a affectés très durement, nous avons tiré des leçons qui répondent à un certain nombre de questions, notamment : Si, dans toutes les universités libanaises, nous n’avions pas anticipé l’apparition d’une possible crise nationale majeure, même si nous nous considérons élitistes, qui l’aurait perçue à l’avance ? Quel rôle historique et national prépondérant doivent jouer les universités libanaises dans de telles crises ? Ce qui s’est passé et ce qui se produit encore ne constituent-ils pas une raison suffisante pour former une union universitaire effective et efficace ?

Un rôle avant, pendant et après les crises

À mon avis, les universités doivent jouer un rôle avant, pendant et après les crises. Je crois que leur rôle comprend une quête constante d’élever le niveau d’éducation et d’adapter l’enseignement à l’époque. Nous ne nions pas que ce niveau, dans certains de ses aspects, a été affecté, et peut-être même fortement. Les dommages dus aux crises n’ont pas épargné les entités universitaires qui se sont vues privées d’une certaine partie de leurs ressources humaines, de leurs compétences, de leur potentiel…

Un second rôle que les universités doivent jouer réside dans l’anticipation du futur. Il est nécessaire de lancer des programmes éducatifs qui visent l’amélioration des compétences requises pour intégrer le marché du travail de demain, telles que la pensée analytique, critique et créative, et le développement des compétences de réflexion futures, en vue de développer de nouvelles solutions aux défis de l’avenir. Ce rôle exige un certain nombre de tâches à mener par chacune de nos universités, même de l’Université libanaise (UL) si elle est en mesure de le faire. La première tâche consiste à offrir au public les connaissances, les informations et l’expertise nécessaires pour faire face aux crises par le biais de leurs programmes éducatifs, et à faire de la sensibilisation pour prévenir ou affronter les difficultés. Quant à la deuxième tâche, elle consiste à élaborer des plans stratégiques clairs et concrets basés sur le service de la communauté et prenant en considération des circonstances exceptionnelles telles que les guerres, les révolutions…

Ici, je me demande : notre université a-t-elle fait cela ? Ma réponse est non, à l’exception des interventions traditionnelles timides qui n’étaient pas suffisantes pour former une boîte noire unissant toutes les solutions possibles qui seront utilisées en temps de crises. Il est vrai que l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), qui a rejoint le Club universitaire mondial en obtenant la plus haute accréditation institutionnelle NECHE, a la responsabilité de jouer un rôle pionnier et central dans le renforcement de l’enseignement supérieur au Liban, et de le rendre le phare éducatif de l’Est et plus encore.

Le rôle des universités comprend également le soutien à la recherche et l’encouragement du développement technologique en vue de trouver des solutions efficaces aux crises actuelles et à venir.

Notre université est invitée aujourd’hui, de toute urgence, à s’engager dans un grand chantier, qui est de travailler sur la formation, et la production d’une classe politique plus productive que consommatrice du pouvoir. Je suis très convaincu que nos jeunes étudiants et étudiantes ont la capacité d’être le noyau de cette classe politique différente de la classe actuelle obsolète, vivant à la marge de l’histoire. Je vois que l’un des rôles les plus importants des universités est d’inciter leurs étudiants à s’engager pleinement dans la vie politique, car je crois fermement que les leaders sont formés dans les universités et que c’est à partir d’elles qu’ils vont se lancer...

Afin d’atteindre ces buts et objectifs, nous, en tant qu’universités, sommes invités à former nos étudiants à la prise de décision, à leur fournir des compétences de dialogue et à les encourager à mener des activités de leadership à l’intérieur et à l’extérieur du campus universitaire. Nous sommes également invités à développer des programmes d’études couvrant un large éventail de sujets politiques, y compris les théories politiques, l’histoire politique et les relations internationales, afin de renforcer la conscience et la culture politiques. Bref, nous espérons qu’à l’avenir, nous verrons nos universités discuter des problèmes qui se posent dans notre société, développer des solutions, proposer des alternatives, recommander ce qui devrait être fait et produire des stratégies améliorant la productivité... Nous espérons pouvoir lancer des projets de motivation pour que nos étudiants écrivent des documents exprimant leur vision politique dans un avenir proche qui ne ressemble pas à leur passé.

président de l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU)


Les crises se succèdent au Liban, laissant leurs empreintes sur le pays et la population, et entraînant des conséquences négatives et dangereuses. Des résultats auxquels nous nous habituons et adaptons rapidement avant que, en tant qu’individus et petits groupes, nous essayons de nous relever, en nous inspirant du phénix qui, à mon avis, en a assez de nous, épuisé par nos éternelles...

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