Éthique et droit de la santé (aux éditions de l’USJ), dernier nouveau-né du professeur Nasri Antoine Diab qui a, à son actif, nombre de publications qui enrichissent la bibliothèque juridique libanaise, certes, mais qui témoignent aussi et surtout du dessein d’un auteur qui asservit sa plume au service de l’homme, « la plus belle œuvre du créateur, de son cerveau assoiffé de connaissances, de son cœur assoiffé d’amour, de ses sens, tous ses sens, éveillés ou comblés » (A. Maalouf, Samarcande). Cette plus belle œuvre est au centre d’un ouvrage qui aborde le droit de la santé sous l’angle de l’éthique, « l’esthétique de dedans » (P. Reverdy). C’est dire combien le droit et l’éthique se croisent souvent et ne se rencontrent que par un exercice collectif où chacun des acteurs de la condition humaine s’évertue à édifier un pont de croisement entre deux rives : celle des patients et celle d’un pôle de professionnels des soins, médecins, infirmiers, psychologues et établissements hospitaliers.
C’est dans ce cadre où « la vie est saisie par le droit » que Nasri Diab place son savoir, en compilant quatorze études de droit libanais consacrées à l’éthique et au droit de la santé. Fort de l’expérience de son auteur, ce recueil « est le fruit d’un quart de siècle de recherches et de réflexions, de publications et de séminaires » (R. Tomb, doyen de la faculté de médecine de l’USJ, dans sa préface du livre). Nasri Diab fait partie de cette trempe de juristes qui aiment à mettre le droit au service des valeurs humaines qui succombent, souvent, devant une loi injuste, arbitraire, insuffisante pour apporter la protection ultime à ces valeurs. Entre le droit, valeur absolue et la loi, texte relatif, se dresse l’éthique. Membre du Comité d’éthique médicale de l’Hôtel-Dieu de France ainsi que du Comité consultatif national libanais d’éthique, l’auteur jongle avec dextérité entre les frontières de la déontologie, la faute médicale, le droit du patient à l’information, le secret médical, l’urgence, la santé au travail… En somme, son ouvrage ne manque pas d’apporter des réponses éthiques à des questions du monde de la santé, habituellement laissées aux aléas de la salle des pas perdus. Pour reprendre la formule du recteur de l’USJ, le professeur Selim Daccache, c’est l’éthique qui vient au secours de la règle de droit !
L’intérêt de l’ouvrage du professeur Diab réside, surtout, en ce qu’il comble un vide référentiel en la matière. Rares sont, en effet, les références doctrinales en droit de la santé au Liban. Pour avoir mis la lumière sur l’éthique, en particulier, l’ouvrage de Nasri Diab se démarque à bien des égards et se veut aussi intéressant – et utile – tant pour les juristes que pour les professionnels de la santé, sans oublier le patient, souvent égaré dans un milieu qui lui semble hostile. En cela, l’ouvrage a le mérite d’avoir tenté une humanisation du droit, en remontant à la source première de toute règle rémissible et en offrant une certaine perspective de ce que devrait être l’État de droit, un peu à la manière du testament de Lokman Ben Yaour, le Sage, à son fils : « Gouverne par la justice et non par la loi. » La justice est éthique, la santé aussi. Gouverner le monde de la santé par l’éthique… Auguste entreprise…
Ziyad BAROUD
Avocat
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.
commentaires (0)
Commenter