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Politique - Décryptage

Un président pour accompagner les développements à venir ?

Brusquement et alors que tout le monde pensait qu’il était relégué aux oubliettes, le dossier présidentiel libanais est redevenu d’actualité. Le groupe des cinq (États-Unis, France, Égypte, Arabie saoudite et Qatar) est en train de reprendre ses activités après une pause, et une visite de l’émissaire présidentiel français Jean-Yves Le Drian est annoncée pour la première quinzaine de février. Pourtant, la guerre à Gaza se poursuit, le front de soutien libanais est embrasé et rien n’indique une fin prochaine de ces développements. Que s’est-il donc passé pour que ce dossier soit rouvert, dans un climat régional et international qui reste très complexe ?

Selon un diplomate dont le pays est membre du quintette, la réouverture de ce dossier serait destinée à préparer la période qui va suivre la fin de la guerre à Gaza et qui devrait ouvrir la voie à des ententes importantes et à de nouveaux rapports de force régionaux. Dans ce contexte, le Liban est directement impliqué puisque sans des arrangements clairs à la frontière sud dans le cadre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, on ne peut parler de stabilité réelle ni pour Israël ni pour ses voisins. Pour cette raison, il est donc indispensable que le Liban soit présent dans la période de l’après-guerre de Gaza, et sa présence ne peut pas être efficace et légale sans un président chargé par la Constitution libanaise de représenter son pays dans les négociations internationales.

Il est donc important, du point de vue de ce diplomate, de commencer à préparer le terrain pour l’élection présidentielle. Or, tout au long des mois écoulés, il est apparu que trois facteurs entravent cette échéance. D’abord, le fait que les élections législatives de 2022 ont donné naissance à un Parlement composé de petits blocs, sans la constitution d’une majorité claire. Aucun des blocs parlementaires, ou même des camps en présence, n’est donc en mesure de faire parvenir son candidat par le biais d’un processus électoral normal. Chaque camp a ainsi besoin de l’autre, ou en tout cas d’alliances, pour assurer l’élection de son candidat, alors que les voies de dialogue sont bloquées jusqu’à présent et que la plupart des parties ont du mal à parler ensemble. Face à une telle mosaïque politique, le Parlement actuel ne parvient pas, après 13 séances électorales, à élire seul un nouveau président. Il aurait donc besoin d’un push extérieur. Ce qui amène au deuxième facteur qui se résume à l’absence d’un compromis régional et international entre les différentes parties ayant une influence au Liban, dans le genre de la conférence de Doha en 2008, qui pousserait les parties internes à s’entendre. Il s’agit en particulier de l’Iran et des États-Unis qui avaient entamé un dialogue à Oman, mais sans résultat concret jusqu’à présent. Enfin, le troisième facteur, c’est l’absence de perspective de solution économique qui refroidit l’ardeur des candidats eux-mêmes, sachant que si l’un d’eux est élu, il ne pourra rien faire face à une telle accumulation de problèmes et il devra s’attendre, ainsi que ceux qui l’ont élu, à subir des violentes critiques et peut-être à affronter une nouvelle révolte populaire.

Ce qui a justement changé aujourd’hui, selon le diplomate précité, c’est que l’on commence sérieusement à parler du « jour d’après » la guerre. Celle-ci peut se prolonger encore quelques mois, mais il faut commencer dès maintenant à préparer l’étape suivante, qu’il s’agisse d’arrangements de longue durée ou d’une trêve pour quelques années. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, dans son dernier discours, le secrétaire général du Hezbollah a parlé pour la première fois de « l’intérêt national libanais », ouvrant ainsi la voie à la possibilité d’un accord indirect entre le Liban et Israël au sujet de la confirmation de la frontière terrestre et, par conséquent, du règlement des litiges frontaliers. Tout cela bien entendu après la fin de la guerre à Gaza. Mais cela ne devrait pas empêcher le Liban de se préparer à une telle éventualité.

Le diplomate précité appelle ainsi à un dialogue « présidentiel » entre les différentes parties libanaises qui serait mené sous la houlette du président de la Chambre. Si la formule d’un dialogue élargi autour d’une même table déplaît à certaines parties, Nabih Berry pourrait mener des concertations bilatérales avec chaque bloc séparément. Et si cette formule aussi déplaît, chaque bloc pourrait déléguer deux représentants pour discuter avec Berry. D’ailleurs, ce dernier a déjà déclaré qu’il était prêt à toute formule de dialogue pour accompagner les préparatifs d’une éventuelle réunion du quintette. Dans ce cadre, le diplomate déclare que le groupe devrait reprendre son activité au cours des prochaines semaines avec un élan nouveau et avec l’appui total de tous ses membres. Ce qui avait été dit sur d’éventuelles dissensions au sein du groupe n’a donc aucun fondement, estime le diplomate, qui ajoute que Jean-Yves Le Drian parlera, lors de sa prochaine visite au Liban, au nom des 5, sans la moindre réserve. Le diplomate refuse toutefois d’entrer dans les noms des candidats à la présidence, laissant entendre que la possibilité d’un troisième choix autre que les deux candidats dont il est actuellement question, le général Joseph Aoun et le chef des Marada Sleiman Frangié, existe.

Ce climat positif est-il réaliste ? Vivant dans l’angoisse des développements à Gaza et d’une éventuelle extension du conflit au sud du Liban, les Libanais ont du mal à y croire, surtout qu’entre les dirigeants du Hamas et ceux d’Israël, rien n’indique pour l’instant la possibilité d’un accord.

Brusquement et alors que tout le monde pensait qu’il était relégué aux oubliettes, le dossier présidentiel libanais est redevenu d’actualité. Le groupe des cinq (États-Unis, France, Égypte, Arabie saoudite et Qatar) est en train de reprendre ses activités après une pause, et une visite de l’émissaire présidentiel français Jean-Yves Le Drian est annoncée pour la première...
commentaires (4)

Si le choix reste limité entre la peste et le choléra mieux rester sans président . Très bon article et toujours le plaisir de vous lire

Hitti arlette

17 h 22, le 23 janvier 2024

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Commentaires (4)

  • Si le choix reste limité entre la peste et le choléra mieux rester sans président . Très bon article et toujours le plaisir de vous lire

    Hitti arlette

    17 h 22, le 23 janvier 2024

  • - POUR ACCOMPAGNER, - COMME VOUS LE DITES, - CAD POUR SUIVRE, - LES LOIS DU BARBU - FAUT L,ENTURBANNE, - QUI QU,IL SOIT LE TYPE. - IL NE SUFFIT PAS, - D,ETRE PRESIDENT, - POUR JOUIR DU NOM, - QUAND ON NE PEUT L,ETRE, - CAR GERE DE FAIT, - PAR UN GRAND TURBAN.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 02, le 23 janvier 2024

  • Un président ! Mais pour quoi faire? De quelle république parle t on? Celle dominée par le Hezbollah. Non madame, on ne veut plus de cette formule, c’est fini. Chacun chez soi et les chèvres seront mieux gardées. D’ailleurs c’est bien le programme de votre idole Gebran Bassil d’une décentralisation élargie, tellement élargie qu’elle finira en partition du pays

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 42, le 23 janvier 2024

  • Quand on vous lit, on apprend toujours quelque chose)))

    Raed Habib

    08 h 07, le 23 janvier 2024

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