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Société - Crise

La consule générale du Liban à New York quitte son poste « en raison de conditions de travail très difficiles »

Les porte-paroles du ministère des Affaires étrangères n'ont pas répondu à nos sollicitations pour commenter la décision de Abir Audi. 

La consule générale du Liban à New York quitte son poste « en raison de conditions de travail très difficiles »

La consule générale du Liban à New York, Abir Taha Audi. Photo prise de la page Facebook du consulat.

La consule générale du Liban à New York Abir Taha Audi a annoncé via la page Facebook de son consulat qu'elle a décidé de «  mettre fin » à son service diplomatique « en raison de conditions de travail très difficiles ». 

« Le consulat est confronté à d'énormes difficultés et à une pression croissante en raison d'une réduction importante des effectifs et d'une pénurie permanente de personnel ; nous n'avons plus que trois employés pour traiter les formalités de plus de 200 000 Libanais à New York et dans le nord-est (des Etats-Unis, ndlr), écrit Mme Audi. Malheureusement, cette situation entraînera inévitablement une surcharge de travail et notre incapacité à traiter les formalités dans les délais impartis ».

« En raison de ces conditions de travail très difficiles qui échappent à ma volonté, à ma décision et à ma responsabilité, j'ai décidé de mettre fin à mon service diplomatique à New York d'ici la fin du mois de février et de prendre de longues vacances », ajoute-t-elle, tout en précisant qu'elle se consacrera à « ses écrits » et continuera « à servir (son) pays bien-aimé et sa mission culturelle dans le monde ». 

Les porte-paroles du ministère des Affaires étrangères n'ont pas répondu à nos sollicitations pour commenter la décision de Mme Audi. 

Mme Audi a obtenu le rang d’ambassadrice en 2017. Elle a précédemment occupé les fonctions de première secrétaire à la mission permanente du Liban auprès de l’ONU à Genève (2000-2001), de consule générale à Paris (2002-2012) et de chef de la mission diplomatique à Tokyo (2016-2017). Elle a été nommée consule générale du Liban à New York en décembre 2019. Elle est titulaire d'un doctorat en philosophie de l'Université de la Sorbonne, à Paris, et d'une maîtrise en sciences politiques de l'Université américaine de Beyrouth. Outre sa carrière diplomatique et universitaire, Mme Audi est également l'auteure de plusieurs livres, traduits en plusieurs langues, et de nombreux articles dans les domaines de la philosophie, de la spiritualité, de la politique, de la poésie et de la littérature, ainsi que de plusieurs ouvrages sur le droit international et les organisations internationales. Elle parle couramment l'anglais, le français, l'arabe et l'allemand.

« Les années les plus difficiles de l'histoire moderne libanaise »

Dans ce même message, Mme Audi a publié « un rapport sur les réalisations du consulat » sous son mandat. « Les quatre dernières années ont sans doute été les plus difficiles de l'histoire moderne de notre cher Liban, sans compter la pandémie qui a paralysé le monde entier. Pourtant, malgré la crise économique aiguë et les coupes budgétaires sévères qui en ont découlé, ainsi que la réduction des effectifs, qui ont entraîné de graves pénuries de personnel au consulat, nous continuons à traiter les formalités des citoyens de manière opportune et efficace, grâce à une bonne gestion, à la discipline, à la compétence et au dévouement à notre communauté et à notre pays », assure-t-elle. 

En avril 2023, le chef de la diplomatie sortant Abdallah Bou Habib avait balayé d’un revers de la main les informations selon lesquelles le palais Bustros entendrait mettre fin à certaines missions diplomatiques et consulaires libanaises, au vu de la crise économique. Cependant, les diplomates libanais à l'étranger perçoivent leurs revenus par intermittence, faute de devises dans un Liban en pleine crise. Ils ne reçoivent pas non plus les montants consacrés à l'entretien et au bon fonctionnement des missions diplomatiques. 

Mme Audi rappelle aussi que son consulat a continué de travailler durant la pandémie de coronavirus. « Même pendant les pires mois du Covid, lorsque le confinement a été imposé à tous, même aux missions diplomatiques, le travail du consulat s'est poursuivi sans interruption, à distance et par courrier, avec des exceptions pour les urgences, lorsque le consulat recevait des personnes ayant besoin de formalités urgentes », écrit-elle.  Elle rappelle également avoir lancé en septembre 2020, « The Lebanese Expats Job and Business Forum Initiative in New York and the Northeast U.S. » afin d'aider à l'embauche des étudiants diplômés ainsi que de jeunes professionnels qui avaient perdu leur emploi ou qui en cherchaient un pendant la pandémie. « Le consulat a ensuite organisé avec succès, pendant la pandémie, le rapatriement au Liban de citoyens libanais bloqués, en particulier des étudiants et des personnes les plus vulnérables », ajoute-t-elle. 

