Des déclarations de Majida el-Roumi sur les affrontements au Liban-Sud cristallisent les tensions

Majida el-Roumi a été fortement critiquée et défendue dans le débat public sur les réseaux sociaux ces derniers jours à la suite de ses déclarations à connotation politique sur la situation au Liban lors d'un concert donné à Abou Dhabi samedi, à l’occasion d’un festival de plusieurs jours organisé sur l’île de Saadiyat.

"Nous, qui venons du Liban, vivons nos pires cauchemars à cause des crimes commis par ceux qui sont originaires de notre pays mais qui ne le sont pas vraiment", a déclaré la chanteuse entre deux chansons, en référence à la situation au Liban-Sud où le Hezbollah et Israël s’affrontent quotidiennement depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre 2023.

"Vous nous avez manqué, nous vous attendons l'été... notre pays est toujours beau, nous l'aimons toujours et c'est toujours le paradis. Peu importe ce qu'ils nous font, tous les crimes qu'ils commettent, soyez sûrs que c’est Dieu qui aura le dernier mot" a poursuivi la chanteuse en s’adressant au public.

Sur la toile et dans les médias, ces propos ont hérissé certains journalistes, à l’image de Pierre Abi Saab, de la chaîne al-Mayadeen, réputée pro-iranienne, qui a critiqué la chanteuse pour exprimer une position anti-Hezbollah. "Il est clair que les sionistes du régime d'Abraham sont plus infiltrés en vous que la résistance au Liban (Hezbollah)", a ainsi lancé Pierre Abi Saab sur son compte X.

pic.twitter.com/qzU3arUsri
من الواضح أن صهاينة #النظام_الإبراهيمي «منك وفيك» اكتر من #المقاومة في #لبنان التي تجعلك تعيشين "الكوابيس"، والتي تقترف بحقك "الإجرام"! ??#ماجدة_الرومي #اللبنانبة_المعذبة، تنتشي أمام معالم "الحضارة" العمرانية والمكرمات في #أبوظبي، وتندب حظها… وتمعن في…

— Pierre Abi-Saab (@PierreABISAAB) February 12, 2024

D'autres, à l’image du journaliste de la LBCI, Yazbek Wehbé, ont pris la défense de l'artiste sur les réseaux sociaux. "Certains veulent enseigner à Majida Roumi le sens du patriotisme et de l'amour du Liban et veulent la qualifier d'ingrate. Ce que Majida el-Roumi a donné au pays par le biais de l'art est important, et la position qu'elle a prise représente une grande partie de la population", a déclaré M. Wehbé sur X. Sur l’échiquier politique, la LBCI est considérée comme plutôt au centre mais soutient généralement plus facilement les partis opposés au Hezbollah que ceux qui le soutiennent.

هلق فيه بعض الناس بدّن يعلّموا #ماجده_الرومي معنى الوطنية وحُبّ #لبنان ، وبدّن يعتبروها ناكرة للجميل!!!
ما أعطتْهُ @majidaelroumi من فنّها للوطن كبير ٌ كبير ، وما تردّده ما مواقف يُعبّر عن رأي شريحة ٍ واسعة من أبنائه.

— Yazbek Wehbe (@YazbekWehbe) February 12, 2024

Parmi les anonymes, c’est plutôt la chanteuse qui semble avoir remporté la bataille de l’opinion sur X face à ses détracteurs, avec un nombre de message beaucoup plus important sur ce réseau social. « Dans un tweet vu près de 54.000 fois, un internaute qui revendique son opposition au parti chiite sur son profil a appelé « ceux qui pensent que Majida el-Roumi mérite tout respect et appréciation » à se manifester avec un émoji. Le député et chef des Kataëb Samy Gemayel, résolument opposé au Hezbollah, s’est lui aussi fendu d’un message pour défendre la chanteuse. « Il vaut mieux être trahi par ceux qui déclarent leur loyauté à l’étranger que de se soumettre à une culture qui contredit l’ouverture et la civilisation du Liban » a-t-il notamment lancé.

أن تُخوّن من المُجاهرين بالولاء للخارج، خيرٌ من أن ترضخ لثقافةٍ تناقض لبنان الإنفتاح والحضارة.
تحيّة لحبيبة الشعب اللبناني #ماجدة_الرومي صوت لبنان، #لبنان الحرية والسلام. pic.twitter.com/3BvaSw3OAi

— Samy Gemayel (@samygemayel) February 13, 2024

La famille de l'emblématique chanteuse soprano libanaise est originaire de la ville de Tyr, dans le sud du Liban. Elle a grandi à Kfarchima (caza de Baabda), une petite ville située au sud-est de Beyrouth, qui a également été la ville natale de nombreux chanteurs, musiciens, poètes et écrivains libanais. Son père, le compositeur et chanteur Halim el-Roumi, est célèbre pour avoir découvert la légendaire chanteuse libanaise Fairouz. Roumi a composé de nombreuses chansons sur le Liban et Beyrouth. En 2001, elle a sorti un single intitulé Nachid el hobb (L'hymne de l'amour), dont les paroles reprennent celles de l'auteur libanais Gibran Khalil Gibran. Elle a chanté cette chanson lors d'une cérémonie des Nations unies en 2001, lorsqu'elle a été nommée ambassadrice de bonne volonté. Elle a déclaré que le thème de la chanson était la promotion de la paix dans le monde.

« Beyrouth Sett el-Dounia » électrifiée par le metal de Kimaera

« Beyrouth Sett el-Dounia » électrifiée par le metal de Kimaera