Rechercher
Rechercher

Économie - Loi de finances 2024

Les importateurs de carburant libanais en grève contre une nouvelle taxe « exceptionnelle »

Cette taxe contraint les importateurs privés à verser une somme combinée de 700 millions de dollars en deux ans.

Les importateurs de carburant libanais en grève contre une nouvelle taxe « exceptionnelle »

Une station-service fermée en raison des pénuries de carburant au Liban en 2021. Photo João Sousa

Les automobilistes au Liban se sont précipités mercredi pour faire le plein de carburant, un jour après que l'Association des sociétés importatrices de pétrole (APIC) a annoncé la suspension de la distribution de carburant sur le marché en raison d'une nouvelle taxe qui augmenterait considérablement leurs contributions. Mercredi soir, il n'était pas encore clair si les stations-service pourraient également fermer leurs portes, le porte-parole du syndicat de leurs propriétaires, Georges Brax, n'ayant pas répondu à la demande de commentaire de L'Orient-Le Jour.

Cette taxe fait partie du budget 2024, adopté vendredi dernier par le Parlement mais qui n’entrera en vigueur qu’une fois publiée dans le Journal officiel. Dans ce cas, elle obligerait les importateurs privés à verser une somme combinée d'environ 350 millions de dollars par an pendant deux ans, soit un total de 700 millions de dollars, un montant jugé scandaleux par le président de l'APIC, Maroun Chammas, qui a déclaré mercredi, lors d’une conférence de presse à Beyrouth, que les entreprises ne pouvaient pas se permettre de le payer. « Si la loi est adoptée, des entreprises pourraient se diriger vers la faillite et d'autres cesser complètement leurs opérations, interrompant les importations de carburant », a-t-il averti.

Lire aussi

Covoiturage : « bala benzine » à l’épreuve du marché local

Les détails de la nouvelle taxe, présentée par le député Waël Abou Faour et son parti socialiste progressiste (PSP), stipulent l'imposition d'une taxe « exceptionnelle » ou d'une amende de 10 % sur les bénéfices des vendeurs et fournisseurs ayant bénéficié de subventions gouvernementales avant qu'elles ne soient levées ces dernières années, y compris les sociétés d'importation de pétrole. On ignore, pour l'instant, quels autres secteurs pourraient être impactés par la taxe.

Le spectre de l’été 2021

Entre 2020 et 2021, juste après le début de la crise économique dans le pays, certaines importations, dont le carburant, étaient toujours subventionnées par la Banque du Liban (BDL). À mesure que la livre libanaise chutait face au dollar, perdant finalement plus de 98 % de sa valeur, ces subventions ont permis aux entreprises d'accumuler davantage de devises, leur donnant un avantage sur le taux du marché parallèle à l'époque. Ces subventions ont été progressivement levées, sur fond de pénuries de carburant et de constitutions illégales de stocks. Le budget de 2024 prévoit d'imposer une taxe exceptionnelle aux entreprises qui ont « bénéficié de ces subventions ».

Le président de l'APIC a réfuté cette affirmation, faisant valoir que ce sont les Libanais ayant alors accès aux dollars qui avaient bénéficié des subventions, « et non pas les entreprises privées », et a appelé à une révision de la décision du Parlement sur la nouvelle taxe.

L’annonce par les sociétés importatrices de carburants de l’arrêt de leurs livraisons aux stations-service a ravivé les craintes d'une nouvelle crise du carburant au Liban, faisant écho à celle de l'été 2021. À l'époque, la fermeture des stations-service et les pénuries de carburant avaient provoqué des files d'attente interminables pour l'essence et des attentes de plusieurs heures pour faire le plein.

Levée de boucliers syndicale contre une nouvelle taxe du budget 2024

Les importateurs de médicaments au Liban ont averti mercredi qu'une nouvelle taxe figurant dans la Loi de finances 2024 augmenterait considérablement leurs contributions, « porterait inévitablement un coup dur à l’ensemble du secteur pharmaceutique » et présenterait dès lors une « menace pour la santé des citoyens ».

Cet avertissement intervient alors que l'Association des sociétés importatrices de pétrole (APIC) au Liban a annoncé une grève en raison de cette même taxe imposée à des sociétés ayant bénéficié de subventions de la Banque du Liban (BDL) dans le sillage de la crise économique et financière nationale qui a commencé en 2019.

Le syndicat des importateurs de produits alimentaires a, lui, exprimé sa désapprobation quant à cet article de loi, qualifiant la taxe d’« injuste » touchant « tout le monde », y compris « les entreprises qui avaient respecté de manière transparente » le mécanisme mis en place pour la réception et la gestion du système de subventions. Cet argument est repris par les organismes économiques, qui ont également dénoncé « l’improvisation et le populisme » caractérisant les décisions prises par les responsables libanais par le passé et qui ont entraîné le pays à « sa ruine ».

Face à cette levée de boucliers syndicaux, le Premier ministre sortant Nagib Mikati a reçu mercredi au Grand sérail le gouverneur par intérim de la BDL, Wassim Manssouri. Pour sa part, le député Ibrahim Kanaan, président de la commission des Finances et du Budget qui a soumis le projet de budget au Parlement, a souligné qu’il fallait d’abord «traiter les maux du pays», que le budget « ne pourrait résoudre à lui seul », énumérant entre autres la nécessité d’effectuer « un audit des actifs des banques et de restructurer les secteurs bancaire et public ».

Les automobilistes au Liban se sont précipités mercredi pour faire le plein de carburant, un jour après que l'Association des sociétés importatrices de pétrole (APIC) a annoncé la suspension de la distribution de carburant sur le marché en raison d'une nouvelle taxe qui augmenterait considérablement leurs contributions. Mercredi soir, il n'était pas encore clair si les stations-service...

commentaires (2)

Il ne faut surtout pas toucher aux sacro-saints profits des importateurs. Des impots et taxes ? C'est aux consomateurs de payer. Sinon, comment voulez vous entretenir le yacht, la grosse 4x4 noire aux vitres fumees et les caprices de bobonne ?

Michel Trad

00 h 58, le 01 février 2024

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Il ne faut surtout pas toucher aux sacro-saints profits des importateurs. Des impots et taxes ? C'est aux consomateurs de payer. Sinon, comment voulez vous entretenir le yacht, la grosse 4x4 noire aux vitres fumees et les caprices de bobonne ?

    Michel Trad

    00 h 58, le 01 février 2024

  • Le budget de 2024 n’est pas un budget. C’est une légalisation du racket qu’exerce ce qui est appelé État Libanais à l’encontre de ses citoyens sans leur rendre le moindre service même pas le plus élémentaire. De plus, taxer des sociétés, sans en mesurer les conséquences, confirment l’incompétence totale des politiciens. Plus de mazout en plein hiver, plus de médicaments… est ce que Mikati et compagnie ont des solutions de remplacement ? Et si les taxes passent, les sociétés vont les répercuter sur les consommateurs. Et la boucle est bouclée, les libanais l’ont dans le baba une fois de plus

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 38, le 31 janvier 2024

Retour en haut