"Vague de violence brutale" de l'armée israélienne en Cisjordanie occupée, selon Amnesty

Les forces israéliennes ont déclenché depuis quatre mois « une vague de violence brutale » contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, « se livrant à des homicides illégaux, en recourant notamment à une force létale non nécessaire ou utilisée de manière disproportionnée lors de manifestations et d’arrestations, et privant les blessés d’assistance médicale », selon un rapport publié lundi par Amnesty International.

L’organisation a enquêté sur quatre cas emblématiques de l’usage illégal de la force létale par les forces israéliennes – trois en octobre et un en novembre 2023 – ayant entraîné la mort de 20 Palestiniens, dont sept enfants. Ses chercheurs ont interviewé à distance douze personnes, dont dix témoins oculaires, parmi eux des secouristes et des habitants du secteur. Dans le cadre de l’étude de ces quatre cas, Amnesty International a authentifié 19 vidéos et quatre photos.

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Les recherches de cette ONG révèlent que les forces israéliennes ont parfois fait obstruction à l’assistance médicale pour des blessés graves qui risquaient de mourir et attaqué ceux qui tentaient de venir en aide à des Palestiniens blessés, dont des secouristes.

« Au cours des derniers mois, Israël a multiplié les raids meurtriers en Cisjordanie et les tensions ont grimpé en flèche. Le 30 janvier, les forces israéliennes ont procédé à un raid dans un hôpital de Jénine en se faisant passer pour des professionnels de santé. En 2023, au moins 507 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, dont au moins 81 mineurs, ce qui en fait l’année la plus meurtrière depuis que le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a commencé à recenser les victimes en 2005 », peut-on lire dans le rapport de l'organisation.

« Impunité quasi totale »

Revenant sur plusieurs incidents survenus dernièrement, notamment lors de rassemblements et de manifestations organisés en solidarité avec Gaza, Amnesty International dénonce « des conséquences meurtrières de l’usage illégal de la force par Israël contre les Palestiniens en Cisjordanie ». « Les autorités israéliennes, y compris le système judiciaire israélien, se montrent réticentes à rendre justice aux victimes palestiniennes. Dans ce climat d’impunité quasi totale, il importe qu’un système de justice internationale digne de ce nom intervienne », indique le texte.

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Entre le 7 octobre et le 31 décembre 2023, 299 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, soit une augmentation de 50 % par rapport aux neuf premiers mois de l’année. Au moins 61 autres, dont 13 enfants, ont été tués du 1er au 29 janvier 2024, selon des chiffres de l’OCHA repris par Amnesty.

« Le recours par les forces israéliennes à la force létale en réponse à des jeunes lançant des pierres est contraire au droit à la vie garanti par le droit international relatif aux droits humains et les normes internationales régissant l’usage de la force lors des opérations de maintien de l’ordre. La force meurtrière lors d’opérations de maintien de l’ordre ne peut être utilisée que lorsqu’il existe une menace imminente pour la vie ; son usage n’est donc pas une réponse proportionnée à des jets de pierres », poursuit l'organisation.

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Obstruction à l'assistance médicale

Amnesty International s'est par ailleurs penchée sur la question de l’obstruction à l’assistance médicale par les forces israéliennes, lors des opérations menées dans les territoires palestiniens occupés. Il s'agirait d'« une pratique habituelle qu’Amnesty International pointe depuis des années et qui s’inscrit dans le système d’apartheid mis en place par Israël, indique l'organisation. En vertu du droit international, les forces israéliennes sont tenues de veiller à ce que toute personne blessée par elles puisse avoir accès à des soins médicaux ».

L'organisation dit avoir enquêté sur cinq cas où les forces israéliennes ont entravé ou empêché des personnes grièvement blessées lors de manifestations ou de raids de recevoir une aide médicale vitale. Elles ont aussi tiré sur des Palestiniens qui tentaient d’aider, dont des professionnels de santé portant assistance aux blessés, ajoute Amnesty.

« Lors du maintien de l’ordre dans les manifestations et de l’exécution d’autres fonctions d’application des lois en Cisjordanie, y compris lors d’opérations de perquisition et d’arrestation, les forces israéliennes doivent respecter les droits humains, notamment le droit à la vie et à la sécurité de la personne et les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, ainsi que les normes internationales qui précisent comment les responsables de l’application des lois doivent respecter les droits humains, tels que les Principes de base des Nations unies sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu », indique Amnesty.