« Un budget nul »

« La crise économique aiguë au Liban a eu un impact direct sur nos conditions de travail, qui sont devenues extrêmement difficiles, étant donné que les coupes budgétaires sévères, la réduction des effectifs et le manque de personnel qui en ont résulté nous ont grandement affectés, ajoute l'ambassadrice. Avec un budget nul pour la représentation, les réceptions, les événements etc, notre travail et nos priorités se sont presque exclusivement concentrés sur la poursuite du traitement des formalités consulaires de manière régulière et dans les délais impartis ». 

« En 2022, malgré notre budget extrêmement limité et le manque de personnel, nous avons pu organiser les élections législatives pour les expatriés libanais à New York et dans le Nord-Est », rappelle-t-elle encore.  Enfin, Mme Taha indique que « deux protocoles ont été signés avec le bureau du procureur de Manhattan pour le retour au Liban de 13 objets gréco-romains inestimables volés, après qu'ils aient été saisis par le bureau du procureur de Manhattan, après avoir été introduits clandestinement à New York ». 

La consule générale du Liban à New York Abir Taha Audi a annoncé via la page Facebook de son consulat qu'elle a décidé de «  mettre fin » à son service diplomatique « en raison de conditions de travail très difficiles ». « Le consulat est confronté à d'énormes difficultés et à une pression croissante en raison d'une réduction importante...

commentaires (6)

Il n'y a aucune raison pour un État désargenté , de continuer à payer des fonctionnaires là où d'autres serviteurs honoraires pourraient faire l'affaire ! Suivez les exemples d'autres pays , bien mieux portants que le Liban et qui a une armée de consuls honoraires à travers la planète !

Chucri Abboud

13 h 49, le 14 février 2024

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Commentaires (6)

  • Il n'y a aucune raison pour un État désargenté , de continuer à payer des fonctionnaires là où d'autres serviteurs honoraires pourraient faire l'affaire ! Suivez les exemples d'autres pays , bien mieux portants que le Liban et qui a une armée de consuls honoraires à travers la planète !

    Chucri Abboud

    13 h 49, le 14 février 2024

  • Que ne faut-il entendre de nos chers lecteurs couleur mandarine, honnêtes et expérimentés, prêts a sauter sur l’occasion pour repeindre les représentations du pays à leur couleurs, et tout ça gratuitement? Comme ils sont dévoués et désintéressés!

    Akote De Laplak

    12 h 16, le 14 février 2024

  • Difficile de vivre à New-York lorsque le salaire n'arrive pas sur son compte. La vie est chère là-bas. Et subir une surcharge de travail continue, qui ne fait que s'aggraver au fil du temps pour juste se gratifier de servir son pays bien-aimé (en font-ils de même les députés libanais ? ) . Je la comprends !

    peacepeiche@gmail.com

    10 h 25, le 14 février 2024

  • "… nous n'avons plus que trois employés pour traiter les formalités de plus de 200 000 Libanais à New York …" - je ne vois pas comment sa décision va aider situation…

    Gros Gnon

    21 h 49, le 13 février 2024

  • L'Etat pourrait bien trouver un émigré libanais devenu multi-millionnaire aux États-Unis , disposé à jouir du titre de Consul Honoraire , à condition de payer lui-même les loyers du bâtiment, ainsi que les salaires des fonctionnaires , techniciens, comptables et autres employés dont le Consulat aurait besoin . D'autres États (pas toujours petits , comme la Colombie , le Costa Rica , l'Équateur , l'Ordre de Malte etc ) le font , et nomment parfois de cette façon des "ambassadeurs" dont on ne dévoile pas qu'ils sont honoraires , pour ne pas diminuer de leur prestige social .

    Chucri Abboud

    21 h 26, le 13 février 2024

  • Personnellement , je demeure prêt , ainsi que d'autre collègues "à la retraite" comme moi, à servir gratuitement le Liban en tant qu'ambassadeur dans la mission diplomatique à laquelle le gouvernement m'affecterait , mais cette fois sans salaire , offrant nos services et notre travail à la patrie , avec abnégation et courage , pendant les quelques années à venir et tant que notre santé le permettrait . Car s'occuper bénévolement est idéal pour les retraités honnêtes et expérimentés comme nous et qui , surtout, vivent décemment de leurs économies sans plus avoir de famille à leur charge

    Chucri Abboud

    21 h 08, le 13 février 2024

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