Rechercher
Rechercher

Culture - Musique

Le trio musical Ashkara s’affirme avec la sortie de l’album « Shardet Leghzaleh »

D’une improvisation totale à la création d’un album, le groupe Ashkara, formé de Khaled Yassine, Faraj Hanna et Khaled Omran, captive la foule avec son langage musical unique forgé au fil du temps, entre essence du « tarab » et énergie de la dabké.

Le trio musical Ashkara s’affirme avec la sortie de l’album « Shardet Leghzaleh »

Le trio Ashkara lors du concert à Station Beirut le 9 février 2024. Photo N.I.

Il est 23 heures passées à Station Beirut. Le groupe de musique Ashkara vient d’achever une performance remarquable. Après deux heures de musique ininterrompue, le public refuse de voir un aboutissement à ce spectacle. La salle encore en transe réclame en chœur à ses trois musiciens de continuer. Le sourire aux lèvres, ces derniers cèdent à la demande du public et poursuivent leur show entraînant. La magie de ce moment n’est pas près de s’estomper. Au milieu d’une foule en délire, l’écharpe blanche d’un jeune homme scintille au rythme de ses mouvements. L’énergie et l’enthousiasme du public créent une ambiance singulière, capturant l’essence même de la spontanéité musicale d’Ashkara, affiliée, s’il fallait lui donner une étiquette, à du groove shaabi psychédélique.

C’est à l’occasion de la sortie de son album Shardet Leghzaleh (« La gazelle a filé ») que le trio musical a joué devant un public enthousiaste le vendredi 9 février. « Cela fait au moins un an que nous faisons de la musique en live et nous avons estimé que le moment était sans doute venu d’enregistrer un album », confie Faraj Hanna à L’Orient-Le Jour.

Les musiciens chevronnés Khaled Yassine, Faraj Hanna et Khaled Omran. Photo N.I.

Son instrument de prédilection est le bouzouk électrique. Durant son parcours musical, il a partagé la scène avec de grands noms tels que Ziad et Oussama Rahbani ainsi que Michel Fadel, pour ne citer que ceux-là. Derrière la batterie et les percussions, se trouve le talentueux Khaled Yassine, qui à ce jour a également collaboré avec de nombreux artistes, dont Warda et Charbel Rouhana. Quant au troisième membre du groupe Ashkara, Khaled Omran, il s’attaque à la basse électrique. Musicien, chanteur, producteur, il fait partie du groupe musical Tanjaret Daghet, fondé il y a plus d’une dizaine d’années.

De l’improvisation à la structuration d’un album

« Au départ, nous jouions de la musique régulièrement en suivant un long processus afin de parvenir à un résultat intéressant. Mais au fil de notre jeu, nous nous sommes rendu compte que le projet était ce processus auquel nous nous attaquions », explique Khaled Yassine. L’essence du travail de ce trio, qui s’inspire des racines hypnotiques du tarab et les infuse avec l’énergie de la dabké, réside dans l’improvisation. « Il y a un vocabulaire entre nous qui est né avec le temps, mais aucune décision n’est prise au préalable », précise-t-il. Les regards que se lancent les trois artistes durant leur performance démontrent ce langage unique qui s’est forgé depuis tout ce temps.

Pour enregistrer un album, la question s’est vite posée : comment utiliser l’énergie que le public donne à ce trio pendant leurs concerts dans un studio en privé ?

« Nabil Kanaan a proposé de nous donner son espace, Beirut Station, qui n’est pas un studio fermé mais plutôt un espace ouvert, pour une durée de quatre jours afin qu’on réfléchisse à une façon d’enregistrer sans public », raconte Yassine.

L’album, composé de neuf morceaux, est le fruit d’un travail intensif et acharné. Durant cette durée déterminée de mai 2023, du matin au soir, les membres du groupe improvisent et piochent les perles rares, qu’ils incluent dans leurs morceaux. « Nous avons décelé de nombreux moments uniques que nous avons piochés durant notre jeu. Il y a aussi des moments longs et complets que nous n’avons pas coupés. Nous nous concertons beaucoup afin de prendre des décisions qui nous conviennent à tous les trois », affirme Faraj Hanna.


La couverture de l’album « Shardet Leghzaleh ».

Tout comme des comédiens qui improvisent durant des mois avant la création d’un spectacle, ce groupe a suivi ce même processus. Habitués à se livrer à de longues performances devant un public inspirant, la structuration de l’album a constitué une nouvelle façon pour eux de travailler. « Ces quatre jours nous ont permis de découvrir un nouveau spectre de notre jeu et de notre relation avec nos instruments. Entre nous, il y avait une dynamique plus calme que d’habitude », explique Khaled Omran. « C’était vraiment nouveau pour moi d’enregistrer des morceaux improvisés de A à Z », poursuit-il.

Leur musique, influencée par les sons arabes traditionnels, n’a pas cette volonté de faire passer un message en particulier. L’absence de paroles à leur musique est un choix assumé, car leur manière d’explorer spontanément la musique traduit elle-même ce que traverse leur génération. « Après la pandémie, l’explosion au port de Beyrouth, la crise, rien n’est certain dans ce monde. Ce n’est pas le moment de structurer, mais plutôt de décompresser et de comprendre. Au final, notre musique est le reflet de notre vie, que nous ne cessons d’improviser », conclut Khaled Yassine.


Fiche technique

L’album Shardet Leghzaleh est en vente en ligne sur le site https://ashkaramusic.com/ ou en vente libre à Station Beirut. Il est produit par Fahd al-Riachi, Faraj Hanna, Khaled Omran et Khaled Yassine. Enregistré sous le label Loustic Records les 15, 16 et 17 mai 2023 à Station Beirut par Fahd al-Riachi. Mixage et mastering en France par Fahd al-Riachi. Art visuel : Serge Mikhael.

Il est 23 heures passées à Station Beirut. Le groupe de musique Ashkara vient d’achever une performance remarquable. Après deux heures de musique ininterrompue, le public refuse de voir un aboutissement à ce spectacle. La salle encore en transe réclame en chœur à ses trois musiciens de continuer. Le sourire aux lèvres, ces derniers cèdent à la demande du public et...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut