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Économie - Finances publiques

Budget 2024 : le Parlement joue les prolongations sur un concours de phrases choc

Le Parlement devrait adopter le projet de budget préparé par la commission des Finances et du Budget, avec de possibles changements.

Budget 2024 : le Parlement joue les prolongations sur un concours de phrases choc

Les députés réunis hier dans l’hémicycle du Parlement. Photo Hassan Ibrahim

Sauf surprise, le Parlement devrait voter vendredi pour ou contre le projet de budget préparé par la commission parlementaire des Finances et du Budget après deux journées passées principalement à écouter les interventions d’une quarantaine de députés qui ont souhaité s’exprimer dans l’hémicycle.

Selon les interventions des élus, 16 mercredi et 24 jeudi répartis entre les deux parties de la séance, il ressort que le Parlement devrait en principe voter la mouture de la commission, qui a modifié presque de fond en comble le projet que le gouvernement lui avait transmis en septembre, malgré le critiques virulentes par nombre d’entre eux.

Avant la levée de la réunion par le président du Parlement, Nabih Berry, le député Hadi Aboul Hosn, membre du bureau de la Chambre, a confirmé que la séance consacrée au vote aurait lieu à partir de 15h vendredi. Après la réponse du gouvernement aux critiques des députés, qui sera donnée par le Premier ministre sortant Nagib Mikati, les parlementaires voteront le projet de budget article par article. 

"J'invite mes collègues à voter pour la version du budget préparée par la commission des Finances, mais avec quelques réserves", a notamment déclaré le député Ghassan Hasbani (Forces libanaises, FL) pendant une séance du soir. Avant lui, le député du mouvement Amal Ali Hassan Khalil, s’était fait rappeler à l’ordre par le président du Parlement, qui est également chef de sa formation politique, pour avoir dépassé les 30 minutes de son temps de parole autorisé. L’ancien ministre des Finances et membre de la commission parlementaire des Finances, qui s’était distingué mercredi en perdant son sang-froid face au député de la contestation Melhem Khalaf, s’est fait rappeler à l’ordre une nouvelle fois par le Parlement vers 19h30 alors qu’il bavardait pendant le discours de l’un de ses pairs.

Suivez notre direct concernant le vote du budget 2024

Le Parlement adopte le budget 2024

Parmi les députés, plusieurs ont fustigé un projet de budget qui contient trop d'impôts et de taxes, dans un contexte de paupérisation rapide de la société, notamment le parlementaire de Saïda Abdel Rahman Bizri. Son collègue Fouad Makhzoumi a, quant à lui, dénoncé le manque de réelles réformes dans le texte, arguant de l'importance d'une signature rapide d'un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

Les parlementaires du Hezbollah et du mouvement Amal qui se sont succédé, notamment Hussein Hajj Hassan, Ali Fayad, Ali Hassan Khalil et Mohammad Khawaja, ont également profité de leur passage à la tribune pour afficher leur soutien à la cause palestinienne et aux forces engagées depuis octobre dans des affrontements quotidiens avec Israël à la frontière.

Le "courage de Saad Hariri"

La première partie de la séance de jeudi, qui s’est tenue de 11h à 15h, a été marquée par plusieurs temps forts et phrases choc.

Première à entrer en lice, la députée de la contestation, Halimé Kaakour, a méthodiquement étrillé le projet de budget de la commission et le travail fait en amont par l’exécutif en lançant que "la vision économique du projet de budget (consistait à) prolonger l'effondrement du pays".

Plus consensuel, Alain Aoun (Courant patriotique libre, CPL aouniste) a terminé son intervention en regrettant le "courage" de Saad Hariri (ex-chef du gouvernement et du courant du Futur en retrait de la vie politique depuis deux ans) et son "courage d'ouvrir les brèches", dans une critique détournée de M. Mikati, présent dans l’assemblée. Une sortie assez inattendue compte tenu que les formations politiques des deux hommes étaient à couteaux tirés lorsque Saad Hariri était Premier ministre (de 2016 à 2019).

Le député Razi el-Hajj (FL) a pour sa part qualifié le texte que doit voter le Parlement de "budget des 24 crimes". Oussama Saad (indépendant) s’est demandé ce que « pouvait faire une brosse sur le visage d'une personne laide", pour mettre en avant le fait que le projet du gouvernement était une base inexploitable sur laquelle la commission ne pouvait pas faire de miracles. M. Saad fait partie des élus qui ont appelé à voter contre le budget.

Le député Salim Sayegh (Kataëb) a considéré que le gouvernement actuel, démissionnaire depuis mai 2022, était "aussi malade que le pays" et que les deux étaient "dans la même ambulance".

Marc Daou (contestation) a estimé que le gouvernement sortant était "incapable" d'élaborer un projet de budget cohérent, prenant pour preuve le fait que la commission avait dû modifier plus de 80 articles avant de le transmettre à la présidence du Parlement. "Vous n'êtes pas capable de gérer une dekkené (une échoppe)", a lancé Paula Yacoubian en concluant son discours.

Parmi les critiques du budget le plus récurrentes figure le fait que le projet alourdit trop la fiscalité, qu’il ne présente aucune vision ni aucune réforme, qu'il ne prévoit rien pour recouvrir les impôts et les taxes à ceux qui y échappent, et qu’il courcircuite encore l’adoption des lois de réglements. « Chaque député qui refuse de voter les lois de règlement est corrompu", a notamment dit Firas Hamdan (contestation), provoquant les réactions indignées de plusieurs membres de l'Assemblée.

Les lois de règlements arrêtent le montant définitif des dépenses et des recettes de l'État et le résultat financier qui en découle à la fin de l’exercice. Cela permet au Parlement de contrôler que l’exécutif est bien resté dans les clous fixés par le budget voté pour la même année. Elles sont naturellement votées en fin d’exercice suivant un processus précis.

En trente ans, l'État libanais a passé la moitié du temps à dépenser et collecter les impôts sans budget, l'autre à en adopter en retard et avec des objectifs irréalistes qui n'ont que rarement été atteints. Le budget de 2024 ne semble pour l'instant pas déroger à cette règle.

Sauf surprise, le Parlement devrait voter vendredi pour ou contre le projet de budget préparé par la commission parlementaire des Finances et du Budget après deux journées passées principalement à écouter les interventions d’une quarantaine de députés qui ont souhaité s’exprimer dans l’hémicycle.Selon les interventions des élus, 16 mercredi et 24 jeudi répartis entre les deux...

commentaires (3)

LE THEATRE AUX POLICHINELLES. LA DECADENCE DE TOUS EST D,UN NIVEAU TRES TRES BAS. A QUAND LE BON DEBARRAS ?

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 16, le 26 janvier 2024

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Commentaires (3)

  • LE THEATRE AUX POLICHINELLES. LA DECADENCE DE TOUS EST D,UN NIVEAU TRES TRES BAS. A QUAND LE BON DEBARRAS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 16, le 26 janvier 2024

  • Les mafieux criminels du pouvoir et leurs valets les crapules bancaires revelent une fois de plus leur incompetence totale et leur refus de toute reforme. La crise devrait encore perdurer a l'abri d'une justice completement gangrenee.

    Michel Trad

    10 h 42, le 26 janvier 2024

  • L’hôpital qui se fout de la charité. Une bande de guignols appelés ministres qui présentent un budget à une bande de clown qui s’appellent députés. Je vous fais grâce de la ménagerie qui va avec ce cirque.

    Lecteur excédé par la censure

    03 h 57, le 26 janvier 2024

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