Rechercher
Rechercher

Politique - Exécutif

Mikati s’éloigne des terrains minés : un Conseil des ministres « ordinaire » cette semaine

La séance sera largement consacrée à la promulgation du budget 2024 ; pas de nomination d'un chef d’état-major en vue.

Mikati s’éloigne des terrains minés : un Conseil des ministres « ordinaire » cette semaine

Le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, au Parlement, le 26 janvier 2024. Photo fournie par le bureau de presse du Sérail

Tout sauf les casse-tête politiques et confessionnels. Telle semble être la devise du Premier ministre, Nagib Mikati, en période de vacance présidentielle. Quelques semaines après avoir suscité une véritable levée de boucliers dans les rangs chrétiens où on l’accuse d’empiéter sur les prérogatives de la présidence de la République, le chef du gouvernement sortant veut donner l’impression d’avoir tiré la leçon : son cabinet devrait éviter les démarches jugées « provocatrices » et se contenter d’assurer le service minimum en attendant l’élection du futur chef de l’État. C’est dans cet esprit que devrait se tenir, mercredi ou jeudi, un Conseil des ministres principalement consacré à la promulgation du budget 2024, adopté il y a une dizaine de jours à la Chambre et contresigné lundi par le chef du législatif, Nabih Berry.

Selon les informations de L’Orient-Le Jour, le Conseil des ministres s’orienterait vers une promulgation de la loi des finances telle qu’adoptée par le Parlement, « même si la Constitution l’autorise à formuler des remarques quant à la version finale du texte », précise une source proche du Sérail. Elle fait référence à l’article 57 de la Constitution, qui autorise le président de la République (dont le Conseil des ministres exerce les prérogatives en période de vacance) de demander à la Chambre, pour une seule fois, de réviser un texte de loi après son adoption. « C’est surtout par souci d'éviter toute nouvelle polémique que le gouvernement pourrait bien promulguer le texte tel que voté à la Chambre », dit la source.

Pour mémoire

Maurice Slim-Joseph Aoun : un feuilleton sans fin

Nagib Mikati ne veut donc clairement pas enfoncer le clou avec les protagonistes chrétiens, notamment le Courant patriotique libre qui boude les réunions du cabinet depuis décembre 2022. Surtout pas après la polémique suscitée à la suite du renvoi à la Chambre, par le chef du gouvernement, de trois lois adoptées lors de la séance législative du 15 décembre. Une prérogative considérée comme liée à la personne du chef de l’État. Sauf que M. Mikati opte aujourd'hui pour la politique de l'autruche au moment où certaines nominations sont urgentes. Tel est bien entendu le cas du chef d’état-major, numéro deux de l’armée, un poste auquel veulent pourvoir tant le commandant de l’institution militaire, Joseph Aoun, que le leader druze, Walid Joumblatt, la position relevant traditionnellement de la quote-part de sa communauté au sein de la hiérarchie officielle. « Mais le dossier n’est plus aussi chaud depuis la prorogation du mandat de Joseph Aoun, consacrée par la « non-décision » du Conseil constitutionnel concernant le recours en invalidation de la loi prorogeant le mandat du général Aoun et de tous les chefs d’appareils sécuritaires », dit la source.

Rappelons que la nomination d’un nouveau chef d’état-major bute, jusqu’ici, sur l'opposition des Marada de Sleiman Frangié et, surtout, sur le veto du ministre sortant de la Défense, Maurice Slim, et derrière lui le CPL, hostile à toute nomination de la part d’un gouvernement qui expédie les affaires courantes. À ce sujet, L’OLJ a appris que le ministre sortant de la Culture, Mohammad Mortada, a relancé sa médiation visant à rétablir les rapports rompus entre MM. Mikati et Slim. Il s’est dans ce cadre entretenu avec son collègue de la Défense, qui persiste et signe dans son refus d'une telle démarche sans son feu vert, apprend-on de source ministérielle. Ce n’est donc pas le principe de la nomination de la part d’un cabinet sortant qui irrite M. Slim et son camp, mais le fait de voir le cabinet outrepasser sa volonté qui complique la tâche à Nagib Mikati et donne du fil à retordre à Joseph Aoun. Ce dernier pourrait s’entretenir avec M. Mortada dans les deux prochains jours.

En attendant une percée, le Conseil des ministres n’abordera ni cette question ni celle de la succession du procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, qui devrait prendre sa retraite à partir du 22 février. Dans des circonstances normales, c’est-à-dire en présence d’un chef de l’État et d’un gouvernement de pleins pouvoirs, le procureur général est désigné par décret pris en Conseil des ministres à la majorité des deux tiers. Mais en pleine vacance, c’est une tout autre procédure qui sera adoptée : le Conseil des ministres laissera au président du Conseil supérieur de la magistrature, Souheil Abboud, le soin de choisir un procureur général par intérim. Mais le choix semble être déjà fait, Jamal Hajjar (sunnite) étant donné favori à ce poste.

Les chrétiens (toujours) en colère
Cela ne suffira vraisemblablement pas pour calmer la colère des chrétiens. Au-delà de la question des nominations aux postes de première catégorie, les deux partis majoritaires de la communauté, le CPL et les Forces libanaises, ont exprimé, durant le week-end, leur opposition à la nomination de 200 policiers, dont une majorité de musulmans, au sein des douanes (affiliées au ministère des Finances). Dans un communiqué publié dimanche, les FL ont stigmatisé la démarche, y voyant « une entorse au pacte national, mais aussi à la décision prise en septembre 2020 par le Conseil des ministres ». Une référence à un texte qui stipule que les fonctionnaires devraient être nommés « d’une manière respectant les impératifs du vivre-ensemble ». Lundi, c’est le CPL qui s’est invité dans la partie, décochant ses flèches contre M. Mikati. « Certains insistent à tirer profit de la vacance présidentielle pour porter atteinte au pacte national », déplore le parti aouniste dans un communiqué, appelant « les autorités compétentes à ne pas appliquer cette décision afin de préserver le vivre-ensemble ».  

Tout sauf les casse-tête politiques et confessionnels. Telle semble être la devise du Premier ministre, Nagib Mikati, en période de vacance présidentielle. Quelques semaines après avoir suscité une véritable levée de boucliers dans les rangs chrétiens où on l’accuse d’empiéter sur les prérogatives de la présidence de la République, le chef du gouvernement sortant...

commentaires (1)

On parle politique, prérogatives, lois et constitution, et RIEN sur le désastre économique. Pas un mot sur un plan urgent et suprême pour un redressement économique. Le peuple se fiche de vos disputes insensées, Messieurs les politiques fantoches. Laissez la place aux gens qui comprennent l'importance imminente de sortir du cauchemar. Dans les forêts, il y a des champignons. Allez les chercher. Cet après-midi.

Raed Habib

13 h 50, le 06 février 2024

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • On parle politique, prérogatives, lois et constitution, et RIEN sur le désastre économique. Pas un mot sur un plan urgent et suprême pour un redressement économique. Le peuple se fiche de vos disputes insensées, Messieurs les politiques fantoches. Laissez la place aux gens qui comprennent l'importance imminente de sortir du cauchemar. Dans les forêts, il y a des champignons. Allez les chercher. Cet après-midi.

    Raed Habib

    13 h 50, le 06 février 2024

Retour en haut